Le vieil arbre
Le vieil arbre du fond des bois
Appuie au sol ses basses branches,
Celles que berçaient le zéphir,
Celles qui riaient à l’azur
Au temps de sa tendre jeunesse
Aujourd’hui leurs poids les accablent
Et les enfonce dans une ombre
Accrue à chaque renouveau
Elles ont vu naître et grandir
La populace des ramures
Qui les cerne, qui les étouffe
Et que nul rayon ne traverse
Le vif de leurs ailes inertes
Git et s’abîme dans son lit
Qui est fait de tout leur passé
Feuilles mortes, feuilles vivantes
Se mêlent sur le noir humus
Comme regrets et souvenirs
Mais, à la cime du vieil arbre
Dominant toutes frondaisons
Cent rameaux s’élancent
Cent rameaux nouveaux chantent sur un ciel
Où se défait des flocons de nuages,
Où s’allonge un vol d’oiseaux migrateurs
Charles Vildrac. : Prolongements. 1946