Depuis quelque temps, lorsque je vais à Paris, je me rends rue Daguerre, car je vais souvent dîner avec un ami d’enfance qui habite le quartier.
Cette rue est chargée d’histoire. Agnès Varda, qui y habite et que l’on a souvent l’occasion de croiser, a fait naguère, un remarquable reportage sur les habitants de cette rue Daguerre qui semble être dans un petit village au cœur de Paris.
Mon père m’avait parlé de cette rue, qu’il avait l’habitude de fréquenter lorsqu’il habitait avenue d’Orléans, devenue après la libération avenue du Général Leclerc.
Le Douanier Rousseau y avait paraît-il, son atelier rue Gassendi.
Maria Casarès, habitait rue Asseline de l’autre côté de l‘avenue du Maine.
Un soir, alors que je dînais avec mon camarade au restaurant du petit Daguerre, un vieil homme assis à nos côtés, prit part à notre conversation. Il nous dit qu’il s’appelait Jean Pommier et qu’il avait été comédien et qu’il avait joué les Justes de Camus et dans différentes pièces du TNP et de Jean Vilar.
Lorsqu’est paru la Correspondance entre Maria Casarès et Albert Camus, je me suis aperçu que Maria citait souvent Pommier dans ses lettres. Dans une lettre du 31 janvier 1950, elle dit se lui : « J’aime beaucoup Pommier. Il est fin discret, très drôle. Il a du goût et du tact, il est même intelligent par sensibilité. » (1)
Le Monde du 17 mars 2018 annonçait le décès de Jean Pommer le 12 mars 2018. Il n’y a plus que Michel Bouquet qui reste le seul acteur, ayant participé aux aventures théâtrales de Camus et de Vilar, qui est encore là.
Jean-Pierre Bénisti.
1. Albert Camus-Maria Casarès : Correspondance 1944-1959. Gallimard. Paris, 2017. Page 288