Cette semaine, nous avons été témoins de beaucoup de tragédies : naufrages en Méditerranée, tremblement de terre au Népal etc.…
Au milieu de ces évènements tragiques, nous avons assisté à une théâtralisation de la vie politique portée à un niveau maximum.
Au cours d’une ennuyeuse cérémonie de remise de prix, un auteur dramatique surgit tout nu sur la scène provoquant le rire de toute l’assistance et le sourire embarrassé d’une ministre. Si l’effet de surprise a été réussi car il a attiré le regard de l’assistance, le message contenu dans le discours de l’acteur n’a pas été entendu. Les spectateurs surpris par l’entée de l’acteur n’étaient plus en état d’écouter le moindre discours.
Plus intéressante a été l’hommage à Jeanne d’ Arc : les enfants de Pétain honoraient la Pucelle.
Nous avons eu le droit à un Jean-Marie Le Pen, délaissant sa veste bleu marine pour une veste rouge. Il s’est sans doute souvenu que ses électeurs d’aujourd’hui sont quelquefois des électeurs communistes d’hier. Il avait d’ailleurs en son temps introduit avec Georges Marchais la politique clownesque. On avait même eu droit à un spectacle d’opérette dans l’enceinte de l’Assemblée nationale.
Voilà que notre Jean-Marie passe devant sa fille tel César devant Brutus. Il n’a pas pu lui dire : Tu quoque filia ! ; Il semblait jouer la dernière scène du Caligula de Camus : Je suis encore vivant !
La pièce n’était pas finie. Tout d’un coup trois femmes apparaissent seins nus du mouvement Femen coupant la parole à l’oratrice. Un service d’ordre musclé est venu mettre fin à la prestation des trois femmes qui parlaient du balcon d’une chambre d’hôtel louée à leurs frais. Je ne recommanderais pas cet hôtel dont le patron laisse rentrer dans les chambres, des personnes non invitées par leurs locataires. Le spectacle a été réussi et le discours de l’oratrice est passé complètement inaperçu.
Il y a eu la Jeanne d’Arc de Péguy, celle de Claudel, celle d’Anouilh. Il y aura celle des Le Pen !
Jean-Pierre Bénisti