Si la photographie a été vulgarisée comme moyen d’information et de documentation, elle n’en est pas restée à la fidèle empreinte de l’objet intéressé. Elle peut exprimer des visions qui nous sont propres. L’appareil photo n’est pas une machine automatique, c’est l’aide-mémoire de notre œil. L’appareil saisit ce que notre œil a saisi de la réalité dans des conditions bien déterminées dans l’espace et dans le temps. Cette réalité n’est pas la réalité habituelle, elle est réfractée par le regard du photographe : « Nous avons braqué sur la durée, un œil qui l’a rendu durante. » disait Paul Claudel (1).
La nature, nous livre une série de plaisirs esthétiques : Arbres, paysages, etc.…Elles dessinent aussi des signes non-figuratifs : les tiges des plantes s’entrecroisant, l’empreinte des vagues sur le sable, les pierres rongées par l’érosion…Il appartient à l’homme de surprendre ces objets, qui ne sont pas des œuvres d’art, qui pourraient êtres vus comme tel et c’est au photographe de communiquer son regard sur l’objet.
Autrement dit, l’intérêt de la photographie ne réside pas dans l’objet photographié lui-même, mais dans l’interprétation de cet objet. L’œil du photographe capte l’image d’un seul instant vu par un seul regard. Le photographe établit une corrélation entre l’esprit, le cœur et l’œil, comme la main de l’écrivain est en corrélation avec le cœur et l’esprit
.Le spectateur d’une exposition de photo établit un regard nouveau sur le regard du photographe, avec lequel il se solidarise.
Comme dit Éluard : « Le poète, c’est le lecteur. »
Jean-Pierre Bénisti