Les mots de Saint-Pierre et de Miquelon ont toujours été pour moi mystérieux. J’ai entendu ces deux mots dans ma plus tendre enfance, en découvrant dans une boite de souliers une carte postale qu’un ami, probablement en mission, avait envoyé à mes parents.
Je ne savais pas exactement où se trouvaient ces deux îles lointaines et je les confondais avec les Antilles, la Nouvelle-Calédonie, ou Tahiti.
Dans les cartons à dessin de mon père, au milieu d’innombrables croquis, une maquette pour la couverture d’un livre d’Émile de Curton : Les îles Saint-Pierre et Miquelon. Je demandais des explications sur ce livre. Mon père me dit qu’il s’agissait d’un projet de couverture d’un livre que l’éditeur Edmond Charlot lui avait probablement demandé, et que le projet n’avait pas abouti.
Bien plus tard, j’ai entendu de nouveau parler de ces îles. Dans les années 60, chez des amis de mes parents, j’ai rencontré un monsieur qui me dit qu’il partait en mission à Saint-Pierre et Miquelon. Il m’a parlé un peu de ces territoires lointains demeurés français, après la décolonisation. J’ai su que ce monsieur était Jean Cédille, qui avait eu un rôle important en Indochine.
Une autre fois, un étudiant me dit qu’il partait enseigner dans ces îles pendant le temps de son service militaire. Je songeais à partir dans ces îles pour travailler à l’hôpital, mais j’ai vite écarté cette idée en raison de mon attachement au vieux continent.
Par le miracle d’Internet, j’ai fini par trouver le livre qui n’a pas eu une couverture dessinée par Bénisti, mais qui est paru sans nom d’éditeur à Alger, imprimé le 28 septembre 1944 sous les presses de l’Imprimerie Nord-Africaine.
Le Président de la République a eu l’heureuse initiative de se rendre dans ces îles, dont les habitants ont eu une attitude courageuse pendant la seconde guerre mondiale. Le 24 décembre 1941 les Forces françaises, libres sous la conduite de l’Amiral Muselier (1882-1966), débarquent dans l’Archipel et les deux îles rejoignent la France libre. Alain Savary (1918-1988) , qui participait au débarquement devint gouverneur de ces territoires. Il est important de rendre hommage à cet homme politique socialiste, né à Alger, qui a su démissionner en 1956 lorsqu’il s’est trouvé en désaccord avec la politique algérienne d’un gouvernement qui se disait socialiste.
Jean-Pierre Bénisti
Voir :
Émile de CURTON :Les îles Saint-Pierre et Miquelon. Imprimerie Nord-Africaine, Alger 1941
http://www.grandcolombier.pm/wp-content/uploads/pdf/EMILE%20DE%20CURTON.pdf
Le ralliement de Saint-Pierre et Miquelon à la France Libre
André-Louis SANGUIN Saint-Pierre et Miquelon, département français d’Amérique du Nord. Norois, Poitiers, 1883
Maquettes de Louis Bénisti (vers 1944)