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30 avril 2015 4 30 /04 /avril /2015 14:27

Dans le cadre du Centenaire d'Edmond Charlot, inscrit au calendrier des Commémorations nationales, la Maison Jules-Roy vous invite à découvrir une exposition consacrée au libraire-éditeur qui publia à Alger, dès 1936, les premiers ouvrages d'Albert Camus et ceux de tant d'autres écrivains de premier plan.

Exposition Edmond Charlot

Du 18 au 24 mai 2015

Exposition ouverte de 14 h à 18 h du mercredi au dimanche,

de 14 h à 17 h le lundi, fermée le mardi. Entrée libre.

L'exposition retracera les grandes étapes de la carrière d'Edmond Charlot, et présentera de nombreuses éditions originales, lettres et articles, documents rares et précieux issus du fonds Jules Roy ou prêtés par des collectionneurs.

Hommage à Edmond Charlot par Guy Dugas et Guy Basset

Samedi 23 mai 2015, à 16 h 30

Guy Dugas est professeur des Universités, spécialiste du Monde arabe, directeur du Fonds Roblès-Patrimoine méditerranéen, auteur de multiples ouvrages dont Jules Roy chez Charlot (Domens, 2007) et Emmanuel Roblès chez Charlot (Domens, 2014). Guy Basset est spécialiste d'Albert Camus, membre du Conseil d'administration de la Société des Études camusiennes. Il a participé au Dictionnaire Camus (Bouquins, 2009) et a publié un Camus chez Charlot aux éditions Domens en 2004.

Le samedi 23 mai, on évoquera notamment les relations entre Edmond Charlot et Jules Roy, qui occupe une place de choix dans l'activité éditoriale d'Edmond Charlot: présent dès 1942 dans les premières années des éditions à Alger, il dirige quelque temps, après guerre, la collection "Ciel et terre". Son roman La Vallée heureuse, prix Renaudot 1946, assura un moment une assise financière aux éditions à Paris. Jules Roy figure également comme auteur, à deux reprises, dans la dernière collection que dirigea Edmond Charlot à la fin de sa vie à Pézenas. On évoquera également Max-Pol Fouchet, qui fut, comme Jules Roy, directeur de collection chez Charlot: dans la collection "Fontaine" furent publiés entre autres auteurs Pierre Emmanuel, Georges-Emmanuel Clancier, Pierre-Jean Jouve ou encore Rainer Maria Rilke.

Le Centenaire Edmond Charlot a réuni de nombreux partenaires, entre autres: l'Association Méditerranée vivante, la Ville de Pézenas et sa médiathèque, la Région Languedoc-Roussillon, les Rencontres Méditerranéennes Albert Camus de Lourmarin, l'Association des Amis de Gide, l'Association Les Amis de Max Marchand, de Mouloud Feraoun et de leurs compagnons, le Centre Joë Bousquet, l'Institut français de Tanger, la Maison Jules-Roy.

Programme complet du Centenaire sur:

http://edmondcharlot100.monsite-orange.fr/index.html

Catalogue spécial Centenaire Edmond Charlot sur:

http://www.archivesdefrance.culture.gouv.fr/static/8192

L'équipe de la Maison Jules-Roy sera heureuse de vous accueillir à l'occasion de l'exposition et de l'hommage à Edmond Charlot le 23 mai, à quelques semaines du quinzième anniversaire de la disparition de Jules Roy.

Bien cordialement,

Athman Haffar, Emmanuelle Schwartz et Nathalie Durand

Maison Jules-Roy
Le Clos du Couvent
89450 Vézelay
Tél: 03 86 33 35 01
Fax: 03 86 32 36 87
Courriel: mjroy@cg89.fr

Site web: http://www.lyonne.com

Page MJR: http://www.cg89.fr/Culture-et-Vie-Locale/Patrimoine/Maison-Jules-Roy-a-Vezelay


Un site culturel du Conseil départemental de l'Yonne

Edmond Charlot à Vézelay
Edmond Charlot à Vézelay
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26 avril 2015 7 26 /04 /avril /2015 14:43
Photo JPB
Photo JPB

Des pans de murs de notre vie s’écroulent tous les jours. Je parlais la semaine dernière du Judith Malina et du Living Theater, qui nous ramenait à Mai 68 et ses suites. Aujourd’hui je voudrais saluer François Maspero, qui, a été pour beaucoup d’entre nous, une conscience, même si nous n’étions pas toujours d’accord avec les idées des livres qu’il éditait et saluer aussi un historien qui vient de disparaître, Alain Dewerpe, dont la mère a été l’une des victimes de la répression policière du métro Charonne, le 8 février 1962.

Quand j’étais lycéen à Alger en 1960, je me rendais au mois de juillet à Paris, où j’étais hébergé dans ma famille. Je visitais naturellement les musées et les expositions et je faisais un tour dans les librairies parisiennes, qui avaient la particularité d’avoir de grandes tables où les livres pouvaient être consultés sans avoir à demander la permission au libraire, alors qu’à Alger, nous étions obligés de demander au libraire le titre de l’ouvrage et si par hasard, il avait le volume, il était mal aisé de ne pas l’acheter. C’était aussi le temps où il existait de vraies librairies où les libraires savaient ce qu’ils vendaient et pouvaient conseiller leurs clients, alors qu’aujourd’hui, les libraires sont très rares, il y a surtout des marchands de livres. J’avais donc été à la Hune, qui a aujourd’hui déménagé et qui a été immortalisé dans le film la Maman et la Putain. J’étais aussi rentré dans une librairie de la Rue Saint Séverin, à l’angle du Boulevard Saint Michel, qui s’appelait la Joie de lire. Cette librairie était tenue par un certain François Maspero. Je vis sur les tables des livres qui étaient théoriquement saisis et qui étaient cependant en vente : il y avait entre autres, les livres édités par les éditions de minuit : la Question de Henri Alleg. Il y avait aussi un journal spécialisé, qui rendait compte d’informations sur la guerre d’Algérie qui s’appelait Vérité Liberté. Je cherchais un livre de Poésie de Jean Sénac, je ne l’ai pas trouvé dans cette librairie, mais je l'ai trouvé juste à côté, dans une petite bouquinerie de la rue Saint Séverin, Au Pont traversé. Le libraire avait l’air de connaître Sénac et parlait, avec d’autres clients, de la Bretagne et de Max Jacob. Je sus par la suite qu’il n’était autre que le poète Marcel Béalu

L’été finissait. L’atmosphère était pesante. Je prenais conscience que mon histoire personnelle se confondait avec l’histoire tout court. La question algérienne dominait toutes nos préoccupations et nous vivions une tragédie. Si dans les drames, tout le monde a tort mais dans les tragédies, tout le monde a raison et l’on sentait les différences d’approches selon que l’on étudiait le problème du côté de l’Algérie ou du côté de la France. J’ai vu récemment un film Chronique d’un été, film ethnographique d’Edgar Morin et de Jean Rouch : des jeunes un peu plus âgés que je ne l’étais à l’époque, s’expriment sur le sens de leurs vies et de leurs engagements. Tous ses jeunes sont imprégnés par les ravages de la dernière guerre et par un grand désir de révolution. La décolonisation devient un problème interne à la France, ce qui n’est pas le cas pour ceux qui vivent en Algérie. On aperçoit Régis Debray, tout jeune avant son aventure sud-américaine et Marcelline Loridan qui deviendra cinéaste et qui est dans le film, une très belle jeune fille portant malheureusement le numéro matricule de déporté tatoué sur son avant-bras.

Revenu à Paris en juillet 60, je suis passé à la Joie de lire, librairie de Maspero. Je vis un livre important sur le Conflit israélo-arabe, écrit par un descendant de l’Émir Abdelkader. Je n’étais pas au courant de l’acuité de ce conflit. Ce n’est que plus tard que j’ai tenté de comprendre ce complexe conflit qui est loin d’être terminé. J’ai acheté un livre qui venait juste de paraître, c’était le livre d’André Mandouze : La révolution algérienne par les textes. Il s’agissait d’un recueil d’articles écrits par les dirigeants du FLN, expliquant les raisons du conflit et essayant d’élaborer le programme politique et économique du futur état algérien. Ce livre montrait que le FLN ne pouvait être réduit aux actions terroristes. Il n’empêche que Mandouze a choisi dans ces textes, les plus pertinents et les plus favorables à une coopération franco-algérienne. Il n’y a pas dans ce recueil d’articles défavorables à la présence des européens dans l’Algérie indépendante ou d’articles favorable au panarabisme ou au nationalisme arabe. Ce nationalisme arabe suscitait une grande méfiance des libéraux vis à vis du FLN.

L’évolution du conflit algérien m’obligea à quitter Alger en octobre 61 et à accomplir une année scolaire au Lycée Jacques Decour à Paris. Je devenais un fidèle client de la librairie Maspéro, qui était devenu le lieu où je donnais rendez-vous à mes amis. La librairie était souvent plastiquée et beaucoup de vols étaient commis par les visiteurs de la librairie, profitant de la volonté des vendeurs de ne jamais appeler la police. Ce sont d’ailleurs ces vols de livres qui ont mis Maspéro en difficulté financière.

Je me procurais naturellement les livres récents sur la guerre d’Algérie dont le fameux recueil de poésie de Jean Sénac : Matinale de mon peuple.

Début juillet, la guerre d’Algérie finissait. On entendait à tous les coins de rue Richard Anthony qui chantait : J’entends siffler le train, j’entends siffler le train. (Tiens, encore un qui vient de partir !) Je m’étais procuré dans la librairie l’Espoir Algérie, journal des libéraux, qui reparut pour un ultime numéro saluant l'Algérie indépendante et encourageant les libéraux à travailler dans la nouvelle Algérie. J’avais aussi acheté la revue Partisan, que Maspéro dirigeait. Ce numéro comportait un poème retrouvé dans la poche d’un maquisard tué au combat. Ce poème se terminait ainsi

Et la colombe, la paix revenue dira :

Qu’on me fiche la paix,

Je redeviens oiseau

Je m’aperçus que j’avais déjà lu ce poème et qu’il était de Malek Haddad.

Je me suis précipité à la Joie de lire et je signalais l’erreur à Marie-Thérèse Maugis, l’épouse de Maspéro de l’époque, qui me dit que l’erreur avait, déjà, été signalée et qu’il était émouvant d’apprendre que des maquisards algériens aimaient la poésie.

Aujourd’hui lorsque je passe rue Séverin , je remarque avec tristesse les lieux vivants de ce quartier, disparus au profit de commerce sans intérêt. Il n’y a plus de joie de lire rue Séverin et Place Saint André des Arts, la boutique du naturaliste Boubée, où l’on pouvait admirer des oiseaux et des papillons, est remplacée par une vulgaire banque. .Heureusement, la rue du Chat qui pèche est toujours là !

Jean-Pierre Bénisti

Il était une fois la joie de lire…
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26 avril 2015 7 26 /04 /avril /2015 14:29

Sur France-Culture, dans l’émission les Pieds sur terre de Sonia Kronlund , Estelle une streap-teaseuse nous dit : « C’est la vie à poil, comme on est né et comme on partira et entre les deux, je serais resté à poil. »

Dans Répliques, Alain Finkelkrault reproche à François Hollande de critiquer la nostalgie dans son entretien avec des jeunes lycéens. Le philosophe semble ignorer que le Président n’a critiqué que la nostalgie en tant qu’idéologie politique et non pas le sentiment nostalgique qui est partagé par tout le monde. Jean Sénac disait bien : »Nos pires ennemis, les nostalgiques. » (Matinale de mon peuple, 1961)

Dans l’émission le Temps des écrivains de Christophe Ono-dit Bio, Jean Teulé rapporte une parole d’Héloïse, l’amante d’Abélard : « Si je pouvais ouvrir ma bouche et laisser aller ma langue, ça ne serait pas pour me confesser. »

Enfin , dans l’émission Bibliothèque Médicis de Jean-Pierre Elkabach, Ivan Jablonka, auteur d’un livre sur les esthéticiennes : Le corps des autres (Seuil) dit : « L’esthéticien pense, l’esthéticienne épile. » Quel beau sujet de dissertation

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13 avril 2015 1 13 /04 /avril /2015 16:06
Centenaire d'Edmond Charlot
Centenaire d'Edmond Charlot
Centenaire d'Edmond Charlot
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12 avril 2015 7 12 /04 /avril /2015 18:39
Il était une fois le Living Théâtre...

Les journaux annoncent aujourd’hui la disparition de Judith Malina, qui avait fondée avec Julian Beck la célèbre troupe théâtrale du Living Théâtre.

Cette troupe avait eu ses heures de gloire, surtout au festival d’Avignon de 1968.

Les contestataires de mai 68, essayaient de donner à leur révolte un souffle nouveau en critiquant la politique culturelle de l’époque qui, selon eux, aboutissait à la consommation de produits culturels de type supermarché de la culture.

Je m’y suis rendu, pour essayer de mesurer la température des lieux.

Le Living avait présenté un spectacle Paradise Now sur la scène du Cloître des Carmes, et après un certain temps, les acteurs quittaient le lieu prévu et continuaient le spectacle dans la rue. Les riverains protestèrent. Face aux débordements, la police dut intervenir, la police et Vilar fut obligé de rappeler Julian Beck, le directeur du Living à l’ordre. Vilar lui signifia que l’argument de la pièce qui lui avait été transmis ne mentionnait pas que le spectacle se déroulerait dans la rue. Les représentations avaient été interrompues et je n’ai vu Paradise now, que l’année suivante à Grenoble. J’avoue ne pas avoir été emballé par ce spectacle peu abouti, qui essayait de provoquer un happening, selon des techniques inspirées par celles qu’Artaud avait exprimées dans le Théâtre et son double. Les acteurs et les actrices jouèrent nus et ne mettent des cache-sexes et des soutien-gorge que par obligation et l’on est en présence d’un amas de corps usés. Ces corps ont cependant une histoire : les cicatrices de césarienne et autres cicatrices d’interventions chirurgicales étaient apparentes. Si le spectacle évoluait sans garde-fous, il se terminerait en partouze et en fumerie de haschisch. Il est difficile d’interdire d’interdire totalement et beaucoup de personnes qui avaient sympathisé avec le mouvement de mai disait : Nous voulons la liberté, mais pas la licence.

Le premier jour où je me suis trouvé dans cette ville en ébullition, je me suis rendu au Verger d’Urbain V où avait lieu un débat permanent. Ce soir, le débat portait sur la politique culturelle de la ville avec Jack Ralite, adjoint à la culture à la mairie d’Aubervilliers. Ralite avait été un des artisans de la décentralisation théâtrale et avait fait construire le théâtre de la Commune à Aubervilliers avec René Allio comme architecte. Au cours de ce débat des jeunes prenaient la parole et tentaient de la garder, pour éviter que d’autres prennent la parole et il y avait des discours pseudo marxistes qui n’en finissaient plus. Ralite s’est fait traiter de con. Ralite leur répondit qu’on avait le droit de le traiter de con, mais que cela ne pouvait constituer un programme culturel. Des jeunes intervenaient, prenaient la parole et la gardaient, comme pour empêcher les autres de parler. Nous attendions tous une déclaration de Julian Beck, le directeur du Living. Il arriva dans la soirée, en compagnie de sa femme Judith Malina et de l’ensemble de sa troupe. Il annonça son retrait du festival en prétendant qu’il n’admettait pas de jouer uniquement pour les personnes pouvant payer leurs places et qu’il désirait que tout le monde ait le droit aux spectacles même à ceux qui ne peuvent pas payer leurs places. Cela était contradictoire, la troupe ne jouait pas gratuitement et même si les spectacles sont gratuits, le nombre des places est, de toutes les façons, limité.

Je remarquais l’accoutrement des acteurs du Living. Julian Beck avait un crâne chauve et des cheveux longs, une coiffure à la Léo Ferré, avant la lettre. Ses comédiens, vêtus de guenilles et de haillons gardaient une certaine élégance.

Au risque de paraître réactionnaire, j’étais, comme beaucoup de festivaliers, irrité de cette fracture au sein du monde de théâtre et navré de voir Vilar essayer de résoudre la crise, tout en restant fidèle à son idéal.

Je quittais le Verger, je passais dans la ruelle étroite coupant le rocher des Doms et où je suis toujours ému de me sentir si petit aux pieds des tours du Palais. Place de l’Horloge, je rencontrais des amis comédiens, qui m’ont avoué leur admiration pour la troupe du Living et qui étaient navrés de cette incompréhension entre le Living et la direction du Festival.

La place était noire de monde. Aguigui Mouna faisait ses discours habituels sur la société Caca pipi capitaliste, toujours avec son humour d’instituteur. Il monta sur la statue de la République et cria : « Il faut foutre le bordel ! Il faut foutre la merde ! » Vaste programme, comme dirait l’autre. Aguigui Mouna, qui s’appelait Dupont en réalité avait l’habitude de se présenter aux élections dans le cinquième arrondissement de Paris contre Jean Tibéri. Dans les réunions, il lui criait : « Tibéri ! T’es bourré !»

Le soir devant le Palais des papes, des manifestants se massaient devant l’entrée pour tenter d’empêcher la tenue des Ballets de Béjart et se mirent à crier le slogan: Vilar, Béjart, Salazar ! En dehors des assonances, assimiler Vilar et Béjart au vieux dictateur portugais, était ridicule. Béjart vint parler aux manifestants en disant que dans cette période grave, le courage était de jouer et qu’il jouera en dédiant sa représentation au Living.

J’ai été voir ce soir-là le spectacle de Béjart intitulé : À la recherche de Don Juan, avec un texte de Saint Jean de la Croix dit par Maria Casarès qui était une habituée d’Avignon. Béjart jouait lui-même avec Maria Casarès.

Le lendemain, j’ai tenté de comprendre ce qui se passait à Avignon. Je me suis rendu au Lycée Mistral. J’ai vu les acteurs du Living mêlés aux hippies crasseux profitant de la générosité du Living qui acceptait de les héberger. Des enfants culs nus jouaient dans la poussière et au milieu de ce foutoir, des acteurs acceptaient de répondre aux questions des journalistes

Le surlendemain, je me rendis au lycée des Ortolans, où Vilar répondait aux questions des jeunes hébergés dans les Centre de séjour des CEMEA. L’assistance qui aurait dû être limitée aux jeunes résidents de ces centres était truffée d’auditeurs qui s’étaient infiltrés dans le but de polémiquer. Vilar semblait fatigué, il regrettait ne pas avoir pu s’entendre avec le Living, mais refusait d’être responsable d’incidents graves et d’être obligé de faire appel à la police. Il comprenait les interrogations d’un certain public, sur la culture à consommer comme des denrées alimentaires. Ne cachant pas son agacement devant l’agressivité de ses contradicteurs, il se demandait pourquoi, le festival d’Avignon, qui se voulait populaire était contesté alors que ceux d’Orange ou d’Aix qui étaient considérés comme des festivals bourgeois ne l’étaient pas. Nous sentions un homme épuisé qui semblait lutter contre des moulins à vent. Après ce festival mouvementé, Vilar sera victime d’un infarctus et reprendra ses activités en étant très affaibli.

Le Living vint à Grenoble en mai 69 à Grenoble avec à la Maison de la Culture Antigone de Brecht, Mysteries and Smaller Pieces et Paradise now au Campus de Saint Martin d’Hère. J’ai déjà dit ce que je pensais de Paradise now, spectacle à mon avis non abouti. Par contre, les deux autres spectacles étaient absolument extraordinaires. On peut dire que ces expériences théâtrales étaient parmi les plus intéressantes que l’on avait pu voir dans les années 60. C’était un théâtre de la pauvreté avec des acteurs recherchant une esthétique, tout en étant vêtus de haillons. Tout résidait dans l’expression du visage et le jeu des acteurs. Le dialogue devenait secondaire et l’on n’était pas obligé de les comprendre. Il s’agissait vraiment d’un théâtre populaire où le public était invité à se joindre au spectacle, d’où les débordements possibles.

Jean-Pierre Bénisti

Voir :

http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-pierre-thibaudat/110415/disparition-de-judith-malina-ame-du-living-theatre-0

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/9c62860c-e070-11e4-aa18-ff4de01147fa/Le_Living_Theatre_perd_sa_cr%C3%A9atrice_Judith_Malina_est_morte

http://ilmanifesto.info/addio-a-judith-malina-la-poetessa-della-rivoluzione/

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19 février 2015 4 19 /02 /février /2015 17:50

 

La chute, le livre certainement le plus important d’ AC, se situe à  Amsterdam.  D’après l’écrivain néerlandais Sadi de Gorter, Camus ne serait resté qu'une seule journée dans cette ville. Il a rapporté ce fait dans les  Nouvelles littéraires(n°1, décembre 1985, page 89) et dans un blog

http://www.dbnl.org/tekst/_sep001198601_01/_sep001198601_01_0053.php

Il signale que la maison du 514 Herengracht  dont l’entrée est surmontée de deux bustes de Maures n’appartenait pas à un marchand d’esclaves.

Dominique Fernandez avait déjà remarqué ces deux bustes et en avait fait état dans son ouvrage sur Amsterdam ( Amsterdam, Collection  Microcosme, petite planète, Seuil 1977 p.44-45)

Loin de la vérité historique, Camus nous a légué une légende et permet lors de nos promenades à pied ou en bateau sur les canaux d’Amsterdam de faire référence à son récit.

 

Jean-Pierre Bénisti

 

 

 

 

AMD

 

 

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« Je ne passe jamais sur un pont la nuit. C’est la conséquence d’un vœu. Supposez, après tout, que quelqu’un se jette à l’eau. De deux choses l’une : ou vous l’y suivez pour le repêcher, et dans la saison froide, vous risquez le pire ! Ou vous l’y abandonnez et les plongeons rentrés laissent parfois d’étranges courbatures. 

Bonne nuit ! Comment ? Les dames derrière les vitrines …Le rêve, Monsieur, le rêve à peu de frais : le voyage aux Indes… ».

Albert Camus 

La Chute

 

 

Photos JPB

 

 

 

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17 février 2015 2 17 /02 /février /2015 22:59

Fi de tout ce qui passe et lasse 

Dans mon coeur demeure un grand dam

 Un seul amour y tient la place

Les bicyclettes d'Amsterdam.

 Celle que conduit le bourgmestre

 Si raide malgré son bedon

 Tenant un cigare en la dextre  

Et de l'autre main le guidon

Celle que monte une pucelle

Plus douce que sucre candi

 Ou bien que mène une Lady

Juchée très haut dessus la selle.

Celle des altesses royales

Laissant leur Roll à leurs valets

Et roulant à toutes pédales

Oublieuses de leur palais

Pour faire leurs achats aux halles.

Celles des facteurs des laitières

Des écoliers des écolières

 

Des clergymen des salutistes

Des chenapans et des juristes

Des javanais et des cubistes

Des ferrailleurs sur des tricycles

Des poissonniers qui font l'article.

Toutes raides, dignes et noires toutes pareilles,

 Sans histoire, hautes sur roues le guidon droit un peu sinistres puritaines

 Et délaissant la prétentaine

Pour choisir les chemins étroits.

Corps de métal, mais non sans âme

O bicyclettes d'Amsterdam

De tout mon temps en Néderlande

Délaissant les choses gourmandes

 Les oeuvres d'art, les jolies femmes,

Je n'eus d'yeux que pour vous mesdames,

 Et soupirais de ne pouvoir aussitôt vous posséder toutes

 Casanova des grandes routes

Dans l'alcôve des macadams.

 

Georges Dezeuze

 

voir 

http://www.compagnie-faisan.org/content/apres-la-course

 

 

Amsterdam2015DSCN1906.jpg

 

      Photo JPB  

 

Amsterdam-470.jpg

 

Photo JPB 79

 

 

Sous le pont du  canal, les vaguelettes clepsydres inquiètent la solitude du vélocipède.

L’indicible révèle la chaîne rassurante qui l’attache au balustre.

L’indicible n’est jamais muet

(Note de Louis Bénisti à propos de cette photo)

 

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2 février 2015 1 02 /02 /février /2015 16:48

Je n'ai jamais su d'où provenait cette statue de bronze représentant une "Madonna con banbino" qui se trouve au Musée de Ferrare, ville d'Émilie-Romagne, célèbre à cause du roman de Giorgio Bassani ; les jardins de Finzi Contini"

Ce qui est remarquable dans cette sculpture, c'est que le vide engendrée par la destruction partielle de cette oeuvre, s'intègre parfaitement à son ensemble. Le temps a créé une nouvelle oeuvre.

 

Jean-Pierre Bénisti

 

 

 

 

 

Ferrare682

 

Photo JPB

 

 

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2 février 2015 1 02 /02 /février /2015 16:38

Albert Besnard (1849-1934) était un peintre célèbre en son temps et qui est toujours resté académique, ne tirant pas les leçons de ses contemporains impressionistes. Il eut énormément de commandes     d'état et a inondé de décorations beaucoup de lieux publics comme l'Opéra d'Alger.

Il avait tellement de travail pour satisfaire ses commandes qu'il se plaisait à dire : "Quand je vais au cabinet, cela me coute quatre mille francs." 

Il ne se doutait pas que pour les psychanalystes aussi bien la peinture que l'argent sont des sublimations de matière excrémentielle.

 

Jean-Pierre Bénisti

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26 janvier 2015 1 26 /01 /janvier /2015 15:26

Quelques phrases de Camus choisies par Chroniques camusiennes (Bulletin de la Société des études camusiennes n°14 janvier 2015Sans-titre-2.jpg

 

 

 

 

 

Sans-titre.jpg

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