Vois, comme l’arbre semble au-dessus de nous jouir de la divine ardeur dont il m’abrite : son être en plein désir qui est certainement d’essence féminine, me demande de lui chanter son nom et de donner figure musicale à la brise qui le pénètre et le tourmente doucement.
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Mon âme aujourd’hui se fait arbre.
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L’Arbre et l’Amour, tous deux, peuvent dans nos esprits se joindre à une idée. L’un et l’autre sont chose qui, d’un germe imperceptible née, grandit et se fortifie, et se déploie et se ramifie ; mais autant elle s’élève vers le ciel (ou vers le bonheur), autant doit-elle descendre dans l’obscure substance de ce que nous sommes sans le savoir.
Paul Valéry
Dialogue de l’arbre
In Eupalinos, l’âme et la danse, dialogue de l’arbre. Paris, Gallimard 1944