Feraoun était un ami de ma famille. Je l’avais rencontré lorsque j’étais au lycée. Il fréquentait la librairie tenue à Alger par Edmond Charlot. La dernière fois que je l’ai vu, c’était en mai 1961, juste après le pronunciamento du 22 avril. C’était au cours de la projection du film de Jean-Marie Drot2 sur Albert Camus, dans lequel il intervenait Je lui avais montré les photos du Centre Culturel Albert-Camus, bâti par Miquel et Simounet à Orléansville (Chlef aujourd’hui), de la stèle que l’on venait d’inaugurer à Tipasa et quelques autres photos comme celle d’un graphito à la craie où l’on pouvait lire OAS, que j’avais prise en raison des qualités du dessin. Il avait été fort amusé par cette photo.
Mes parents avaient été très attristés par sa disparition en même temps que ses compagnons, qui à la veille de la fin de la guerre d'Algérie jouaient le rôle de ponts entre les communautés. Cet attentat venait peu après celui qui avait atteint en novembre 1961 Maurice Perrin, militant de la Trève civile et l'instituteur Noël Linarès en février 1962.
Roblès avait dit que Feraoun était à la Kabylie ce que Lorca était à l’Andalousie. Il ne se doutait pas que Feraoun (en 1962) et Lorca (en 1938) eurent le même destin, tous deux victimes de l'intollérance,. Plus tard, d’autres poètes furent assassinés sur la terre algérienne : Jean Sénac, et plus tard Youssef Sebti, Laadi Flici, Tahar Djaout et bien d’autres.
Jean-Pierre Bénisti
Voir :
https://histoirecoloniale.net/Mouloud-Feraoun-un-ecrivain-dans.html
https://www.sam-network.org/video/mouloud-feraoun-sur-albert-camus
https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/i10097466/chronique-de-max-pol-fouchet-sur-albert-camus
https://www.aurelia-myrtho.com/article-a-propos-de-mouloud-feraoun-70123941.html
https://www.aurelia-myrtho.com/article-a-ne-pas-manquer-numero-special-feraoun-104099765.html
Feraoun et Camus Entretien avec Guy Basset Revue l'Iivresq Alger, 2012
Féraoun par Emmanuel Roblès.