Un arbre
Un arbre nous regarde à travers la fenêtre
De ses milliers d'yeux verts : on dirait qu'il sourit
De nous voir rassemblés à la table de hêtre,
Nous de la maisonnée qu'il couve comme un nid.
C'est un très vieil ami, un arbre de famille
Qu'un grand-père a planté dans le temps près du puits ;
Son écorce est ridée mais, chaque année, scintillent
Des rameaux nouveau-nés ornés de jeunes fruits.
Depuis tant de printemps et des étés sans nombre
Il étreint la maison de ses racines blanches
Et chacun tour à tour a goûté sous son ombre
La fraîcheur embaumée que distillent ses branches.
Les enfants et les chats ont joué avec lui
Sous la lumière rousse et dorée de l'automne ;
Il a porté les fruits des étoiles, la nuit,
Et plus d'oiseaux chanteurs qu'une aube qui frissonne.
Ainsi quand il regarde à travers la fenêtre
De ses milliers d'yeux verts, je sais qu'il nous sourit,
L'arbre aimé, l'arbre ami qui tous nous a vus naître,
Nous de la maisonnée qu'il couve comme un nid.
Marc Alyn