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30 janvier 2021 6 30 /01 /janvier /2021 07:43

Le rapport sur la Guerre d’Algérie remis par Benjamin Stora au Président Macron suscite un grand nombre de réactions. Paradoxalement le texte semble à la fois critiqué aussi bien par des algériens enfants de militant du FLN, que par des pieds-noirs ou par des enfants de harkis.

     Le fait que les critiques viennent de personnes d’horizons différents, nous incite à réfléchir et considérer que ce texte peut servir à accomplir un travail mémoriel de part et d’autre de la Méditerranée, en constatant que les mémoires sont forcément différentes selon les individus. De plus, nous savons tous que nos souvenirs sont reconstruits.

 

       Le Président de la République, qui est né longtemps après la fin de la guerre d’Algérie, essaie de faire un acte de réconciliation entre français et algériens ou plutôt une réconciliation des français et des algériens avec leur histoire.

 

       Il me semble que les préoccupations actuelles des français et des algériens ne permettent pas d’envisager un travail de mémoire de façon sereine. Nous sommes tous préoccupés par la crise du Corona virus. De plus le Président Tebboune est malade et sa légitimité est contestée par le Hirak. Le Président Macron est en fin de mandat. Il semble prématuré d’envisager tout acte solennel en ces temps troublés.

 

          Benjamin Stora n’a pas assez insisté sur les liens constitutifs liant la France et l‘Algérie.

1° L’Algérie a ses frontières héritées de la période coloniale. Si les frontières algéro-marocaines et algéro-tunisiennes ont été tracées à partir du terrain par des administrateurs français, les frontières du sud subsahariennes ont été tracées loin du terrain et ont été tracées à partir des cartes, sans tenir compte de la géographie. Ces frontières ne sont pas remises en cause  par les autorités algériennes et ont été validées au premier sommet de l’OUA à Addis-Abeba en 1963.

2° La France a actuellement une constitution élaborée par le Général de Gaulle et Michel Debré, élaborée après une crise franco-algérienne et faite pour permettre la stabilité gouvernementale, nécessaire pour résoudre le problème algérien.


        Il est vain de faire l’inventaire de toutes les exactions commises au cours de la colonisation ou au cours de la guerre d’Algérie. Ces derniers sont couverts par l’amnistie des accords d’Évian, dont il importe de saluer les négociateurs, français et algériens. Ils sont arrivés à un compromis très difficile. L’amnistie n’est pas l’amnésie. L’histoire demeure et il est important que les historiens travaillent, loin des polémiques stériles.

 

        Il ne faut pas oublier que la guerre d’Algérie n’est pas une guerre franco-algérienne mais la résultante de deux conflits : conflit franco-français entre les partisans de l’Algérie française et ceux qui étaient favorables à l’Indépendance, conflit algéro-algérien entre les algériens soutenant le FLN (majoritaire) et toutes les autres forces politiques : MNA, partisan du maintien de l’Algérie au sein de la France, comme les harkis ou autres.

 

          Nous assistons actuellement à divers psychodrames : les Algériens, sont amers, car, ils n’apprécient pas le régime autoritaire institué depuis l’Indépendance et rendent l’ancienne puissance coloniale responsable de leurs malheurs. Les pieds noirs ont un profond ressentiment, car ils se trouvent comme beaucoup de populations du XXème siècle (Arméniens, Juifs d’Europe Centrale, Palestiniens ou Kurdes …) réduits au rang des personnes déplacées qui non seulement sont exilées mais ne peuvent même en cas de retour retrouver leurs pays, à la différence de travailleurs africains exilés ou de réfugiés politiques russes ou espagnols.

 

Le grand problème de la mésentente entre algériens et français vient du fait qu’ils n’ont pas souvent couché ensemble et de ce fait les communautés vivaient séparés et se méprisaient. Des colonisations ont naguère réussi lorsque les envahisseurs et les envahis faisaient des enfants ensemble. C’est ce qui s’est passé dans l’Empire romain ou dans des pays comme le Brésil.  

 

 

            Jean-Pierre Bénisti

Tipasa Mai 2013 Photo JPB

Tipasa Mai 2013 Photo JPB

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