Toutes les grandes figures de la poésie et de la chanson qui ont bercés notre enfance fichent le camp.
Après Anne Sylvestre, c’est Hélène Martin qui s’en va.
Mes relations avec cette chanteuse remontent à très loin.
J’avais acquis vers 1960, alors que j’étais encore au lycée, un petit disque où sur une face Hélène chantait des poèmes d’Éluard qu’elle avait mis en musique, et sur l’autre face Serge Reggiani disait de façon magistrale et sans musique les poèmes du même poète.
Au théâtre d’Alger, en 1964, peu de temps après l’Indépendance, le cabaret de la Contrescarpe présentait un spectacle de chansons avec des chanteurs peu connus comme Paul Villaz qui chantait des chansons loufoques très amusantes. Mais moi, le nénuphar de tout ça, je m’en fous, je suis un végétal, ça ne me fait rien du tout. Il y avait aussi Hélène Martin, qui avait chanté dans cette soirée un poème d’Aragon extrait des Poètes : Ainsi Prague. Peu après une inconnue, Francesca Solleville, nous séduisit avec Comme à Ostende de Ferré et Caussimon et Nuit et Brouillardde Ferrat
Durant l’été 67, lorsque j’étais au Festival d’Avignon, un des spectacles donnés l’après-midi au célèbre Verger d’Urbain V, était conçu par Hélène Martin. Il s’agissait d’un montage poétique de textes de René Char, pour protester contre l’implantation de missiles à tête nucléaire sur le plateau d’Albion. Outre le texte de René Char sur le sujet, les comédiens lurent des textes des Feuillets d’Hypnos et de chansons d’Aragon ou d’Éluard chantées par Hélène Martin et Francesca Solleville. Il est permis de s’étonner que René Char, très sévère sur Aragon, ait accepté que des chansons d’Aragon soient chantées à côté de ses poèmes. Cela reste une énigme. Hélène Martin avait réussi à concilier ces deux grands poètes fort différents.
Plus tard, j’ai suivi l’itinéraire de cette chanteuse et j’ai écouté ces disques avec les mises en musique de poètes aussi divers que Supervielle, Genet, Seghers ou Queneau.
En décembre 1985, alors que je me rendais à la Maison Jean Vilar à Avignon au vernissage de l’exposition des décors d’André Acquart, un grand ami de ma famille, j’ai rencontré Hélène Martin, qui préparait un spectacle à partir du Condamné à mort de Jean Genet dans des décors de Acquart.
Depuis, je ne l’ai plus entendu souvent.
Saluons cette grande dame de la poésie et de la chanson.
Jean-Pierre Bénisti
Le condamné à mort Jean Genet
Hommage à la vie Jules Supervielle
Anthologie René-Guy Cadou
Tsiganes Pierre Seghers
Ainsi Prague Aragon
Jean Giono
https://youtu.be/iyu6L7Szo8c?list=OLAK5uy_kGIuOJGEYsjmoUCbp7brqg52q_cRomyyA
Hommage à la vie Jules Supervielle
René Char
Paul Éluard
Rue du château Luc Bérimont
Tant de sueur humaine Raymond Queneau
https://music.youtube.com/watch?v=09vOhut2cPA&list=RDAMVM09vOhut2cPA