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31 mars 2011 4 31 /03 /mars /2011 08:32

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Dans les nombreux livres d’images consacrés à Camus, une photo est presque constante c’est celle de la photo de classe de l’hypokhâgne du lycée Bugeaud d’Alger. Il est rare que cette photo soit accompagnée de légende. On insiste surtout sur le fait qu’il est le seul garçon a ne pas porter le  calot traditionnel du  khâgneux.

J’ai pu identifier plusieurs condisciples du futur écrivain : Sur la photo célèbre de la classe d’hypokhâgne du lycée Bugeaud, on reconnaît au centre Monsieur Paul  Mathieu, professeur de français, Monsieur Sauvage, proviseur, Monsieur Garoby, professeur d’histoire et géographie et Évelyne Izac. Au deuxième rang, à l’extrême droite, Jean Bogliolo, et de droite à gauche  André Bélamich,une étudiante inconnue et Claude de Fréminville, derrière le proviseur.Toujours au deuxiéme rang, mais à l'extrême gauche Marcel Chiapporé, puis Paul Boyer.

Au dernier rang, de droite à gauche Maurice Perrin, puis Albert Camus sans calot.

Jean Bogliolo, qui obtint en hypokhâgne, le premier prix de philo devant Camus, s’essaya à l’écriture et publia chez Charlot Broussailles. Il devint ensuite un professeur de lettres estimé et resta au lycée Gauthier d’Alger jusqu’au début de l’indépendance de l’Algérie. 

Marcel Chiapporé devint professeur de grec à la faculté d'Alger, puis à celle de Dakar.

Paul Boyer enseigna les lettres au lycée Bugeaud puis au lycée de Hyère.

Maurice Perrin, militant de la Trêve civile, fut assassiné par l’OAS en novembre 1961.

Claude de Fréminville devint  le célèbre Claude Terrien, journaliste à Europe n°1

André Bélamich, devint traducteur de Federico Garcia Lorca  pour le compte des éditions Gallimard

Evelyne Izac, devint plus tard Evelyne Baylet, mère de Jean-Michel Baylet et directrice de la Dépêche du midi.  Elle entretint des liens étroits avec François Mitterrand et René Bousquet (de sinistre mémoire)

Les autres personnes ne sont pas identifiables et  il est étonnant que depuis la disparition de Camus, ces personnes ne se soient pas manifestés auprès des camusiens.

Par la suite, la khâgne de Bugeaud devait avoir d’autres élèves prestigieux comme : Assia Djebbar, Pierre Rivas ou plus récemment Jean-Pierre Castellanni  ou Mauricette Berne.

Camus-Lycee-1.ajpg.jpg

 

            Après la disparition de Camus, étonné que les autorités françaises ne prirent pas l’initiative de débaptiser le lycée Bugeaud en lui donnant le nom de son illustre ancien élève prix Nobel, nous eûmes l’idée,  avec mes camarades Pierre Grou, Jean Alla et Denis Thomas, de faire une souscription pour mettre dans le hall du lycée une plaque commémorative en souvenir de Albert Camus. Grou trouva le père d’un camarade qui était marbrier pour la gravure et entama des négociations avec le proviseur et le Professeur Mathieu. Quand les autorités donnèrent leur accord, il fallait trouver les fonds auprès des élèves et des professeurs. Monsieur Weiss, notre professeur de lettres prit l’initiative d’inviter les élèves de notre classe à souscrire et il fit l’éloge du grand écrivain de l’Afrique du Nord. Trois élèves sur trente-cinq souscrirent, cela illustrait bien le désintérêt des Français d’Algérie pour leur glorieux compatriote. La plaque fut placée en catimini sans inauguration au parloir du lycée  et l’on pouvait lire :

                                Albert Camus

                                  1913-1960

                        Prix Nobel de Littérature 1957

                   Élève du lycée  Bugeaud de 1924 à 1933.

      Lorsque, en 2004, Nazim, le fils de mon ami Belkacem Benchikh, me conduisit au parloir du lycée Bugeaud devenu Emir Abdel Kader, je constatais que la plaque était toujours là et j’en envoyais une photo à mes amis. Charles Bérenguer, ami  récemment disparu, me répondit au sujet de cette plaque  « : Merci pour (…) La photo de la plaque commémorative. Après tout, ce qui a pu être dit "entre ma mère et la justice" et la campagne de désinformation dont il a pu faire l'objet, la vision de cette plaque, aujourd'hui en place, me fait l'effet de ses roches éternelles que la houle la plus bestiale n'arrive pas à ébranler de ses coups de boutoir et que la vague apaisée vient caresser ensuite. »

 

                                                                                                                                                         Jean-Pierre Bénisti

 

 

Voir :

 

Album Camus, iconographie choisie et commentée par Roger Grenier. Gallimard,, Bibliothèque de la pléiade, 1982.

Paul Mathieu : Petite histoire de la Khâgne africaine (Avant-propos de Guy Basset) in Présence d’Albert Camus. Revue publiée par la  Sociétés des études Camusiennes, n°1 2010.

 

Casbah22647.jpg

Le Lycée vu de La Casbah

Photo JPB (1966)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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commentaires

L
Quel plaisir de voir cité l'un des profs les plus extraordinaires de Gauthier : je souviens des ' Eglogues algériennes', de son carnet 'tout au stylo' et de la réplique, lors d'un commentaire sur une dissert et son compte-rendu: 'Monsieur B (le fils d'un toubib), tout le monde n'a pas la chance, si c'en est une, d'habiter Rue Michelet! Ciao, Bogli, on t'aimait beaucoup! ( 63 ans après...un aut'prof...d'anglais)
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C
Merci pour ce témoignage. J'étais en hypokhagne avec Paul Matthieu toujours et Faugautier en 1952-53.
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