La cour de cassation a confirmé l’irresponsabilité de l’assassin de Madame Sarah Halimi. Je sais bien qu’il n’est pas d’usage de commenter les décisions de justice. Il n’empêche que les jugements scandaleux existent. Tout le monde se souvient de l’acquittement de l’assassin de Jean Jaurès ou des procès de Riom, où les juges faisaient allégeance à un honteux Maréchal
Je me suis déjà exprimé sur ce sujet dans ce même blog (1)
Des journalistes ont fait part de l’émotion de la communauté juive. Je crains que ces s journalistes ne se sont même pas rendu compte qu’ils ont dit que les personnes ne faisant pas partie de le communauté juive n’ont pas été émus.
Je tiens à faire part de mes interrogations, car je ne suis pas du tout satisfait de l’explications donnés par les médias de ce jugement.
1° L’auteur du meurtre est-il actuellement dans un état délirant et dans ce cas, il n’est pas en état de comparaître en cours d’assise et on peut le déclarer irresponsable. Mais je pense que ce n’est pas le cas.
2° Si le meurtrier est actuellement sain d’esprit et qu’il était lors du meurtre atteint d’une bouffée délirante, plus ou moins induite par l’absorption de substances illicites. Cela est possible, vu les qualités des experts en matière de diagnostic rétrospectif. Dans ce cas, je ne comprends pas pourquoi le tribunal n’autorise pas un procès.
Cet individu manquerait de discernement. Mais alors, le mobile antisémite, ayant été retenu. Je constate que ce monsieur sait très bien distinguer les juives des non-juives. Il y a beaucoup de personnes tout à fait normales qui ont beaucoup de difficulté à faire cette distinction.
Crier que Dieu est grand, après avoir effectué un crime est tout à fait responsable.
D’ailleurs l’un des experts auraient admis que la capacité de discernement de l’individu avait sa capacité de discernement altérée, mais non abolie.
Enfin ce procès avait une nécessité sociale. Des personnalités prestigieuses comme Élisabeth Badinter ou Alain Finkielkraut ont réclamé la tenue d’un procès. Le Président de la République s’est d’ailleurs exprimé, à titre personnel, sur ce sujet. J’espère que ces Messieurs de la Cour de Cassation, n’ont pas agi pour manifester leur indépendance par rapport au pouvoir exécutif.
Un procès aurait eu un rôle pédagogique. Il aurait permis au public de comprendre les désastres du racisme et de l'antisémitisme. Il aurait eu aussi un rôle thérapeutique, non seulement pour les victimes, mais aussi pour le meurtrier, car si ce monsieur souffre de troubles psychologiques, un procès aurait eu pour lui une action thérapeutique, nettement plus adéquate q'un internement.
La tenue d’un procès aurait permis de comprendre ce qui s’est réellement passé. Et comme disait Paul Ricœur : « Il y a peut-être des victimes dont la souffrance crie moins vengeance que récit. »
Jean-Pierre Bénisti