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5 mai 2011 4 05 /05 /mai /2011 11:42

1° Mariage princier : Un seul intérêt. Il s’agit d’un mariage morganatique ! C’est une première.

Pourquoi tant d’attrait pour les familles royales. Sans doute, tout un chacun fait sa petite paranoïa : Les jeunes amoureux se prennent pour Chopin et Georges Sand et les couples refusant l’union libre se prennent pour des princes et des princesses lorsqu’ils se marient. La robe de la mariée n’est pas aussi belle que celle que Libé a publiée.

279107.jpeg

Je me souviens de la chanson que je chantais dans la cour de l’école dans les années 50 :

 

C’est la reine d’Angleterre,

Terre, terre, terre, terre, terre,

Qui s’est fichue par terre,

Terre, terre, terre, terre, terre,

Avec Abdel Kader

Der, der, der, der…

Sur une toile d’emballage…

 

2° Enfin, le cardinal Woytyla  devenu Jean-Paul II est bien heureux. Le pape fait sa BA en le béatifiant

Lorsque l’on me parle de Jean-Paul II, je pense à Bessame Mucho, car un certain soir de 2005, Arielle Dombasle chantant la célèbre chanson, fut interrompue par un flash spécial annonçant le décès du pape, puis, lorsque la nouvelle fut donnée, Arielle reprit sa chanson.

Je ne suis pas convaincu par le miracle survenu chez cette nonne atteinte d’une maladie de Parkinson. Il est probable que cette personne ait eu une simple régression de la maladie ou qu’elle n’est eue qu’un syndrome parkinsonien ayant cédé psychologiquement. On a vu des paralysies dites « hystériques » céder sous hypnose.

 

  Ben Laden capturé. Obama a fait un joli coup. Justice est faite ! Cependant, j’éprouve un certain malaise.

Il s’agit d’un assassinat politique. Les Etats-Unis sont en guerre en Afghanistan, ils ne le sont pas au Pakistan.  D’autre part, il semble que Ben Laden n’ait pas opposé de résistance. Il eut mieux valu le capturer vif, même si l’organisation d’un procès eut été une source d’ennuis pour la politique américaine. D’autre part, la sépulture d’une personne, fut-elle celle d’un assassin doit être restituée à la famille du défunt et cette immersion au fond de la mer paraît surréaliste. Les piranhas vont se régaler et les vierges attendront d’autres verges.

 

4° L’accord entre palestiniens peut être positif. Il ne faut pas oublier que le conflit isréalo-palestinien masque deux autres conflits internes  inter- israèlien  et inter palestinien. Tant que ces conflits internes ne seront pas réglés, aucune solution ne sera possible. Espérons que le hamas mettra de l’eau dans son vin.

 

5° Un grand salut à Bernard Stasi, un homme politique honnète Il avait publié un rapport sur la laîcité, plus intéressant que tous les débats sarkoziens

http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/034000725/0000.pdf

 

 

 

  Jean-Pierre Bénisti.

 


 

 

 

 

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1 mai 2011 7 01 /05 /mai /2011 08:43

Baigneuses-Amphion.img447.jpg

Dessin de Louis Bénisti

1er Mai 1995, à Evian, Louis Bénisti passait sur l’autre rive….

 

Le 1er mai 1995, à Evian, Louis Bénisti nous quittait dans le grand âge. Malade depuis quelques mois, il m’avait demandé de le conduire à Evian, lieu qu’il affectionnait car il avait retrouvé dans la vision du lac Léman au nord  avec au loin la rive helvète, un paysage analogue à celui qu’il voyait à Alger avec la mer au nord et au loin la côte du cap Matifou. De plus, il avait retrouvé près d’Evian, son ami architecte Pierre-André Emery, qui originaire du canton de Vaud,    avait longtemps vécu à Alger et avait aussi remarqué la parenté des paysages.

Né à El Biar, près d’Alger, le 15 mai 1903, avant la guerre 14. Le vingtième siècle n’avait pas  encore commencé  et lorsqu’il partit toujours en ce mois de mai, ce mois si riche en événements, le siècle était bien fini.

Louis, aimait  se promener sur les hauteurs pour admirer le paysage et  se reposer sur un banc de  la plage d’Amphion, à l’ombre des pommiers  d’où il voyait les estivants se livrer aux plaisirs de la baignade. Il était souvent accompagné de Solange, son épouse qui devait partir en octobre 1990 et qui appréciait aussi la région. De ce banc, il faisait souvent des croquis lui permettant ensuite de réaliser des peintures dans son atelier. Et les baigneuses du Léman ont rejoint les petites filles jouant à la marelle dans les ruelles d’Aix-en-Provence, les bateaux du port d’Alger et les femmes assises  sur les canapés des bordels de la Casbah. .

Evian lui avait rendu un hommage en organisant en été 1990, une exposition de ses dernières œuvres. Jean de Maisonseul avait préfacé cette exposition et avait terminé sa préface par ce verset de Saint John Perse :

«  Grand âge, vous mentiez : route de braise et non de cendre…la face ardente à l’âme haute,, à quelle outrance courons-nous là ? Le Temps que l’on mesure n’est point mesure de nos jours. » 

Jean-Pierre Bénisti

 


                                                            tiPhoto-JPB-Evian698.jpg

 

Louis Bénisti sur la plage d’Amphion

 

 

 

 

Croquis de Plage     1

(La fille aux cheveux couleur d'herbe fauve.)

 

À l’approche d'une fille

Aux cheveux couleur d'herbe fauve,

Jamais lassé de voir sur elle

Mon regard lié.

Je laisse à mon désir le choix de désirer

La petite fièvre aux creux de ses épaules

Affolé du bonheur aigre-doux

De ses triangles sombres

Et salés aux aisselles

Accordant au  Silence du Monde

Tout un monde de dires

Et de langages sans mots

 

Calme, le galet murmure

Sous la caresse de l'eau claire

 

                                   

Louis Bénisti

Août  85

 Correction-Baigneuses294.jpg

Sous les pommiers, la plage...

Huile de Louis Bénisti 1979

Tout enfant, déjà. Je connaissais les plaines de pierres et de sel, où la chaleur du jour brûlait tout...

            Et déjà j'écoutais les murmures qui couraient sur les vagues d'un désert de sables de sel et de pierres... vers les horizons sans fin.

 

            Une voix très fine venue sans écho d'un lointain moment où des scarabées et des sauriens pressés de vivre avant les feux de la journée, à peine griffaient le matin pour trouver

LB-et-S-PrPres-Fleuris682.jpg

Louis et Solange aux Près fleuris  en 1985 

leur pitance, puis chichement refaits retrouvaient l'effacement et l'oubli dans le creux des terres tièdes.

            Mais, à l'approche du sol, l'oreille, peu soucieuse du froissement de l'air et du grésillement des granits, saisissait, à juste perçue, la souterraine houle d'une eau qui coulait sous les sables vers quelque mystérieux océan.

            Et je fus longtemps à cette écoute, pareille à  celle du marin aux aguets sur les calmes plats des mers sans rides.

            Alors revenait en moi un des chants d'amour que Sauveur récitait, lui qui rassurait ses quarts et ses astreintes de mer par des proverbes ancestraux prévoyant les nuées t les quatre vents.

-       Un rouf de plancher d'étable ! ...pas un seul fouet d'élingue claquant la nature.

-       Mais sur la mer en sommeil, brusquement le rapide plongeon d'un poisson cueillant une bulle, ébrouant des nageoires dans une envolée d'air sec et d'éclair argenté.

-       Mais l'oreille près de la coque épiait les frôlements des dorades et des girelles recherchant les patelles, les méduses et les anatifs... Fins murmures et secrets bouillonnements du monde des eaux.

-       Alors, dans l'ivresse de soleil et l'envoûtement des bonnasses... surgissaient les Sirènes ! ...Et  les Sirènes devenaient brises... Elles s'arrimaient et poussaient le bateau vers la bénédiction des petits frais et la fortune des vents.

Ainsi  racontait la voix de Sauveur, mon ami, le peintre maudit, le marin de l'imaginaire, homme de mer et de vent, d'évasion retenue, virant au plus près des contournements de la baie sur des rêves de risques et d'îles lointaines, lié d'amitié à celui qui écoutait les pierres, les sables et le sel.

Je les aimais ces silences où tous les possibles m'arrivaient à fleur de peau et me pénétraient les pareilles musiques des mondes sidéraux.

LB-Evian-Baigneuses681.jpg

 

Baigneuses

(Gouache de LB)

 

 

Je les aimais ces chants d'étoiles retrouvés, sur les sables, sur les eaux, les plaines, les cimes entre les crissements des insectes, les appels de l'alouette, et la brise froissant les verdures.

Le désir me vint de les prendre en reflets sur ces mémoires sonores qu'on appelle magnétophones. J'en ai eu deux. L'un petit comme un piège, l'autre plus lourd pour y enrouler les empreintes.

J'avais saisi l'air étouffé des bonasses, le poids du ciel sur la plaine, les poussées de sève sous les bois. Je désirais les vertiges érotiques planant au-dessus des cimes.

Un ami, Masa-Aké, venu du Japon pour me parler du bonheur, me parla des "Près Fleuris" où tout un luxe d'air pur, de bonne chair et de bien-être, s'accordait au calme d'un jardin suspendu au dessus de celui du lac.

Un autre ami, "Jeannot l'utopique", me parla du "Silence des Voirons".

 

                                                      Louis Bénisti

                                                      Les silences des Voirons

                                                      Evian 1985

 


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29 avril 2011 5 29 /04 /avril /2011 15:55

Deux choses importantes ont été dites ce matin sur France-Culture :

1° Danielle Sallenave nous fait part de son agacement au sujet des annonces de cellules d’assistance psychologiques à l’intention des survivants de catastrophes ou d’attentats. Ces annonces d’assistance psychologique viennent comme un rituel conjuratoire pour exorciser le mal, en supposant que les psychologues peuvent réparer les dégâts causés par les traumatismes psychiques

2°Hubert Huertas, qui vient d’écrire : la petite fille qui venait d’Alger, parle à propos de son livre, des relations étroites entre l’Algérie et la France qui n’ont pas cessé depuis la fin de la guerre d’Algérie..

   En quelque sorte, nous avons l’impression que les Français et les Algériens refoulent dans le discours qu’ils ont l’habitude de faire sur leur passé commun, une réalité que de part et d’autres ils refusent de voir.

  La Françalgérie et l’Algérifrance sont présentes   de Dunkerque à Tamanrasset. Les paraboles des télévisions en Algérie sont tournées vers la France, et celles de la France tournées vers l’Algérie.

   Un de mes amis me disait,   au temps de la guerre d’Algérie, que la tragédie  franco-algérienne  était due au fait que les français et les algériens n’avaient pas couché ensemble. .Ils commencent à le faire et c’est tant mieux !                       

  

                                                                                             Jean-Pierre Bénisti.

 

Voir:

 

http://www.franceculture.com/emission-la-chronique-de-daniele-sallenave-chronique-de-daniele-sallenave-2011-04-29.html

http://www.franceculture.com/emission-tout-feu-tout-flamme-tout-feu-tout-flamme-2011-04-29.html

http://www.huertas.info/alger/alger1.htm

 

 

 

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28 avril 2011 4 28 /04 /avril /2011 07:26

Tipaza-Stele-2.jpgTipaza649-copie-1.jpg

 

La stèle de Tipasa

 

Après la disparition d'Albert Camus (le 4 janvier 1960) ses amis se réunissaient souvent notamment dans la galerie d’art que dirigeait Edmond Charlot.  C’est là qu’ils émirent le projet de rendre un hommage à Camus par l’érection  d’une stèle à Tipasa. La décision définitive fut prise à Lourmarin par Francine Camus, Jean de Maisonseul, Louis Bénisti et Louis Miquel. Ce dernier reçut mission de trouver à Tipasa l’emplacement qui conviendrait à une telle implantation.  Le site choisi était placé  sur une ligne  joignant le sommet du Mont Chenoua au Tombeau de la Chrétienne. On fit appel au talent de sculpteur de Louis Bénisti pour graver, en caractère romain sur une pierre antique, une phrase de Noces : « Je comprends ici ce qu’on appelle gloire : le droit d’aimer sans mesure. » Ce choix eut l’accord de René Char et de Jean Grenier.

Camus avait emprunté cette phrase à Saint-Augustin : » La mesure d’aimer, c’est aimer sans mesure. »

L’installation de la stèle fut confiée à Louis Miquel qui l’effectua avec l’aide, tout à fait amicale  et désintéressée de l’entrepreneur  Alfred Espert. Son inauguration eut lieu le 29 avril 1961 à une époque particulièrement troublée par la fin de la guerre d’Algérie. A cette émouvante cérémonie assistait un petit groupe d’amis (1) qui, peu de temps auparavant étaient présents à l’inauguration d’un magnifique centre culturel à Orléansville (Chlef aujourd’hui) Ce bâtiment, œuvre des architectes Louis Miquel et Roland Simounet, allait bientôt recevoir le nom de « Centre Culturel Albert Camus » . (2)


                                                                                              Jean-Pierre Bénisti

 

 

 

(1)Il s’agissait de : Louis et Jeanne Miquel, Charles et Alice Poncet, Alfred Espert et sa femme, Jean-Pierre et Jeanne Faure, Roland Simounet, Edmond Charlot, Jean Bossu, Marcel Mauri, Maurice Girard, Edmond Brua, Marcelle Bonnet-Blanchet, Pierre-André et Germaine Emery, Jean et Mireille de Maisonseul, Louis, Solange et Jean-Pierre Bénisti.

        (2) Camus s’était intéressé à la construction de ce centre et notamment de son théâtre..

Voir Blog précédent

 Tipaza--Stele-1-copie-1.jpg

 

Voir :

Jean-Pierre Bénisti : Bénisti, Camus et Tipasa. Actes du Colloque d’Alger et Tipasa avril, 2006. Camus et les lettres algériennes, sous la direction de Afifa Bererhi. Blida, éditions du Tell, 2007

Jean-Pierre Bénisti : La stèle de Tipasa, Collection Lubenoua,, Rousset, éditions de la Bastide, 2010.

Amina Bekkat : Le Malentendu : in Albert Camus, précurseur: Méditerranée d'hier et d'aujourd'hui actes du colloque de Madison, 2006, sous la direction se Alek Baylee Toumi.

http://books.google.fr/books?id=Zk_T5sOFzmAC&pg=PA9&lpg=PA9&dq=Saint+Augustin+aimer+sans+mesure+Camus&sour

Maïssa Bey : L’ombre d’un homme qui marche au soleil, Réflexions sur AC Préface de Catherine Camus. Le Chévrevrefeuille étoilée, Montpellier , 2004,réédition, 2006.

Maïssa Bey : Vous cherchez Camus, il est là-bas ! Le Monde, 5 mai 2006.

http://ddooss.org/libros/768138_sup_liv_060504.pdf

Jean-Pierre Castellani : De Albert Camus a Maïssa Bey, miradas cruzadas, de una Argelia a otra

http://bibliotecavirtual.unl.edu.ar:8180/publicaciones/bitstream/1/2229/1/HF_5_6_pag_78_84.pdf

Henri Tincq : Augustin d’Hippone, un intellectuel engagé devenu « docteur de la grâce », Le Monde, 15 juillet 1999. 

http://www.litt-and-co.org/citations_SH/r-z_SH/tincq_st-augustin.htm

 



Photos Jean-Pierre Bénisti  prises le 28 avril 1961


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22 avril 2011 5 22 /04 /avril /2011 13:24

Un samedi d’Avril 1961 à Alger. Yamina, qui avait l’habitude de venir faire le ménage chez nous le matin de bonne heure, en nous apportant le quotidien du matin arriva en nous disant : « Macache Journal, aujourd’hui. » L’absence du quotidien était inquiétante. Mon père mit la radio que nous n’écoutions que dans les grandes occasions et l’on entendit un communiqué nous apprenant que les généraux Challe, Jouhaud, Zeller et Salan avaient pris le pouvoir en Algérie en vue de continuer le combat pour éviter l’abandon du pays. L’Algérie venait de faire sécession selon un scénario proche de celui du 13 mai 1958.  Nous étions très anxieux et nous nous demandions comment les choses allaient tourner. L’Algérie devenait un canon braqué sur la France. Une prise de pouvoir par les militaires semblait possible en France, si l’armée devait basculer entièrement du côté des auteurs de ce  pronunciamiento et le spectre de la guerre civile type guerre d’Espagne revenait. .Dans la matinée de ce 22 avril, à la sortie du lycée je rencontrais mon camarade Charles Sfar qui me dit : « Fais attention Jean-Pierre ! Si j’ai un conseil à te donner, il est bref : tu la fermes ! Et dis-toi bien qu’aujourd’hui, il n’y a qu’une chose qui doit compter pour toi, c’est d’obtenir ton bac et dans cette période troublée c’est important de l’obtenir. » Je voudrais le remercier de ce conseil qui m’a rendu service... Je continuais à aller au lycée comme d’habitude, j’entendais les élèves satisfaits du putsch, ironiser sur le discours de De Gaulle se terminant par « Françaises, français, aidez-moi ! » et sur celui de Debré appelant à se rendre à pied et en voiture, mais pas à cheval !)  aux aéroports dès que les sirènes retentiraient.

Le mardi 25 avril, mon père revint du lycée très affecté : des parachutistes en armes étaient rentrés dans le lycée et avaient arrêté trois collègues : Bonici, professeur d’histoire, Burel, professeur de dessin et Claude Oliviéri, professeur de lettres. Ils avaient dû être incarcérés. Mon père nous dit qu’il s’était plaint auprès du proviseur de l’entrée de parachutistes dans l’enceinte du lycée sans l’autorisation du recteur. Le proviseur lui ayant répondu : « Qu’est-ce que vous voulez que je fasse, devant des mitraillettes1. » Par ailleurs on apprit qu’alors que des professeurs étaient incarcérés pour leurs idées, les tueurs à gage, assassins de  Maître Popie étaient libérés.

Alors que je travaillais assez tard dans la nuit, mes  parents ne s’étaient pas couchés et étaient pendus aux nouvelles à la radio. Ils écoutaient un très vieux poste de TSF (comme on disait à l’époque) qui captait des émissions émises depuis le continent européen. Ils apprirent que l’armée régulière avait repris le contrôle de l’Algérie, grâce à l’action des militaires du contingent. Il devait être minuit et nous ne dissimulions pas notre satisfaction. Dans la rue on entendait des hommes et des femmes en larmes qui avaient cru à la réussite du putsch. Malgré notre satisfaction, nous comprenions le désespoir exprimé par nos compatriotes.

Le lendemain, alors que j’étais dans la classe  de Monsieur Weiss qui nous parlait de Pascal, des élèves se regroupaient et manifestaient dans la cour du lycée au cri de : Algérie Française ! De Gaulle salaud ! Debré culo2 ! Puis ils entonnèrent la Marseillaise.. Le professeur dut interrompre son cours. Peu rassuré, je sortis dans la cour et voyant Monsieur Chambon, mon professeur d’éducation physique, je lui demandais de me faire sortir du lycée. Grâce à ce professeur, je pus m’échapper du lycée par une porte dérobée

Nous avons su que des soldats du contingent démobilisés qui s’étaient embarqués sur un bateau, avaient quitté Alger en chantant la chanson d’Édith Piaf : Non, je ne regrette rien.  Le refrain de cette chanson est, selon les freudiens, une dénégation. Autant dire que les regrets se ramassaient à la pelle !

Le lycée devait fermer huit jours en raison de l’agitation des élèves.

Pierre Grou et Denis Thomas vinrent me rendre visite et m’apprirent que nous l’avions échappé  belles : L’OAS avait l’intention de mobiliser tous les jeunes de plus de dix-huit ans. J’ai bien retenu cela et j’en ai plus tard tenu compte. Quand en septembre 1962, je lus dans le Monde un communiqué de l’ex-général Salan, chef de l’OAS, qui les jeunes français d’Algérie  de plus de dix-huit ans devaient se considérer, comme des soldats mobilisés sur place, je pris la décision de quitter l’Algérie, ne voulant pas avoir à obéir à des généraux félons.

Le samedi 29 avril, devait être organisé l’inauguration de la stèle de Tipasa, qui venait d’être scellée.  Ce monument a été érigé sur le promontoire qui correspond à la nécropole de l'Evêque Alexandre, dans le parc des ruines de Tipasa.

Courant mai, nous avons été invités à une   projection privée du film de Jean-Marie Drot consacré à Camus, qui avait lieu dans les nouveaux locaux de la RTF sur les hauteurs d’Alger. Il y avait Charles Poncet, Jean de Maisonseul,   Louis et Jeanne Miquel, Jean-Pierre et Jeanne Faure, Edmond Charlot et des personnes qui devaient disparaître bientôt : Sauveur Galliero nous confia qu’il se sentait très fatigué. On ne savait pas encore qu’il était atteint d’une leucémie et qu’il devait s’éteindre au printemps 1963. René Sintès3, peintre de talent de père français et de mère algérienne devait disparaître en avril 1962, on ne sut jamais dans quelle condition. Mouloud Feraoun fut assassiné par l’OAS le 15 mars 1962..

J’avais montré aux amis les photos que j’avais faites à Tipasa et celles du graphito de l’OAS qui avaient d’ailleurs particulièrement amusé notre ami Feraoun.

Le film de Jean-Marie Drot était très réussi et il est dommage qu’il n’ait pas été archivé.  Il y avait des entretiens avec Roger Grenier, Brice Parain, Manes Sperber, Suzanne Agnelli qui était la secrétaire de Camus, mais aussi le Pasteur de Lourmarin Philippe Jecquier et le forgeron de Lourmarin Reynaud qui nous dit : « Quel homme sympathique, ce Monsieur Camus et vous voulez que je vous dise franchement, je crois qu’il aimait beaucoup le théâtre. »Lorsque je vins à Lourmarin en août 1961, j’appris que ce forgeron venait de succomber à une crise cardiaque. Mouloud Feraoun4 parla de Camus avec beaucoup de sincérité de celui qui disait «  qu’il a mal à l’Algérie comme d’autres ont mal aux poumons. » 

 

Après quelques pourparlers secrets, le FLN acceptait de dialoguer avec le gouvernement français dans le but d’aboutir à un cessez-le-feu. Le ministre des Affaires algériennes Louis Joxe devait organiser une conférence à Évian. Cette ville avait été choisie en raison de ses capacités hôtelières et de sa proximité avec la Suisse. Roland Bacri dans le Canard enchaîné fit son calembour sur Évian : Évian bonne eau, besef   Avant l’ouverture de la conférence, le maire d’Évian  Camille Blanc devait être assassiné. L’OAS frappait en France de façon particulièrement imbécile. Le maire d’Évian était une personne tout à fait respectable. Dix ans plus tard, fin 1970  je devais travailler comme stagiaire interné à l’hôpital d’Évian portant  le nom de Camille Blanc. La conférence fut interrompue très vite, officiellement à cause du Sahara, en fait il s’agissait sans doute de désaccord  interne entre dirigeants du FLN. Et quelques mois après, le GPRA devait changer de président : le pharmacien Ferhat Abbas sera remplacé par un autre pharmacien Ben Youcef Ben Khedda.

 

Le 5 juillet 1961, le FLN déclenchait une journée de grève générale des travailleurs algériens. Cette grève très suivie montrait la détermination des Algériens à obtenir leur indépendance.

J’ai eu avec mon père une très grave discussion au sujet du terrorisme. Il y avait dorénavant deux terrorismes : celui du FLN, qui était toujours présent et  qui visait non seulement des européens, mais des musulmans opposés à l’indépendance de l’Algérie, des militants nationalistes appartenant au MNA de Messali Hadj (on se souvenait du massacre de Melouza)  ou des dissidents du FLN et celui de l’OAS, qui commençait à sévir : après Maître Popie, Camille Blanc, le maire socialiste d’Évian, le commissaire de police Gavoury devait succomber à un attentat. J’expliquais à mon père que si les deux terrorismes étaient condamnables, l’OAS était plus malfaisante, car elle faisait courir le risque  de ruiner les chances de coexistence des populations dans l’Algérie future, mais aussi son influence risquait de déstabiliser la France en instituant un régime  fascisant. Dans ces conditions, et en ce qui me concerne, je choisissais le FLN. Mon père n’était pas insensible à mes arguments, bien qu’il jugeât ma pensée pas assez nuancée, il .me dit cependant, qu’il fallait que je garde mes opinions pour moi, car elles étaient trop dangereuses. Camus avait prédit dans son appel pour une trêve civile que si l’on n’arrivait pas à s’entendre sur l’arrêt des hostilités, chacun rejoindrait son camp. J’avais donc choisi mon camp et ce n’était pas celui de ma communauté, c’était celui de mes idées et de mes valeurs et comme l’avait dit JJSS5 dans un éditorial de l’Express : il valait mieux le FLN à Alger, plutôt que l’OAS à Paris. Aujourd’hui, en essayant de réfléchir à distance  sur mes positions de l’époque, je m’aperçois que je suis actuellement moins rigide, mais comme disait Aragon : « Il faut juger alors avec les yeux d’alors. »

 

Après le 22 avril 1961, l’histoire s’accéléra et l’Algérie devint indépendante en juillet 1962.  Beaucoup d’eau a coulé sous le pont Mirabeau et aussi beaucoup de larmes et de sang.

 

Un samedi de juin 1965 à Alger. Yamina, qui avait l’habitude de venir faire le ménage chez nous le matin de bonne heure, en nous apportant le quotidien du matin arriva en nous disant : « Macache Journal, aujourd’hui. »  L’absence du quotidien était inquiétante. Mon père mit la radio que nous n’écoutions que dans les grandes occasions et l’on entendit un communiqué laconique nous informant que l’armée avait pris le pouvoir à Alger. Le putsch, cette fois-ci avait réussi, ce n’était pas un quarteron de généraux, ce n’était qu’un colonel !

 

                                                                                                       Jean-Pierre Bénisti

 

 

 

 

Notes :

 

 

1. Voir : Claude OLIVIÉRI : Je me souviens…In  Jean SPRECHER  À contre-courant, éditions Bouchène., 2001, page 173.

2. : culo : mot espagnol signifiant cul. En Algérie, insulte désignant un pédéraste.

3..: René Sintès. Peintre franco-algérien, ami de Maisonseul, Edmond Charlot et JAR Durand, disparu en mai 1962.

        4.. Mouloud FERAOUN : Albert Camus, Les Lettres Françaises, n° 922, 22 mars 1962.on pourra voir la séquence du film de J.-M. Drot  sur :

http://www.dailymotion.com/video/x2jnsy_mouloud-feraoun-a-propos-du-silence_news

Voir blog précédent : à propos de Mouloud Féraoun, 24 mars 2011

5. JJSS : Jean-Jacques Sevan-Scheiber, directeur de l’Express

 

 

 

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11 avril 2011 1 11 /04 /avril /2011 14:12

Il y a cinquante ans, le 4 avril 1961, était inauguré à Orléansville (aujourd’hui Chlef), le Centre Culturel Albert Camus. Ce centre devait être conçu dans le cadre du plan de reconstruction d’Orléansville après le séisme de 1954. Camus qui s’était rendu à Orléansville avait fait part à Miquel et Simounet de ses observations sur un projet de théâtre au sein de ce centre1...( A l’occasion de l’ouverture de ce centre, il y, eut quelques manifestations artistiques. Mon père, le peintre Louis Bénisti, qui avait travaillé avec Miquel et Emery au théâtre de l’Equipe d’Albert Camus dans les années 30, devait de nouveau aider Miquel  en organisant une exposition de peintre amis de Camus. Parmi les artistes qui exposaient, il y avait Galliero, De Maisonseul, Assus, Caillet, Clot, Degueurce, Suzanne Delbays, Thomas-Rouault, Marie Viton, Étienne Chevallier, Maurice Girard, Nicole Algan, Bénisti…..

Le centre n’était pas un théâtre traditionnel, mais un lieu de théâtre, ressemblant aux Maisons de la Culture, que Malraux devait promouvoir dans les années 60 à Chalons sur Saône, Bourges, Thonon, ou Grenoble. Louis Bénisti nous dit dans un entretien de 1990 :: « il est à noter que Miquel et Simounet se sont  mis d’accord pour mettre sur pied toutes les initiatives théâtrales que Camus, Miquel et Simounet, Émery avaient réunis en étudiant non seulement le théâtre à l’Italienne, le cirque romain, le théâtre japonais, le théâtre oriental et ils avaient essayé de réunir tous ces éléments pour faire ce qu’on pourrait appeler un lieu culturel et c’était véritablement un lieu culturel dans lequel il y avait différentes possibilités de manifestations théâtrales. Il est à noter toutefois que je ne sais pour quelles raisons, à cause peut-être du caractère de Simounet et de Miquel et d’Émery aussi, qui certainement avait participé à la réflexion de ce théâtre, ce théâtre  a été bâti avec un certain rigorisme, un certain puritanisme, on pourrait dire que par exemple il y avait une scène qui se déployait devant un amphithéâtre un peu à la romaine, mais un amphithéâtre de béton avec une circulation, mais point de velours et point de fauteuils et point de coussins, chacun  devant apporter les commodités de son siège. »  Il y avait aussi un théâtre de plein air devant la piscine  « sur un théâtre extérieur qui était organisé toujours avec des gradins surplombant un théâtre aquatique constituant une piscine d’un très beau dessin et sur laquelle on pouvait organiser des représentations nautiques. Et ça c’était très beau. »2 La cérémonie d’inauguration commençait à onze heures par un discours de Poncet prononcé dans le théâtre de plein air devant la piscine. Poncet retraça le passé algérien d’Albert Camus et insista sur son intérêt pour la reconstruction d’Orléansville et que «  depuis le 4 janvier 1960, son souvenir nous accompagne chaque jour », il cita Morvan Lebesque qui considérait Camus comme « le dernier des Justes. ». L’après-midi nous devions assister à une série de spectacles de théâtre des pièces qui venaient d’être mis en scène avec des jeunes stagiaires du Centre. Il y avait d’abord Meurtre dans la Cathédrale de TS Eliot, mis en scène par Jean Rodien dans le théâtre couvert, puis un spectacle en langue arabe de Ould Abderramane Kaki, avec beaucoup d’intermèdes musicaux et chorégraphiques, puis nous sommes sortis du théâtre couvert pour assister à la représentation de la Mégère apprivoisée de Shakespeare en langue arabe, mise en scène par Kamel Babadoun, dans le théâtre de plein air devant la piscine. Le spectacle devait se terminer par une plongée des acteurs dans la piscine... Nous sommes de nouveau retourné dans le théâtre couvert où la troupe des Capucines présentait un spectacle pantomime : un conte bulgare, un ballet sur une musique de Duke Ellington. Cette troupe des Capucines était dirigée par Françoise Becht, qui devait devenir la première femme de Simounet. Il y avait dans cette troupe  Boudjemaa Bouhada, qui peu après devait rejoindre la troupe parisienne de Jean-Marie Serreau et jouer dans les pièces de Kateb Yacine. Il devait mourir prématurément en juin 1990. Après un entracte pour nous permettre de nous restaurer, nous devions voir le soir une représentation de Prométhée enchaîné, dans une mise en scène d’Henri Cordreaux.

Au cours de cette journée nous avons beaucoup échangé. Nous avons vu notamment les Perrin, qui avait été le condisciple de Camus et Fréminville dans la classe d’hypokhâgne du Lycée d’Alger3.) . Nous ne nous doutions pas que trois mois plus tard Maurice Perrin devait être assassiné par un commando de l’OAS. 

Peu de temps, après l’inauguration  du ce centre culturel, devait être inauguré  à Tipasa, le 29 avril, la stèle  à la mémoire de Camus gravé par Louis Bénisti. Sur cette pierre romaine était gravée  une phrase de Camus : Je comprends ici ce qu’on appelle gloire, le droit d’aimer sans mesure.4 »

Je suis retourné en 1965 à Orléansville devenue El Asnam après l’Indépendance. Le centre était ouvert et il semblait avoir quelques modestes activités. J’en informais Miquel au cours d’un passage à Paris qui semblait rassuré de l’utilisation de son théâtre.

Monsieur Maurice Besset, spécialiste de l’architecture moderne et ancien conservateur du musée de Grenoble fit une visite en Algérie indépendante uniquement pour voir les œuvres de Miquel et de Simounet 5

En 1980 un nouveau séisme atteignit la plaine du Chelif et devait atteindre Orléansville devenue depuis El Asnam. Et comme pour essayer d’oublier cette catastrophe El Asnam devint alors Chlef. Beaucoup de bâtiments furent détruits, le Centre résista. Louis Miquel aurait voulu revoir l’état de son œuvre, mais il ne put réaliser ce voyage.

J’ai appris récemment que le Centre Camus était devenu le Centre Larbi Tebessi, du nom du fondateur avec le Cheikh Ben Badis, de la société des Oulémas. Je voudrais signaler à ces honorables fonctionnaires qui ont pris la responsabilité de débaptiser le bâtiment, que Albert Camus fut un jour le défenseur d’un ouléma le Cheikh El Okbi, lorsqu’il avait été incarcéré par l’administration coloniale.

            Nous avions perçu au cours de cette réunion d’inauguration à Orléansville qu’une Algérie ouverte et fraternelle était encore possible. Les jours suivants cette journée devaient être de plus en plus noirs.  

 

Jean-Pierre Bénisti

 

NOTES :

 

  1. Voir Roland SIMOUNET : Traces écrites. Pézénas, éditions Domens, 1996
  2. Voir Entretien de Louis Bénisti avec Jean-Pierre Bénisti (inédit)
  3. Voir ; JPB La Khagne du lycée d’Alger  (aricle du mars 2011 sur ce Blog)
  4. Voir Jean-Pierre Bénisti:,  Bénisti, Camus et Tipasa : Actes du colloque de Tipasa, d’Avril 2006  organisé sous la direction d’Afifa Bererhi; Albert Camus et les lettres algériennes, l’espace de l’interdiscours  p. 493-503. Blida, éditions du Tell, 2007
  5. Maurice Besset (1921-2008) historien d’art proche de Le Corbusier auteur  de Nouvelles architectures françaises, Ed ; Niggle et Teufeu, Suisse1968. Voir André Fermigier : Les bâtisseurs clandestins Le Nouvel Observateur, 17 avril 1968. « Les réalisations les plus brillantes de l’architecture française contemporaine  se situent peut-être hors de France, en Afrique du Nord, par exemple (…) où Jean Bossu, Louis Miquel et Roland Simounet, l’Atelier d’Urbanisme et d’architecture, ont construit des édifices sociaux ou culturels tout à fait remarquables. »

 

 

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OrléansvilleSimounet Miquel Émery233

 

La piscine du Centre AC

Au milieu, on reconnaît  Henri Cordreaux

Photo JPB

 

 

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Le théâtre de plein air du centre 

On reconnaît Jeanne Miquel, Louis Bénisti, Louis Miquel

Photo Jean Degueurce

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31 mars 2011 4 31 /03 /mars /2011 08:32

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Dans les nombreux livres d’images consacrés à Camus, une photo est presque constante c’est celle de la photo de classe de l’hypokhâgne du lycée Bugeaud d’Alger. Il est rare que cette photo soit accompagnée de légende. On insiste surtout sur le fait qu’il est le seul garçon a ne pas porter le  calot traditionnel du  khâgneux.

J’ai pu identifier plusieurs condisciples du futur écrivain : Sur la photo célèbre de la classe d’hypokhâgne du lycée Bugeaud, on reconnaît au centre Monsieur Paul  Mathieu, professeur de français, Monsieur Sauvage, proviseur, Monsieur Garoby, professeur d’histoire et géographie et Évelyne Izac. Au deuxième rang, à l’extrême droite, Jean Bogliolo, et de droite à gauche  André Bélamich,une étudiante inconnue et Claude de Fréminville, derrière le proviseur.Toujours au deuxiéme rang, mais à l'extrême gauche Marcel Chiapporé, puis Paul Boyer.

Au dernier rang, de droite à gauche Maurice Perrin, puis Albert Camus sans calot.

Jean Bogliolo, qui obtint en hypokhâgne, le premier prix de philo devant Camus, s’essaya à l’écriture et publia chez Charlot Broussailles. Il devint ensuite un professeur de lettres estimé et resta au lycée Gauthier d’Alger jusqu’au début de l’indépendance de l’Algérie. 

Marcel Chiapporé devint professeur de grec à la faculté d'Alger, puis à celle de Dakar.

Paul Boyer enseigna les lettres au lycée Bugeaud puis au lycée de Hyère.

Maurice Perrin, militant de la Trêve civile, fut assassiné par l’OAS en novembre 1961.

Claude de Fréminville devint  le célèbre Claude Terrien, journaliste à Europe n°1

André Bélamich, devint traducteur de Federico Garcia Lorca  pour le compte des éditions Gallimard

Evelyne Izac, devint plus tard Evelyne Baylet, mère de Jean-Michel Baylet et directrice de la Dépêche du midi.  Elle entretint des liens étroits avec François Mitterrand et René Bousquet (de sinistre mémoire)

Les autres personnes ne sont pas identifiables et  il est étonnant que depuis la disparition de Camus, ces personnes ne se soient pas manifestés auprès des camusiens.

Par la suite, la khâgne de Bugeaud devait avoir d’autres élèves prestigieux comme : Assia Djebbar, Pierre Rivas ou plus récemment Jean-Pierre Castellanni  ou Mauricette Berne.

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            Après la disparition de Camus, étonné que les autorités françaises ne prirent pas l’initiative de débaptiser le lycée Bugeaud en lui donnant le nom de son illustre ancien élève prix Nobel, nous eûmes l’idée,  avec mes camarades Pierre Grou, Jean Alla et Denis Thomas, de faire une souscription pour mettre dans le hall du lycée une plaque commémorative en souvenir de Albert Camus. Grou trouva le père d’un camarade qui était marbrier pour la gravure et entama des négociations avec le proviseur et le Professeur Mathieu. Quand les autorités donnèrent leur accord, il fallait trouver les fonds auprès des élèves et des professeurs. Monsieur Weiss, notre professeur de lettres prit l’initiative d’inviter les élèves de notre classe à souscrire et il fit l’éloge du grand écrivain de l’Afrique du Nord. Trois élèves sur trente-cinq souscrirent, cela illustrait bien le désintérêt des Français d’Algérie pour leur glorieux compatriote. La plaque fut placée en catimini sans inauguration au parloir du lycée  et l’on pouvait lire :

                                Albert Camus

                                  1913-1960

                        Prix Nobel de Littérature 1957

                   Élève du lycée  Bugeaud de 1924 à 1933.

      Lorsque, en 2004, Nazim, le fils de mon ami Belkacem Benchikh, me conduisit au parloir du lycée Bugeaud devenu Emir Abdel Kader, je constatais que la plaque était toujours là et j’en envoyais une photo à mes amis. Charles Bérenguer, ami  récemment disparu, me répondit au sujet de cette plaque  « : Merci pour (…) La photo de la plaque commémorative. Après tout, ce qui a pu être dit "entre ma mère et la justice" et la campagne de désinformation dont il a pu faire l'objet, la vision de cette plaque, aujourd'hui en place, me fait l'effet de ses roches éternelles que la houle la plus bestiale n'arrive pas à ébranler de ses coups de boutoir et que la vague apaisée vient caresser ensuite. »

 

                                                                                                                                                         Jean-Pierre Bénisti

 

 

Voir :

 

Album Camus, iconographie choisie et commentée par Roger Grenier. Gallimard,, Bibliothèque de la pléiade, 1982.

Paul Mathieu : Petite histoire de la Khâgne africaine (Avant-propos de Guy Basset) in Présence d’Albert Camus. Revue publiée par la  Sociétés des études Camusiennes, n°1 2010.

 

Casbah22647.jpg

Le Lycée vu de La Casbah

Photo JPB (1966)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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31 mars 2011 4 31 /03 /mars /2011 08:21

Puy660

Au Puy en Velay le Président Sarkozy a parlé des racines chrétiennes de la France.En retrouvant un vieux guide touristique des années 50, je m’aperçois que les architectes de la cathédrale du Puy ont été inspirés par les architectes arabes, les photographies du cloître du Puy et de la mosquée de Cordoue juxtaposées (1) (L’auteur du guide avait dû être inspiré par Elie Faure  et Malraux qui furent les premiers à oser juxtaposer les œuvres d’art  d’époque ou de culture différente).

Le président aurait donc pu parler au Puy des racines islamiques de la France.

 

(1) André Chanal, Le Puy, éditions Xavier Mappus, Le Puy, 1954.

 

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30 mars 2011 3 30 /03 /mars /2011 08:49

La politique sarkozienne a une grande qualité : elle sait lancer des débats qui se transforment en psychodrame. Après le débat sur l’identité nationale, voilà le débat sur la laïcité et sur la place de l’Islam en France. Il n’y a aucun sujet qui ne soit pas digne d’un débat. Tous ses débats de société nous intéressent, à condition qu’ils se situent loin des joutes politiciennes  et des campagnes électorales.Un psychodrame qui ne dit pas son nom vient de s’installer :

Voilà qu’une personnalité musulmane propose le port d’une étoile verte pour les musulmans, révélant le désir inconscient de certaines personnes appartenant à des minorités actives à adopter une position victimaire par mimétisme : le port de l’étoile verte musulmane s’identifiant à  l’étoile jaune juive.

Voilà Monsieur Jean-François Copé qui essaie de prendre la posture d’Albert Camus en publiant une lettre à un ami musulman, qui n’a pas la qualité des lettres à un ami allemand, ou de la lettre à un  ami juif de Ibrahim Souss et de à un ami israélien de Régis Debray.

Attention, ces jeux sont dangereux. Il est temps de s’arrêter !

 

                                             Jean-Pierre Bénisti.

 

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24 mars 2011 4 24 /03 /mars /2011 17:20

IMG 1897

Hier soir, j’ai suis allé à une représentation d’une adaptation théâtrale du Journal de Mouloud Féraoun. Ce spectacle donné par la compagnie théâtrale "les passeurs de mémoire "devrait être donné à l’intention des élèves des lycées

Je recommande ce spectacle très réussi .

 

    Ce soir, le Monde  (dâté du vendredi 25 mars) consacre un article à monsieur Patrick Buisson, qui serait le conseiller du président Sarkozy pour l’extrême droite. Ce monsieur Buisson, le 19 mars 1962 avait à l’âge de treize ans refusé de s’associer à la minute de silence recommandée par le ministre de l’Éducation  nationale en hommage aux six inspecteurs tués par l’OAS le 15 mars  1962. Il avait l’excuse d’être jeune et de toutes les façons, il est couvert par l’amnistie des accords d’Évian1  

 

    Feraoun était un ami de ma famille. Je l’avais rencontré lorsque j’étais au lycée. La dernière fois que je l’ai vu, c’était en mai 1961, juste après le pronunciamento du 22 avril. C’était au cours de la projection du film de Jean-Marie Drot2 sur Albert Camus, dans lequel il intervenait Je lui avais montré les photos du Centre Culturel Albert-Camus, bâti par Miquel et Simounet à Orléansville (Chlef aujourd’hui), de la stèle que l’on venait d’inaugurer à Tipasa et quelques autres photos comme celle d’un graphito  à la craie où l’on pouvait lire OAS, que j’avais prise en raison des qualités du dessin.  Il avait été fort amusé par cette photo.

 

    Roblès avait dit que Feraoun était à la Kabylie ce que Lorca était à l’Andalousie. Il ne se doutait pas que Feraoun  (en 1962) et Lorca (en 1938) eurent le même destin, tous deux victimes de l'intollérance,. Plus tard, d’autres poètes furent assassinés sur la terre algérienne : Jean Sénac, et plus tard Youssef Sebti, Laadi Flici,  Tahar Djaout et bien d’autres. 

 

                                                                                                               Jean-Pierre Bénisti

 

 

 

 

 

 

 

(1)  On pourra se reporter au site de la LDH Toulon

 

http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article3218

 

(2) on pourra voir la séquence du film sur :

http://www.dailymotion.com/video/x2jnsy_mouloud-feraoun-a-propos-du-silence_news

 

http://www.ina.fr/video/I07058700/max-pol-fouchet-presente-le-journal-de-mouloud-feraoun.fr.html

 

http://blogs.mediapart.fr/blog/anne-guerin-castell/010910/passe-passe-memoriel-quai-branly-23

 

Voir aussi :

http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article4358

 

 

http://marchandferaoun.free.fr/

 

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Article de Roblès Alger-revue 1955

 

 

 

 

 

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Les Lettres Françaises Mars 1962

 

 

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Photo JPB

 

 

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