Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
3 mai 2020 7 03 /05 /mai /2020 15:31

 

Autour de l'arbre immobile

l'ombre qui tourne

dessine sur le sol

le mouvement du jour.

 

C'est l'amorce

d'un cercle parfait

et tous les cercles se ressemblent

 

mais toutes les feuilles

sont différentes

 

Jean Tardieu

L'accent grave et l'accent aigu

Gallimard, 1986

El Oued novembre 1963  © Jean-Pierre Bénisti

El Oued novembre 1963 © Jean-Pierre Bénisti

Partager cet article
Repost0
3 mai 2020 7 03 /05 /mai /2020 15:16

 

 

 

La joie des grands pins

je la vois

de ma fenêtre

qui ondoie

 

plus réelle que les

envolées consensuelles

 

 

                                           *

 

 

 

Le vent dans les pins

fait de nous des voyageurs

sans attente

 

 

 

Anne-Lise Blanchard

Le jour se tait

Éditions Jacques André, 2008

 

Chambon sur Lignon Août 1961© Jean-Pierre Bénisti

Chambon sur Lignon Août 1961© Jean-Pierre Bénisti

Partager cet article
Repost0
1 mai 2020 5 01 /05 /mai /2020 11:28

 

 

 

Louis Bénisti : Vingt cinq ans déjà…

 

Le 1er mai 1995, à Evian, Louis Bénisti nous quittait dans le grand âge. (1) Malade depuis quelques mois, il m’avait demandé de le conduire à Evian, lieu qu’il affectionnait car il avait retrouvé dans la vision du lac Léman au nord avec au loin la rive helvète, un paysage analogue à celui qu’il voyait à Alger avec la mer devant et au loin la côte du cap Matifou. De plus, il avait retrouvé près d’Evian, son ami architecte Pierre-André Emery, qui originaire du canton de Vaud, avait longtemps vécu à Alger et avait aussi remarqué la parenté des paysages.

Né à El Biar, près d’Alger, le 15 mai 1903, avant la guerre 14. Le vingtième siècle n’avait pas encore commencé et lorsqu’il partit toujours en ce mois de mai, ce mois si riche en événements, le siècle était bien fini.

Louis, aimait se promener sur les hauteurs pour admirer le paysage et se reposer sur un banc de la plage d’Amphion, à l’ombre des pommiers d’où il voyait les estivants se livrer aux plaisirs de la baignade. Il était souvent accompagné de Solange, son épouse qui devait partir en octobre 1990 et qui appréciait aussi la région. De ce banc, il faisait souvent des croquis lui permettant ensuite de réaliser des peintures dans son atelier. Et les baigneuses du Léman ont rejoint les petites filles jouant à la marelle dans les ruelles d’Aix-en-Provence, les bateaux du port d’Alger et les femmes assises sur les canapés des bordels de la Casbah. .

Evian lui avait rendu un hommage en organisant en été 1990, une exposition de ses dernières œuvres. Jean de Maisonseul avait préfacé cette exposition et avait terminé sa préface par ce verset de Saint John Perse :

« Grand âge, vous mentiez : route de braise et non de cendre…la face ardente à l’âme haute, à quelle outrance courons-nous là ? Le Temps que l’on mesure n’est point mesure de nos jours. » 

Cet anniversaire est particulièrement triste, cette année, où nous sommes tous confinés et dans l’impossibilité de nous réunir. Jacques Fribourg, neveu de Louis, vient de nous quitter, Encore enfant,  Jacques admirait déjà l’œuvre de son oncle. (2) Cette admiration ne s’est jamais démentie Il m’avait  aidé à  organiser l’exposition consacrée à Louis Bénisti au Centre Culturel Algérien de Paris en février 2019(2). Il aimait particulièrement un bouquet de fleurs blanches (3), une peinture de 1942 que Max-Pol Fouchet avait remarqué lors d’une exposition à Alger en décembre 1942. 

Jean-Pierre Bénisti.

  1. Voir : 

http://www.aurelia-myrtho.com/2015/05/louis-benisti-vingt-ans-deja.html

 

http://www.aurelia-myrtho.com/article-1er-mai-1995-a-evian-louis-benisti-passait-sur-l-autre-rive-72901420.html

 

  1. Voir : Adieu Jacques :

 http://www.aurelia-myrtho.com/2020/05/adieu-jacques.html

 

 

  1. Voir : http://www.aurelia-myrtho.com/2018/12/louis-benisti-le-peintre-de-la-terre-prodigue-d-algerie.html

 

  1. Le Bouquet blanc. Cette peinture fut exposée dans une exposition de groupe à la Galerie Lassalle en 1942. Max-Pol Fouchet rend compte de cette exposition dans Algérie-Soir (20 décembre 1942) et parle d’ « un certain bouquet blanc dont les recherches de matière sont un vrai plaisir. »


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Baigneuses à Amphion. (Gouache de Louis Bénisti 1992))

Baigneuses à Amphion. (Gouache de Louis Bénisti 1992))

Baigneuse Sculpture de Louis Bénisti (1950)

Baigneuse Sculpture de Louis Bénisti (1950)

Le Bouquet blanc. Peinture de Louis Bénisti (1942)

Le Bouquet blanc. Peinture de Louis Bénisti (1942)

Partager cet article
Repost0
1 mai 2020 5 01 /05 /mai /2020 11:21

Adieu Jacques.

 

Mon cousin Jacques Fribourg vient de nous quitter. Médecin urgentiste dans une clinique de Trappes (Yvelines) il a succombé à des complications secondaires à une infection au Coronavirus, attrapée au cours de son travail.

Plus jeune que moi, je me souviens d’un petit garçon, qui avait déjà un sens de l’humour affirmé suscitant l’admiration de tout l’entourage.

Il n’était pas seulement le médecin admiré de tous ses collègues soignants, il était aussi un excellent musicien, passionné de musiques espagnoles ou latino-américaines. Il connaissait aussi très bien d’autres musiques populaires : arabo-andalouses, yiddish ou russes. 

Je l’ai rencontré fréquemment ces derniers temps. Il m’avait aidé à l’accrochage de l’exposition de Louis Bénisti au Centre Culturel Algérien car il appréciait beaucoup l’œuvre de son oncle et avait dit à une de ses amies, qui travaillait sur Matisse : « Bon, j’admets que ce n’est pas Matisse, mais c’est un vrai artiste, (…), et il mérite d’être mieux connu. »

Jl voulait venir me rejoindre à Barcelone en mars, où j’ai présenté la correspondance ce Camus avec la famille Bénisti (1), à la librairie Jaimès. Il n’a pu venir et a été aidé ses camarades auprès des malades et il a rencontré ce fâcheux virus.

Sa famille, ses amis, tous ceux qui l’ont connu, éprouvent beaucoup de tristesse après sa disparition.  Compte tenu de son parcours personnel et professionnel, sa mort dans l’exercice de sa fonction, donne un sens à sa vie.

            

 

                                                                        Jean-Pierre Bénisti

 

 

 

Voir :

 

Covid-19 dans les Yvelines : immense émotion après la mort de l’urgentiste de Trappes - Le Parisien : 26 avril 2020

HOMMAGE. Covid-19 : ces soignants morts sur le front de l’épidémie - Le Parisien 27 avril 2020 

Journal d'épidémie : «L'urgentiste Jacques Fribourg est mort, c'était mon ami» -par  Christian Lehman Libération  27 avril 2020

 

(1) Albert Camus : Correspondance avec ses amis Bénisti 1934-1958. Éditions Bleu Autour, 03500 Saint Pourçain-sur-Sioule, 2019.

 

Adieu Jacques.
Partager cet article
Repost0
30 avril 2020 4 30 /04 /avril /2020 17:00
Le Cantique des Créatures
Le Cantique des Créatures

Partager cet article
Repost0
29 avril 2020 3 29 /04 /avril /2020 16:56

 

Mais le feu n’est-il point la fin même de l’arbre ? Quand son être devient tout atroce douleur, il se tord ; mais il se fait lumière et cendre pure, plutôt que de pourrir, miné par l’eau croupie, rongé par la vermine…

 

Paul Valery : Dialogue de l’arbre in Eupalinos. Gallimard

Lourmarin 1962© Jean-Pierre Bénisti

Lourmarin 1962© Jean-Pierre Bénisti

Lourmarin 1962© Jean-Pierre Bénisti

Lourmarin 1962© Jean-Pierre Bénisti

Partager cet article
Repost0
28 avril 2020 2 28 /04 /avril /2020 16:24

L’ ARBRE

 

 

 

 

C’est l’Arbre. Il est opaque, immobile, et vivant.

Il baigne dans le ciel, il trempe dans le vent.

Une nuit verte inonde en plein jour ses ramures.

La moindre brise en tire un millier de murmures

Et toujours quelque oiseau qui plonge dans l’air bleu ;

Puis, quand le crépuscule épaissit peu à peu,

Tel qu’une eau sous-marine et glauque, le silence,

Lentement il le boit comme une éponge immense.

Son front semble, le soir, se perdre au plus profond

De l’ombre, et par les nuits où les étoiles font

Luire au travers et scintiller leurs clartés blanches,

Il a l’air de porter tout le ciel dans ses branches.

Il se dresse touffu, secret, vertigineux :

Son tronc énorme est bossué d’énormes nœuds ;

De vifs surgeons verdoient à son pied centenaire ;

Chacun de ses rameaux semble un arbre ordinaire…

Quelle pensée auguste et douce habite en lui ?

Que rêves-tu, grande Ame encor jeune aujourd’hui

Qui l’occupes du fond des temples, et t’y recueilles ?

 

On le sent respirer, lent, de toutes ses feuilles…

 

 

Fernand Gregh : L’Arbre (Couleur de la vie)

 

 

Saint Martin de Vésubie 1963 © Jean-Pierre Bénisti

Saint Martin de Vésubie 1963 © Jean-Pierre Bénisti

L’ARBRE DE NUIT.

 

Feuille de platane

La nuit se souvient d’être un arbre

Fleur de tilleul

Un arbre en deuil

 

Fille d’automne

L’enfant se souvient d’être un arbre

Fils de printemps

Un homme passe-temps

 

Et l’arbre de la nuit cache lentement

Ses feuilles aux yeux des parents

Ses fleurs au creux des enfants.

 

Alain de Mazery : S’il vous plait. Éditions Seghers. Collection P.S. n°192

 

 

 

Lubéron 1966 © Jean-Pierre Bénisti

Lubéron 1966 © Jean-Pierre Bénisti

Partager cet article
Repost0
27 avril 2020 1 27 /04 /avril /2020 15:51
Le carnet du bois de pins de Francis Ponge
Le carnet du bois de pins de Francis Ponge

Aucun serpentement de lianes ou de cordes qui gêne le promeneur parmi la profusion de s-ces grands mâts nêgres ou créoles, du pied jusqu'à mi-hauteur encore lichhéneux.

                                            *

Halle aux aiguilles odoriférantes, aux épingles à cheveux végétales, auditorium de myriades d'insectes, ô temple de la caducité (caducité des branches et des poils) dont les cintres, auditorium- solarium de myriades d'insectes - sont supportés par une forêt de mâts séniles tout frisés, licheneux comme des vieillards créoles...

Lente fabrique de bois, de mâts, de poteaux, de perches, de poutres.

Forêt sans feuilles, odoriférante comme le peigne d'une rousse.

                                    *

Si les feuilles ressemblent à des plumes, les aiguilles de pins ressemblent à des poils;

                                  *

Le pin n'est-il pas l'arbre qui fournit le plus de bois mort ?

 

 

Francis Ponge : Le carnet du bois de pins. Mermod, Lausanne, 1947

Le carnet du bois de pins de Francis Ponge
Chambon sur Lignon, août 1961 © Jean-Pierre Bénisti

Chambon sur Lignon, août 1961 © Jean-Pierre Bénisti

Chambon sur Lignon, août 1961 © Jean-Pierre Bénisti

Chambon sur Lignon, août 1961 © Jean-Pierre Bénisti

   

Partager cet article
Repost0
26 avril 2020 7 26 /04 /avril /2020 15:41

 

Celui  qui entre par hasard dans la demeure du poète

 

 

Celui qui entre par hasard dans la demeure d'un poète 

Ne sait pas que les meubles ont pouvoir sur lui 

Que chaque nœud du bois renferme davantage 

De cris d'oiseaux que tout le cœur de la forêt 

Il suffit qu'une lampe pose son cou de femme 

À la tombée du soir contre un angle verni 

Pour délivrer soudain mille peuples d'abeilles 

Et l'odeur de pain frais des cerisiers fleuris 

Car tel est le bonheur de cette solitude 

Qu'une caresse toute plate de la main 

Redonne à ces grands meubles noirs et taciturnes 

La légèreté d'un arbre dans le matin. 

  

René Guy Cadou

Hélène ou le Règne Végétal

Seghers, 1981 

Kabylie 1968 © Jean-Pierre Bénisti

Kabylie 1968 © Jean-Pierre Bénisti

Partager cet article
Repost0
26 avril 2020 7 26 /04 /avril /2020 15:11

 

 

Arbatache

Arbatache (Poème de Jean Sénac)
Arbatache (Poème de Jean Sénac)
Arbatache (Poème de Jean Sénac)
Arbatache (Poème de Jean Sénac)

Jean Sénac 

Arbatache Strophes  : 5,6,9,16`

Publié à Alger dans la revue Novembre n°1  en 1964, à l'occasion de la Journée de l'Arbre qui se faisait au lieu dit de l'Arbatache.

Le poème est repris dans une version raccourcie dans le recueil de Jean Sénac : Citoyens de Beauté ; Éditions Subervie, 1967 et dans sa version intégrale dans  les Œuvres poétiques. Édition établie par Hamid Nacer-Khodja. Actes Sud, 1999, réédition 2019.

Kabylie 1968.© Jean-Pierre Bénisti.

Kabylie 1968.© Jean-Pierre Bénisti.

Partager cet article
Repost0