Atys changé en pin.
Jusqu'à la fin des temps, il faudra que je porte
Atys debout, rongé de sang et de fourmis,
Tes racines seront la chevelure morte
Les serpents sur mon cœur à jamais endormis.
Reptiles embaumés que rien ne putréfie
Au cadavre d'atos, ils emmènent mon sort :
Je tends cet arbre mort aux dieux que je défie.
Je me ramasse toute autour d'un arbre mort.
Mes vignes, mes forêts et mes sillons arides,
Jaillissent en rayon de ce corps calcinés
Les astres dans leur nuit cherchant ce gibet vide
Comme un troupeau de dieux ont vers lui cheminé.
Et, seule, je ne sais, noire colonne, ô paire.
Doux arbre humain qui fuis de feuille frémissant,
Sur ton cadavre nu, quel aigle va s'abattre
S'agriffer à l'écorce et te couvrir de sang...
François Mauriac Le sang d'Atys. 1940
Poème dit par Madeleine Renaud
https://youtu.be/oNA5E2k6ar4