Fi de tout ce qui passe et lasse
Dans mon coeur demeure un grand dam
Un seul amour y tient la place
Les bicyclettes d'Amsterdam.
Celle que conduit le bourgmestre
Si raide malgré son bedon
Tenant un cigare en la dextre
Et de l'autre main le guidon
Celle que monte une pucelle
Plus douce que sucre candi
Ou bien que mène une Lady
Juchée très haut dessus la selle.
Celle des altesses royales
Laissant leur Roll à leurs valets
Et roulant à toutes pédales
Oublieuses de leur palais
Pour faire leurs achats aux halles.
Celles des facteurs des laitières
Des écoliers des écolières
Des clergymen des salutistes
Des chenapans et des juristes
Des javanais et des cubistes
Des ferrailleurs sur des tricycles
Des poissonniers qui font l'article.
Toutes raides, dignes et noires toutes pareilles,
Sans histoire, hautes sur roues le guidon droit un peu sinistres puritaines
Et délaissant la prétentaine
Pour choisir les chemins étroits.
Corps de métal, mais non sans âme
O bicyclettes d'Amsterdam
De tout mon temps en Néderlande
Délaissant les choses gourmandes
Les oeuvres d'art, les jolies femmes,
Je n'eus d'yeux que pour vous mesdames,
Et soupirais de ne pouvoir aussitôt vous posséder toutes
Casanova des grandes routes
Dans l'alcôve des macadams.
Georges Dezeuze
voir
http://www.compagnie-faisan.org/content/apres-la-course
Photo JPB
Photo JPB 79
Sous le pont du canal, les vaguelettes clepsydres inquiètent la solitude du vélocipède.
L’indicible révèle la chaîne rassurante qui l’attache au balustre.
L’indicible n’est jamais muet
(Note de Louis Bénisti à propos de cette photo)