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28 avril 2020 2 28 /04 /avril /2020 16:24

L’ ARBRE

 

 

 

 

C’est l’Arbre. Il est opaque, immobile, et vivant.

Il baigne dans le ciel, il trempe dans le vent.

Une nuit verte inonde en plein jour ses ramures.

La moindre brise en tire un millier de murmures

Et toujours quelque oiseau qui plonge dans l’air bleu ;

Puis, quand le crépuscule épaissit peu à peu,

Tel qu’une eau sous-marine et glauque, le silence,

Lentement il le boit comme une éponge immense.

Son front semble, le soir, se perdre au plus profond

De l’ombre, et par les nuits où les étoiles font

Luire au travers et scintiller leurs clartés blanches,

Il a l’air de porter tout le ciel dans ses branches.

Il se dresse touffu, secret, vertigineux :

Son tronc énorme est bossué d’énormes nœuds ;

De vifs surgeons verdoient à son pied centenaire ;

Chacun de ses rameaux semble un arbre ordinaire…

Quelle pensée auguste et douce habite en lui ?

Que rêves-tu, grande Ame encor jeune aujourd’hui

Qui l’occupes du fond des temples, et t’y recueilles ?

 

On le sent respirer, lent, de toutes ses feuilles…

 

 

Fernand Gregh : L’Arbre (Couleur de la vie)

 

 

Saint Martin de Vésubie 1963 © Jean-Pierre Bénisti

Saint Martin de Vésubie 1963 © Jean-Pierre Bénisti

L’ARBRE DE NUIT.

 

Feuille de platane

La nuit se souvient d’être un arbre

Fleur de tilleul

Un arbre en deuil

 

Fille d’automne

L’enfant se souvient d’être un arbre

Fils de printemps

Un homme passe-temps

 

Et l’arbre de la nuit cache lentement

Ses feuilles aux yeux des parents

Ses fleurs au creux des enfants.

 

Alain de Mazery : S’il vous plait. Éditions Seghers. Collection P.S. n°192

 

 

 

Lubéron 1966 © Jean-Pierre Bénisti

Lubéron 1966 © Jean-Pierre Bénisti

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