Aux dernières nouvelles, des prétendus historiens d’art auraient découvert le visage de la femme peinte dans l’Origine du monde de Courbet. Le peintre aurait découpé son tableau et aurait fait deux : la tête de la femme et ce qu’il en reste constituant le tableau connu.
En supposant que cette hypothèse de découpage soit exacte, cela ne change pas notre regard sur le tableau. La pratique des découpages est fréquente chez les peintres et si Courbet a découpé son tableau, il l’a fait à dessein, n’ayant pas jugé bon de conserver le visage de la femme. Nous devons voir le tableau, tel qu’il est aujourd’hui et ne pas essayer d’imaginer un prolongement quelconque. Si le tableau représentait la femme dans sa totalité, l’esprit du tableau serait tout différent car ce qui est surprenant dans ce tableau, ce n’est pas ce qu’il représente mais c’est le fait que ce n’est pas seulement l’observateur qui regarde le tableau mais c’est le sexe velu de la femme représentée sur le tableau qui regarde son public. Ce regard est accentué par l’absence de visage du modèle peint.
Jean-Pierre Bénisti
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