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1 mai 2019 3 01 /05 /mai /2019 10:35

Je ferai de ces mots notre trésor unique
Les bouquets joyeux qu'on dépose au pied des saintes
Et je te les tendrai ma tendre ces jacinthes
Ces lilas suburbains le bleu des véroniques
Et le velours amande aux branchages qu'on vend
Dans les foires de Ma comme les cloches blanches
Du muguet que nous n'irons pas cueillir avant
Avant ah tous les mots fleuris là devant flanchent
Les fleurs perdent leurs fleurs au souffle de ce vent
Et se ferment les yeux pareils à des pervenches
Pourtant je chanterai pour toi tant que résonne
Le sang rouge en mon cœur qui sans fin t'aimera
Ce refrain peut paraitre un tradéridéra
Mais peut-être qu'un jour les mots que murmura
Ce cœur usé ce cœur banal seront l'aura
D'un monde merveilleux où toi seul sauras
Que si le soleil brille et si l'amour foisonne
C'est que sans croire même au printemps dès l'automne
J'aurai dit tradéridéra comme personne" 

 

                       Aragon

                     Les amants séparés (in Le Crève-cœur)

 

                       

 

 

Le muguet

Un bouquet de muguet,
Deux bouquets de muguet,
Au guet ! Au guet !
Mes amis, il m'en souviendrait,
Chaque printemps au premier Mai.
Trois bouquets de muguet,
Gai ! Gai !
Au premier Mai,
Franc bouquet de muguet
.

 

Robert Desnos

                         Chantefleurs

 

Le muguet

 

"Cloches naïves du muguet,
Carillonnez ! car voici Mai !

Sous une averse de lumière,
Les arbres chantent au verger,
Et les graines du potager
Sortent en riant de la terre.

Carillonnez ! car voici Mai !

 


Cloches naïves du muguet !

Les yeux brillants, l'âme légère,
Les fillettes s'en vont au bois
Rejoindre les fées qui, déjà,
Dansent en rond sur la bruyère.

Carillonnez ! car voici Mai !
Cloches naïves du muguet !"

 

 

Maurice Carême

 

Le premier Mai c'est pas gai, 

Je rime a dit le muguet

Dix fois plus que d'habitude.

Regrettable servitude.

Muguet sois pas chicaneur,

Car tu donnes du bonheur,

Pas cher à tout un chacun.

Brin de muguet tu es quelqu'un.

 

Georges Brassens

Discours de fleurs.

 

 

 

          

                          

"

 

 

 

 

 

 

 

 

1er mai : le muguet.

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16 avril 2019 2 16 /04 /avril /2019 07:56

Notre-Dame est bien vieille : on la verra peut-être
Enterrer cependant Paris qu’elle a vu naître ;
Mais, dans quelque mille ans, le Temps fera broncher
Comme un loup fait un bœuf, cette carcasse lourde,
Tordra ses nerfs de fer, et puis d’une dent sourde
Rongera tristement ses vieux os de rocher !

Bien des hommes, de tous les pays de la terre
Viendront, pour contempler cette ruine austère,
Rêveurs, et relisant le livre de Victor :
— Alors ils croiront voir la vieille basilique,
Toute ainsi qu’elle était, puissante et magnifique,
Se lever devant eux comme l’ombre d’un mort !

Gérard de Nerval, Odelettes

Peinture de Louis Bénisti 1951

Peinture de Louis Bénisti 1951

Élie Faure : Histoire de l'art: l'art médiéval.

Élie Faure : Histoire de l'art: l'art médiéval.

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29 mars 2019 5 29 /03 /mars /2019 16:21

Agnès Varda vient de partir dans le grand âge. Je ne l'ai pas connu personnellement, mais j'ai tout de même l'impression qu'elle faisait partie de ma famille.

Je me souviens des programmes du festival d'Avignon au temps du TNP de Jean Vilar. On y trouvait le texte intégral des pièces présentées illustrées des photos d'une certaine Agnès Varda. 

En 1962, alors que la France et l'Algérie signaient les accords d' Évian, nous avons vu son premier film Cléo de 5 à 7, un film magnifique tourné au parc Montsouris ; deux heures de projection en temps réel.

J'ai ensuite vu d'autres films notamment l'Une chante,  l'autre pas  Daguerrotypes ou Sans toit ni loi avec la merveilleuse Sandrine Bonnaire.

Depuis quelques années, je vais souvent rue Daguerre quand je suis à Paris, un petit village au sein du XIV ème arrondissement et il m'est arrivé de la croiser devant sa maison avec son sourire et sa coiffure caractéristique.

Adieu Agnès, la rue Daguerre ne vous oubliera pas.

Jean-Pierre Bénisti

Voir :

http://www.aurelia-myrtho.com/2018/03/un-soir-dans-le-restaurant-de-la-rue-daguerre.html

Rue Daguerre Photo JPB

Rue Daguerre Photo JPB

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28 décembre 2018 5 28 /12 /décembre /2018 16:30

Exposition du 07 février au 04 mars 2019  au Centre culturel Algérien

 

171, rue de la Croix-Nivert

75015 Paris France

Métro : Boucicaut et Convention

 

Vernissage le jeudi 7 février à 18h 30

 

 

           Durant sa longue vie d’artiste, Louis Bénisti a toujours été fidèle à son Algérie natale. L’exposition organisée par le Centre Culturel Algérien de Paris rassemble essentiellement des œuvres réalisées à Alger, ville qu’il a habitée jusqu’en 1972 et celles réalisées dans son atelier d’Aix en Provence d’après les notes qu’il avait prises lors de ses longues promenades dans Alger.

 

 

 

           Louis Bénisti, peintre d’Algérie, peintre algérien. L’œuvre de Louis Bénisti a été aussi discrète que le déroulement de sa vie. Et pourtant largement autobiographique, elle porte témoignage -de la manière la plus sensible et la plus véridique – d’une vie de bonheur en Algérie intercommunautaire. L’amour du peintre pour les humbles et les déshérités est exprimé dans de nombreuses œuvres qui nous émeuvent par leur sincérité et leur simplicité, preuves d’une juste dimension humaine. Au début, proche de ses « modèles » qu’il côtoie à Alger, une certaine pudeur préserve l’autodidacte Bénisti d’un orientalisme outrancier, gorgé de lumière chaude synonyme rédempteur de la terre natale. Il se fait alors remarquer par une interprétation toute personnelle du réel (« le joueur de flute » 1946) ; il s’est attaché ensuite à se débarrasser de toute influence de l’École d’Alger tout en gardant ses distances avec l’art abstrait, alors à son apogée chez ses pairs dont la majorité rejoint la métropole. Pédagogue durant de longues années, il acquiert une pleine autonomie où le graphisme est une ligne élégante et frêle maîtrisant la forme et contenant suffisamment l’espace, où la coloration à la fois élégante et nuancée ne manque ni de résonnance ni de saveur.

Ses motifs ont temporellement varié, mais il revient sans cesse aux êtres et aux choses d’Algérie, avec toujours la même pudeur jusqu’à effacer les visages devenus anonymes (« Femmes dans la Casbah. »1990) comme pour un ultime dialogue invisible au delà de la fatalité de l’histoire. Le peintre devient alors le poète (le « poèpeintre » selon la formule de son ami Jean Sénac) de la mémoire subjective, de la sourde nostalgie d’une terre heureuse dont il se remémore et qu’il recrée dans son grand âge. À l’instar de tout être humain, Bénisti vivra sur son enfance et sa jeunesse. Louis Bénisti a été reconnu pour ses qualités d’homme loyal et sincère tout autant que pour son talent.Qu’il demeure un peintre de la terre prodigue d’Algérie, un homme intemporel, un Algérien.

 

Hamid Nacer-Khodja (Alger, juin 2004)`

 

 

 

              Louis Bénisti est né à El biar, près d’Alger le 15 mai 1903. Après des études secondaires au lycée d’Alger, il entame à Paris de 1920 à 1922 un apprentissage d’artisan joailler tout en suivant des études artistiques dans les académies parisiennes. Il pratique ensuite à Alger la bijouterie jusqu’en 1925, date à laquelle il abandonne ce métier. En 1925, il fréquente à Alger l’académie Art dirigé par deux peintres catalans: Alfred Figueras et Rafel Tona. Il y rencontrera Jean de Maisonseul avec qui il se liera d’amitié.

En 1930, Jean de Maisonseul lui fait connaître Max-Pol Fouchet, Albert Camus, Louis Miquel, Pierre-André Emery, René-Jean Clot.En 1931, il aborde la sculpture. Albert Camus lui consacre un de ses premiers articles dans Alger-étudiant.Ayant obtenu une bourse de la Casa Velasquez à Madrid en 1934, il séjourne en Espagne en 1935, puis à son retour il expose à la librairie des Vraies Richesses à Alger dirigée par Edmond Charlot. Dans ces années 3O, il enseigne le dessin au lycée de Maison Carrée (El Harrach aujourd’hui) et participe avec Louis Miquel et Pierre-André Emery aux scénographies du théâtre de l’Équipe dirigé par Albert Camus. Il s’installe à Paris en 1938, où il se consacre à la sculpture, mais en raison de la guerre il retourne à Alger en 1941. Puis en 1942 Il rencontre Solange, étudiante en médecine avec laquelle, il se marie. À partir de 1943, il se consacre essentiellement à la peinture. Comme ses amis Galliero, Benaboura, Maisonseul, Audisio, Famin, Nallard, Maria Manton, Terracianno, Jean Sénac, Himoud Brahimi, René Sintès, et d’autres… il fait partie de ces artistes et écrivains amoureux du port d’Alger, que l’on a appelé la génération du môle. De 1948 à 1971, il enseigne le dessin dans les lycées d’Alger En 1970, le centre culturel français d’Alger, dirigé alors par René Gachet, lui consacre une exposition rétrospective. En 1972, il s’installe à Aix en Provence où il continue son métier de peintre et de sculpteur. Il écrit aussi ses souvenirs d’enfance et raconte sa jeunesse algéroise autour de Camus et d’Edmond Charlot. En 1989, retrouve les croquis réalisés au cours de ses promenades dans la Casbah. Restant fidèle à son Algérie natale, il reprend ses dessins et réalise une ultime série de peintures, utilisant davantage la gouache que l’huile. Il meurt à Evian le 1er mai 1995.

 

Jean-Pierre Bénisti

 

 

 

https://www.cca-paris.com/index.php/activites/gallery-3/589-louis-benisti

Port d'Alger Huile sur panneau  1955 Les Terrasses Détrempe 1990Port d'Alger Huile sur panneau  1955 Les Terrasses Détrempe 1990

Port d'Alger Huile sur panneau 1955 Les Terrasses Détrempe 1990

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22 décembre 2018 6 22 /12 /décembre /2018 13:25

Ballade de Noêl

  

  

« Tant l’on crie Noël qu’il vient. »
François VILLON

 

C’est vrai qu’il vient et qu’on le crie !
Mais non sur un clair olifant,
Quand on a la gorge meurtrie
Par l’hiver à l’ongle griffant.
Las ! Avec un râle étouffant
Il est salué chaque année
Chez ceux qu’il glace en arrivant,
Ceux qui n’ont pas de cheminée.

Il jasait, la mine fleurie,
Plus joyeux qu’un soleil levant,
Apportant fête et gâterie,
Bonbons, joujoux, cadeaux, devant
Le bébé riche et triomphant.
Mais quelle âpre et triste journée
Pour les pauvres repus de vent
Ceux qui n’ont pas de cheminée.

Heureux le cher enfant qui prie
Pour son soulier au noeud bouffant,
Afin que Jésus lui sourie !
Aux gueux, le sort le leur défend.
Leur soulier dur, crevé souvent,
Dans quelle cendre satinée
Le mettraient-ils, en y rêvant,
Ceux qui n’ont pas de cheminée ?

                          ENVOI

Prince, ayez pitié de l’enfant
Dont la face est parcheminée,
Faites Noël en réchauffant
Ceux qui n’ont pas de cheminée.

            Jean RICHEPIN  (1849-1926)

            La  chanson des Gueux

  

  

Lorsque j’étais à l’école primaire à Alger, j’avais eu un jeune instituteur qui  savait que les enfants ont une excellente mémoire et que l’on pouvait mettre à profit cette mémoire pour faire apprendre (par cœur) des  poésies intéressantes, loin des niaiseries habituelles. C’est ainsi  que j’ai du apprendre une Ballade de Noël écrite par un écrivain né à Médéa : Jean-Richepin.  Nous étions fiers d’apprendre un poème écrit par un de nos compatriotes, car Richepin est né à Médéa. 

En fait , Richepin est né à Médéa par hasard, son père étant médecin militaire qui eut probablement " un enfant non voulu, qui est devenu un chevelu poète." alors qu'il aurait préféré qu'il fut notaire. 

Cette ballade est une imitation de Villon et si on veut la chanter, il suffit de se servir de la musique que Brassens a écrite pour la Ballade des dames du temps jadis. 

Le même Brassens a mis en musique un poème de Richepin .intitulé Philistins : 

  

« Philistins, épiciers,
Alors que vous caressiez
Vos femmes,
Vos femmes.

En songeant aux petits
Que vos grossiers appétits
Engendrent,
Engendrent.

Vous disiez : ils seront,
Menton rasé, ventre rond,
Notaires,
Notaires.

Mais pour bien vous punir,
Un jour vous voyez venir
Au monde,
Au monde.

Des enfants non voulus
Qui deviennent chevelus
Poètes,
Poètes.

Car toujours ils naîtront
Comme naissent d’un étron
Des roses,
Des roses.

  

 Brassens a légèrement modifié le texte et n'a pas retenu  le dernier couplet.  

           

                               JPB

Pour les enfants qui n'ont pas de cheminée (nouvelle édition)
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9 décembre 2018 7 09 /12 /décembre /2018 11:25

En mai 68, les français se révoltaient contre un père.

En décembre 2018, les français n'ont plus de père. Ils n'ont qu'un fils.

                          JPB

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13 novembre 2018 2 13 /11 /novembre /2018 08:34
Louis Miquel au musée de Besançon
Louis Miquel au musée de Besançon
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10 novembre 2018 6 10 /11 /novembre /2018 13:56

Je sais que les guerriers de Sparte
Plantaient pas leurs épées dans l'eau
Que les grognards de Bonaparte
Tiraient pas leur poudre aux moineaux
Leurs faits d'armes sont légendaires
Au garde-à-vous, je les félicite
Mais, mon colon, celle que j'préfère
C'est la guerr' de quatorz'-dix-huit

 

                Georges Brassens.


 

 

Aujourd’hui nous célébrons le centenaire de la fin  de la Grande guerre. Pourquoi pas ? Cette  guerre eût une telle importance qu’elle mérite que l’on s’en souvienne. 

Ces célébrations ont tourné au psychodrame et l'on pourrait en écrire une pièce de théâtre qui pourrait avoir pour titre le Pétain respectueux.

Dans mon enfance, je me souviens que les fenêtres des maisons de  la ville où j’habitais étaient,  ce jour-là,  recouvertes  de drapeaux et comme l’anniversaire de la naissance de ma mère est  le 12 novembre, je pensais que s’il y avait des drapeaux,  c’était en l’honneur de ma maman.

Et ceci me ramène à des histoires familiales : la naissance de Solange, ma mère en 1914 avait permis à mon grand-père, père d’un quatrième enfant d’être démobilisé et de ne pas partir aux Dardanelles, où périrent la plupart de ses camarades de régiment.

L’oncle de mon père, que l’on appelait Tonton Jules, fut blessé sur le front et sa blessure fut fêtée car elle lui permit de ne pas être tué. Ce tonton Jules, après sa démobilisation, ne cherchait pas à travailler beaucoup et vivait d’expédients. Il avait un caractère histrionique et faisait quelques poésies sentimentales ou quelques chansonnettes dans l’esprit des opérettes à la mode au début du vingtième siècle.  J’ai retrouvé un de ses petits écrits sentimentaux :

 

En 1915

 

Émotion ressentie par l’auteur

 

Il avait fait la Marne, il avait fait l’Yser

Pataugeant dans la boue, il avait, tout l’hiver,

Vécu dans les boyaux. Les balles, les obus,

L’avaient rendu malades. Il avait combattu,

Ne se plaignant jamais, l’âme pleine de rage,

Un puissant ennemi ne rêvant que pillage

Il s’était endurci aux horreurs de la guerre,

Insensible aux  grands maux, dont il était témoin,

Piétinant des cadavres maculés de terre,

Il allait, le cœur sec, ne s’émouvant de rien.

En changeant de secteur, un jour, son bataillon

Passa devant une humble et modeste maison

À moitié détruite, et dont les occupants

Étaient partis au loin, en des lieux plus cléments.

Il vit, gisant au sol, et d’un bras amputée,

La chevelure blonde, une pauvre poupée…

Devant cette maison, minuscule pourtant,

Mais qui lui fit penser qu’autrefois une enfant,

Rieuse et sans souci, avait joué par là.

Pour la première fois, notre poilu  pleura.

 

Jules Zermati

 

Cette guerre dans notre famille était considérée par mon entourage comme une énorme connerie, comme l’avait dit Prévert. Une étincelle à Sarajevo avait mis le feu aux poudres et les soldats dans les tranchées ne pensaient plus beaucoup à l’Archiduc. "Archiduc ! Mon cul  " aurait dit Zazie (dans le métro !). Elle eut une très grande répercussion sociale. Un jeune conscrit échappa au casse-pipe, il avait assassiné Jean Jaurès et put être protégé pendant  quatre ans en prison, pour ensuite être libéré.

 

Robert Namia, un ami de mes parents, nous disait : « Nous, enfants nés pendant la guerre 14, nous étions tous des orphelins ou des bâtards. »  Et en effet, beaucoup de mères de famille durent élever seules leurs enfants et furent obligées de travailler en dehors de leurs foyers. Vers 1960, dans un restaurant parisien , une vieille dame nous disait : «  Je me considère, comme une veuve de guerre  Je dis à tout le monde que je suis une veuve de guerre,  vous vous rendez compte, lors de la Grande Guerre, il y eut beaucoup de garçons d’un âge proche du mien, qui sont morts et les filles se sont retrouvées en surnombre par rapport aux garçons et comme on dit beaucoup de filles n’ont pas pu trouver chaussures à leurs pieds et sont restées célibataires. Nous sommes comme des veuves de guerre, mais nous n’avons pas eu de pensions et heureusement que nous avons trouvé du travail. »

 

Je me souviens d’un fait divers ayant défrayé la chronique : un anarchiste parisien vint faire cuire deux œufs au plat sur la flamme du soldat inconnu. La dérision est peut-être une forme d’hommage.

Benjamin Péret rendit hommage aux anciens combattants

 

Si la Marne se  jette dans la Seine

C’est parce que j’ai gagné la Marne

S’il y a du vin en Champagne,

C’est parce que j’y ai pissé

(…)

Je suis un ancien combattant

Regardez comme je suis beau

 

Le chansonnier Monthéus écrivit une chanson célèbre chantée par Yves Montand : La butte rouge :

 

Sur cette butte là y'avait pas d'gigolettes
Pas de marlous ni de beaux muscadins.
Ah c'était loin du Moulin d'la Galette,
Et de Paname qu'est le roi des patelins.
C'qu'elle en a bu du bon sang cette terre,
Sang d'ouvriers et sang de paysans,
Car les bandits qui sont cause des guerres
N'en meurent jamais, on n'tue qu'les innocents !

La butte rouge, c'est son nom, l'baptême s'fit un matin
Où tous ceux qui grimpaient roulaient dans le ravin.
Aujourd'hui y'a des vignes, il y pousse du raisin,
Qui boira d'ce vin là, boira l'sang des copains.

 

 

 

Cette chanson a été écrite pour célébrer la bataille de la Somme. On pensait qu’il s’agissait d’un hommage aux Communards de 1871. Il y avait déjà confusion de mémoire

 

Enfin le plus bel hommage fut rendu par Brassens dans sa célèbre chanson.

 

 

            Jean-Pierre Bénisti  

 

 

J

Apollinaire, mort le 9 novembre 1918

Apollinaire, mort le 9 novembre 1918

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30 septembre 2018 7 30 /09 /septembre /2018 10:49

        Rentré à Alger, après des vacances en Auvergne,  nous nous replongeons dans l’ambiance fiévreuse de veille d’élection. Le référendum approchait. Les gens plaisantant en chantonnant : « Dis-moi oui, dis-moi non, dis- moi si tu m’aimes.» Des caricatures montraient notre chère Marianne déguisée en Brigitte Bardot au corsage largement dégrafé, qui, cet été, faisait la une de tous les journaux, comme pour distraire le peuple et faire en sorte qu’ils ne réfléchissent pas trop aux problèmes politiques. Marianne bardotisée  disait : « Pour  qui votait-on ? » ou  «  Pour qui vos tétons ? »

       La propagande se faisait dans un seul sens. Aucun journal métropolitain favorable au Non n’arrivait à Alger. Raoul Salan, le nouveau délégué du ministère de l’Algérie, faisait bien son boulot : non seulement il censurait les journaux, mais les murs d’Alger étaient placardés d’affiches avec le mode d’emploi pour voter Oui : « je  prends les deux bulletins le blanc avec écrit Oui, le mauve avec écrit Non. Je vais dans l’isoloir, je jette le bulletin mauve, je mets le bulletin blanc dans l’enveloppe. » À  se moquer des électeurs de cette façon, certains d’entre eux pouvaient avoir l’intention de mettre dans l’urne ni oui ni non, mais un autre mot un peu plus grossier. Mes parents, pressés de faire avancer la question algérienne étaient résolus à voter oui, non pas par adhésion à la constitution, mais par confiance à De Gaulle, capable selon eux de résoudre le problème algérien. Cependant, je fis part à mes parents des réserves que j’avais sur la constitution, car je commençais à savoir lire les constitutions grâce aux leçons de Monsieur P, mon professeur d’histoire. J’avais remarqué que le président de la République  présidant le conseil des ministres ne pouvait pas être renversé et pouvait du coup abuser de son pouvoir personnel. Un collègue nous fournit un jour l’Express, qu’il s’était procuré en feuilles détachées de façon clandestine et l’on a pu apprendre la position de PMF en faveur du Non. Par contre Deferre préconisait le Oui mais  pensait qu’après la votation, il serait urgent d’ouvrir les négociations.

          Mon père discutait beaucoup. Notre cousin René G, frère de Gilbert l’imprimeur, avait une formation d’historien et venait d’entrer dans l’administration. Il avait rempli des fonctions d’administrateur à Port-Guédon (Asfoun), puis à Palestro (Lakhdaria) et était devenu fonctionnaire au Gouvernement général. Son fils E, enfant à l’époque, devint bien plus tard dans les années 80, un fonctionnaire important . René, qui avait été communiste dans sa jeunesse, était devenu un partisan de l’Algérie française, tout en étant favorable à la promotion des musulmans. Un jour René nous dit qu’après lecture de la constitution, le démocrate qu’il était ne pouvait pas dire oui et qu’il s’apprêtait à voter non. 

    Jean O, mon professeur de lettres m' avait dit qu’il n’approuvait pas la constitution. Un jour, un ami, Louis M vint nous voir et nous dit : « Je voterai Non et je vais vous faire une confidence : je n’ai pas confiance au Général. » (…)

       On eut vent par la radio de la manifestation en faveur du Oui, place de la République et l’on entendit la voix tremblotante de Malraux. : « Souvenez vous du temps où clandestinement vous écoutiez Londres et vous entendiez : Ici, Londres, Honneur et patrie le Général de Gaulle va vous parler… Ici, Paris, Honneur et patrie, le Général de Gaulle va vous parler. » Combien d’auditeurs ont pu être séduits par l’éloquence de l’auteur de la Condition humaine ?

          Le dimanche 28 septembre, c’était le jour du vote et pour la première fois, il y avait un seul collège électoral. Mes parents votèrent oui. Moi, je n’avais que quinze ans et je ne votais pas, il fallait avoir 21 ans. C’est seulement Giscard en 1974 qui rabaissa l’âge du vote à dix-huit ans. Au fait, je m’aperçois qu’à seize ans, ce serait suffisant pour voter. L’après-midi de ce dimanche, nous avons été à la Madrague saluer nos amis K. K  était un ami de Maks, juif polonais et communiste comme lui, mais il avait accepté de cesser ses activités militantes, pour acquérir la nationalité française. Il signala à mon père les inconvénients de la constitution en s’appuyant sur des articles de journaux, et déplorait que le Président puisse légiférer par ordonnance. Convaincu par les arguments de K, mon père lui avoua qu’il regrettait d’avoir mis un oui dans l’urne.

          Le lendemain, nous vîmes arriver à la maison Zohra, qui n’était pas dans son bon jour et qui faisait la gueule. « Alors Zohra, avez-vous été voté ? » demanda mon père. « Oui ! J’ai été, j’ai pris les deux bulletins pour aller dans l’isoloir et voila qu’un parachutiste m’a bousculée, m’a pris le bulletin de couleur blanche et a voté à ma place. J’étais très en colère. Je n’avais pourtant pas l’intention de voter Non,  mais je n’accepte pas qu’on vote à ma place. Encore nous sommes des esclaves ! » Mes parents firent part à Zohra de leur indignation devant de telles pratiques vexatoires et malhonnêtes. Mon père rencontra des collègues. Il leurs raconta l’incident et on lui dit qu’il y avait des bureaux de vote où le personnel électoral s’était conduit très lourdement, mais par contre dans beaucoup de bureaux, les électeurs ont pu voter librement, accueillis par un personnel poli. Ils n’empêchent que l’on ne peut pas dire que ce scrutin se soit déroulé normalement. D’ailleurs, notre ami Arthur M nous dit qu’il avait vu dans un bureau de vote le personnel surveiller  les bulletins Non utilisés  jetés sur le sol dans les isoloirs. S’il y avait trop de Oui balayés, il décidait de forcer les votes. Je ne sais pas quels ont été les commentaires en France sur le déroulement du referendum en Algérie et je suis étonné de voir que des politiciens peu scrupuleux, notamment actuellement dans les pays du tiers-monde, préfèrent avoir 90% de oui en truquant que 60% de façon honnête.

      Des tracts étaient distribués en ville, félicitant la victoire du oui et lançant des propos méprisant à l’endroit de Mendès et de Mitterrand. Il n’est peut-être pas nécessaire que le parti vainqueur méprise ses adversaires.

 

 

                                                   Jean-Pierre Bénisti

 

 

 

28 septembre 1958 : le référendum sur la Constitution de la Vème République : je me souviens du jour de vote à Alger...
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26 septembre 2018 3 26 /09 /septembre /2018 09:03

L’identité du modèle du célèbre tableau vient d’être révélée. Il s’agirait d’une certaine Constance Quesniaux. Je trouve cette révélation purement anecdotique et n’a rien à voir avec l’esprit du tableau qui représente un corps sans visage et anonyme.

Seule le modèle serait en droit de révéler son identité.

On avait dit aussi que les maja vestida et maja desnuda de Goya auraient comme modèle la duchesse d’Albe. Cela n’a pas d’importance, par rapport à la qualité des œuvres.

Un tableau de Magritte représentant une pipe est intitulé: Ceci n'est pas une pipe. Je propose que le tableau de l'Origine du monde soit sous-titré : Ceci n'est pas Constance Quesniaux.

 

            Jean-Pierre Bénisti

 

 

Je me suis déjà exprimé sur  l’Origine du monde :

 

 

 

http://www.aurelia-myrtho.com/article-decoupage-115171414.html

 

http://www.aurelia-myrtho.com/2016/06/a-propos-du-dejeuner-sur-l-herbe.html

 

 

http://www.aurelia-myrtho.com/2016/08/coupons-les-cheveux-en-quatre-reprise.html

 

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