Vu les campagnes de dénigrement qui commençaient à s’abattre sur DSK, tout pouvait laisser penser qu’il s’agissait d’une machination dans le but d’éviter que la France ait un président juif. Il n’empêche que le caractère quasi-surréaliste de l’affaire et l’absence d’informations suffisamment crédibles favorisent cette interprétation
On ne peut laisser trop aller son imagination et si les faits reprochés sont avérés, ils sont graves, explicables peut être, mais pas excusables. En admettant que les faits sont vrais, il s’agirait d’un acte impulsif et incontrôlé. « Vit qui bande n’a point d’oreilles. » dit un dicton vieux comme le monde, comme plus vulgairement « Zob qui bande n’a point de conscience. »Ces types d’acte sont bien connu des psychiatres : beaucoup de crimes et de suicides ne sont pas prémédités, ils peuvent survenir chez quiconque. Nous avons tous en tête le crime de Meursault décrit par Camus dans l’Étranger et de la tragédie du philosophe Louis Althusser étranglant sa femme. Le psychanalyste JB Pontalis vient décrire un livre sur le crime. Tous ces cas relèvent peut-être de soins psychiatriques. L’éminent médecin qu’est le Professeur Bernard Debré aurait pu parler de cela avec plus de dignité plutôt que de proférer des propos de caniveaux.
Bien sûr, les journalistes ont certainement le droit de publier des photos d’un homme en détresse. S’ils en ont le droit, ils n’en ont pas forcément le devoir
Nous avons naturellement beaucoup plus de compassion pour l’accusé que pour celle qui se dit victime, car quoi qu’il en soit, c’est quelqu’un de notre famille (la famille de gauche, bien entendu, mais aussi celle des adversaires politiques des socialistes) dont il est question. Il n’ y a rien d’étonnant à ce que Jack Lang, Badinter ou BHL volent au secours de leur ami, il est bien évident que si un homme politique d’extrême droite était accusé d’agression sexuelle, les commentaires auraient été différents. La prétendue victime, qui est certainement une personne respectable, nous ne l’avons pas vue, nous ne la connaissons pas, elle n’est pas de notre famille et c’est peut-être pour cela que nous avons moins de compassion pour elle, que pour son prétendu agresseur.
L’autre soir, à la télévision, j’avais l’impression de voir un très mauvais film où l’acteur DSK jouait le rôle d’un malfaiteur, comme il jouait auparavant celui d’un haut fonctionnaire ou celui d’un futur président de la république.
Une chose encore, cette liberté surveillée achetée avec des dollars est particulièrement gênante.
Et pour reprendre cette manchette du Canard : Élection piège à cons. Toute cette affaire se résume en une faute d’orthographe : élection/érection.
Jean-Pierre Bénisti
Voir :
Bruno Frappat : La prochaine fois, c’est promis… La Croix, 21-22 mai 2011
« Une image nous hante : celle d’un homme. Une absence d’image nous poursuit : celle d’une femme. Un homme célèbre, une femme inconnue. Un ex-futur (peut-être) président de la République. Une immigrée africaine femme de ménage dans un palace New-yorkais. Un riche, une pauvre…Tout était dit. Tout montré,(…), cet homme, donc, filmé, montré, remontré en boucle, repassant dans nos esprits, la nuit, le jour, ce non « recommandable » n’avait pas eu droit aux égards dont avait bénéficié (si l’on ose écrire) Ben Laden ».
Voir aussi : chronique d’Ivan Levai
http://sites.radiofrance.fr/franceinter/chro/lekiosque/index.php?id=105160
Une petite chansonnette
http://www.liberation.fr/politiques/06013696-c-est-peut-etre-un-p-tit-viol-sympa