La victoire de la gauche eut lieu ce soir-là. Nous l’espérions, mais nous n’osions pas y croire pour éviter d’être trop déçus. J’y croyais ferme car je m'étais rendu au Palais des sports de Lyon pour entendre Mitterrand et il paraissait nettement plus confiant que lorsque je l’avais entendu en mai 1974, la veille du second tour à Grenoble. Le 10 mai, c’est le jour de la Sainte Solange, la patronne du Berry. Ma mère s’appelle Solange ! Et elle reçut pour cette fête un bouquet de roses !
Dans notre histoire, ce jour reste un évènement heureux. Beaucoup de dépressions ont pu ce soir-là être guéries. Peut-être mai 1981 serait pour nous, le refoulement de mai 1968 et une certaine façon pour ceux qui demandaient à l’imagination de prendre le pouvoir de retourner aux réalités concrètes. Nous savons maintenant qu’il n’est pas possible d’interdire d’interdire, mais faut-il pour autant ne vivre que d’interdictions ou d’obligations ?
C’était un autre temps. Il n’y avait ni portables ni Internet et le communisme existait encore.
François Mitterrand fut un grand président, dont les français doivent être fiers.
Bien sûr, au cours de ces deux septennats, tout ne fut pas parfait. Il y eut chez cet homme, beaucoup de zones d’ombre tant dans sa politique que dans sa personnalité complexe.Mais n’oublions pas une chose : ce président a su supprimer la peine capitale. Il y a encore des pays qui ne l’ont pas aboli : les Etats-Unis, mais aussi l’Iran et la Chine. J’espère que les peuples arabes qui font actuellement leurs révolutions sauront prendre exemple sur Mitterrand pour supprimer ce châtiment d’un autre âge.
Jean-Pierre Bénisti