En 1974, mes parents, ayant quitté Alger s’étaient installés à Aix-en-Provence. Moi, je continuais à Grenoble des études de pédiatrie. Début avril, je partis à Paris pour passer quelques jours de vacances chez mon ami Emmanuel J qui dirigeait un foyer de jeunes travailleurs. Un matin, Emmanuel J me dit : « Il s’est passé un évènement important cette nuit : Pompidou est mort. » Nous savions Pompidou malade et par indiscrétion, j’avais su qu’il souffrait de la Maladie de Waldenström, sorte de cancer de la moelle osseuse. D’autres chefs d’état : Boumediene, le Shah d’Iran et Golda Meïr moururent de cette même maladie. Le Professeur Jean Bernard avait dit que s’il y avait deux chefs d’état de plus, atteints de cette affection, on serait autorisé à entreprendre une étude scientifique sur la relation entre le métier de chef d’état et la maladie de Waldenström.
Brassens chantait à l’époque que les morts étaient tous des braves types. Cela est vrai, mais je dois dire que si je n’étais pas en accord avec le parti de Pompidou, l’UDR, j’ai toujours eu de la sympathie pour ce président qui était un honnête homme. La radio et la télévision ne diffusaient que de la musique classique, comme si cette musique était une musique de deuil. Dans la rue, la ville restait semblable à elle-même. Les jours suivant Chaban et Edgar Faure déclaraient leurs candidatures de façon assez précipitée. Je devais suivre à la télévision la messe célébrée à Notre-Dame, qui se déroulait comme celle de De Gaulle en 1970. Le principe d’une telle messe officielle est tout à fait contraire avec les principes de laïcité de la République française. En 1996, il y eut aussi une messe pour Mitterrand.
Tous les chefs d’État importants étaient présents et beaucoup étaient en fin d’activité : Nixon devait démissionner peu de temps après pour cause de Watergate et Willy Brandt, en raison d’une affaire d’espionnage. Je pensais que si un fou avait l’idée de bombarder Notre-Dame, les nations du monde entier seraient en deuil et ils pourraient, à cette occasion, mettre fin à leurs rivalités.
Poher assurait de nouveau l’interim de la présidence et comme le disait un des personnages de la pièce en alexandrin écrite par Bernard Kouchner et Michel-Antoine Burnier : les Voraces : Poher à force de faire les intérims finira bien par faire un septennat.
Rentré à Grenoble, je retrouvais les camarades se disputant au sujet des prochaines présidentielles. Mitterrand venait de se déclarer et l’on attendait la candidature de Giscard. Giscard avait choisi Chamalières, la banlieue cossue de Clermont-Ferrand, pour annoncer sa candidature. La télévision avait retenu de ce personnage sa prestation à l’accordéon de : Je cherche fortune tout autour du chat noir. La victoire de la gauche semblait difficile mais pas impossible. Beaucoup de gens de gauche se seraient accommodés d’une victoire de Chaban, car c’était un démocrate très orienté sur les questions sociales. Il avait d’ailleurs des conseillers remarquables, proches de la gauche : Jacques Delors et Simon Nora l’avaient aidé à rédiger les lois sur la formation permanente. Mais tous les gens de droite et les réactionnaires se tournaient vers Giscard. Il était considéré comme plus compétent que Chaban et tout en ayant été ministre de De Gaulle ou de Pompidou, il avait pris ses distances vis-à-vis de ces présidents. Voilà que Lecanuet, un homme politique tout à fait sans intérêt se prétendant du Centre, mais qui était tout simplement de droite se rallie sans conditions à Giscard et voici que Jacques Chirac essaie de saboter la candidature de Chaban.
Je vis Mireille et Paul, .mes oncles et tantes. Ils avaient confiance en Giscard, tout comme d’ailleurs Lucien et Jeanne, autres oncles et tantes.
La campagne électorale battait son plein. Poher assurait les fonctions de président et l’on disait tous qu’à force d’assurer les intérims, il finirait bien par faire un septennat. André Malraux vint à la télévision pour soutenir Chaban et fit une prestation inintelligible. Malraux était connu pour avoir des tiques et les cameramen de la télévision ont su insister là-dessus. À chaque tique, des voix passaient de Chaban à Giscard. Giscard a dû envoyer des boites de chocolat à ces cameramen.
La candidature Chaban se marginalisait. La droite dans son ensemble rejoignait Giscard. Des personnes de gauche, inquiètes du soutien apporté à Mitterrand par les communistes et du sort tragique de l’Unité Populaire de Salvador Allende au Chili, rejoignaient aussi Giscard. L’affaire Soljenitsyne nourrissait la méfiance de beaucoup d’entre nous vis-à-vis des communistes. On parla même de menaces d’invasion de la France par l’Armée Soviétique, vieille rumeur entretenue depuis la fin de la guerre.
Il y eut des candidatures accessoires : Jean-Marie Le Pen, connu pour ses sentiments nationalistes, sortit son catéchisme anti-émigrés. Royer, le maire de Tours, axa sa campagne sur la défense des bonnes mœurs. Ses réunions furent l’objet de chahut. On vit au cours d’une de ses réunions, une fille se dénuder et exhiber ses seins. L’orateur resta impassible. Arlette Laguiller fut la première femme candidate et fit une campagne honorable. René Dumont, ce sympathique professeur, fut le premier candidat écologiste. Je l’avais entendu récemment à Aix. Il préconisait non seulement de lutter contre les pollutions mais aussi contre le gaspillage des riches entraînant la pénurie pour les pauvres.
Je devais aller à un meeting du Parti communiste avec Jacques Duclos, un orateur extraordinaire avec son accent pyrénéen et ses bons mots. Il devait mourir l’année suivante.
Vers cette époque, le Cardinal Daniélou mourrait d’une crise cardiaque au domicile d’une soi-disant danseuse. Cela rappelait un autre Président de la République terrassé dans les bras d’une maîtresse dans une chambre d’hôtel minable. Quand le médecin appelé au chevet du président demanda au valet de chambre si le Président avait toujours sa connaissance. On lui répondit qu’elle venait juste de quitter l’hôtel.
Le premier tour donna les résultats que l’on sait avec Mitterrand arrivant en tête, mais sans réserve de voix pour le second tour et Giscard en second, mais avec des réserves de voix. L’entre deux tours fut pénible. Le débat télévisé Giscard-Mitterrand tourna à l’avantage de Giscard avec sa sortie : « Vous n’avez pas le monopôle du cœur. »
Ce qui était remarquable, c’est que Giscard, comme Mitterrand, étaient appréciés aussi bien par leurs partisans que par leurs adversaires, les considérant comme des hommes politiques de talent.
Je reçus une lettre circulaire qui s’adressait aux médecins et qui appelait les médecins à apporter leurs suffrages à Giscard. Je me suis aperçu que les adresses étiquetées sur l’enveloppe postale étaient de même nature que toutes les adresses étiquetées des courriers de l’Ordre des médecins. L’Ordre des médecins avait prêté son carnet d'adresse. Il y avait de quoi saisir la justice sur les agissements partisans de cet ordre professionnel
Le vendredi avant le second tour, j’étais à Grenoble, ville où Mitterrand devait faire son dernier meeting. Je rejoignis le Palais de Glace vers dix-huit heures, alors qu’il ne devait parler que vers vingt heures. Je rencontrais un copain qui me dit : « Et si entre les deux tours, l’un des deux candidats décédait ? » Je réfléchissais et je pensais que cette éventualité n’avait pas été étudiée. Cette élection du président au suffrage universel fut un rajout à la Constitution de 1958, conçue essentiellement pour De Gaulle. De Gaulle n’avait pas imaginé pouvoir être en ballottage et n’aurait pas modifié sa constitution, s’il avait pensé à cette éventualité. Les Français dans leur ensemble ont apprécié cette forme d’élection. Nous étions tous joyeux, car si nous étions loin d’êtres sûrs d’une victoire de la Gauche, la campagne avait été fructueuse et avait remonté le moral des électeurs. En attendant notre « futur » président, nous avons eu droit à un petit récital de Juliette Gréco, arrivée avec sa robe noire et une rose à la main, qui nous chanta le petit poisson et l’accordéon. Le Président Mendès-France devait arriver sous les applaudissements et prendre place au premier rang. Vers vingt heures, Mitterrand arriva , entouré d’une armée de gorilles, de photographes et de journalistes. Nous sentions que le monde entier nous observait. Mitterrand fit un discours enthousiaste, mais semblait loin de tenir la victoire pour acquise, ce qui donnait à la réunion un petit parfum de mélancolie. La soirée devait se clôturer par une Marseillaise que nous avons tous chantée. Il n’y eut pas d’Internationale, sans doute pour ne pas effrayer les électeurs modérés.
Le lendemain, je suis arrivé à Aix et j’ai voté le dimanche 19 mai. J’étais domicilié à Aix chez mes parents et je votais dans cette ville. Le soir nous avons été chez les P. pour voir les résultats à la télévision. Mitterrand avait été battu par un nombre très réduit d’électeurs. Le coup d’état au Chili et l’affaire Soljenitsyne ont contribué à la victoire de Giscard. Les électeurs sont quelquefois frileux. Giscard commit sa première erreur en répondant en anglais à un journaliste américain et Mitterrand depuis Château-Chinon devait nous dire : « Je mesure votre tristesse à la mesure de votre espoir. » Il fallait donc se mobiliser pour les prochaines échéances.
Entre les deux tours, il y eut un évènement important : le coup d’état militaire du Général Spinola devait renverser la dictature au Portugal et permettre la révolution des œillets qui instituera la démocratie et donnera l’indépendance aux pays de l’empire colonial portugais
En juillet, au festival d’Avignon, Mitterrand assista à un spectacle et quand il pénétra dans la Cour d’honneur, il eut une grande ovation.
Jean-Pierre Bénisti
Djilali Ben Cheikh nous a quitté le 8 février 2024.
Lorsque je me suis rendu au mois d’octobre dernier au rendez-vous annuel du Maghreb du livre, tous tes amis ont remarqué ton absence et nous avons compris que tu t’apprêtais à rejoindre l’autre rive.
Tu viens de rejoindre cette rive, accompagné de prestigieux personnages et nous quitte devant l’ethnologue Jean Malaurie et derrière le grand Robert Badinter.
Nous nous connaissons de longue date. Nous sommes rentrés ensemble en Classe Terminale au lycée Bugeaud à Alger en octobre 1962 et nous sommes sortis en 1963 du lycée Abdelkader. Cela illustre l’imbrication de la petite histoire dans la grande.
Nous étions naturellement des individus de l’entre-deux, quel que soit notre position sur l’un ou l’autre côté de la Méditerranée.
Je te remercie, mon cher Djilali, d’avoir si bien relaté, dans un de tes livres, nos souvenirs familiaux et d’avoir si bien rendu hommage à Solange, ma mère (1) comme tu avais dans un autre récit rendu hommage à Léila, ta mère (2). Car, comme le dit un écrivain célèbre, « nous savons par expérience, la force et l’enracinement du sentiment qui s’attachent à nos mères. » (3)
Nous garderons toujours dans nos souvenirs, tes qualités de conteur et ton sens de l’humour.
Merci, Djilali, et adieu.
Jean-Pierre Bénisti
Voir :
Film de André Zech :Éternelles migrations
Samia Arab Film https://youtu.be/EHfrhgrVpdU
Sophie Colliex : https://www.sophie-colliex.com
Sur France-Culture, l’émission « les Regardeurs » est consacrée cette semaine au Déjeuner sur l’herbe de Manet (1). Ce tableau est surprenant, car la femme se trouve nue, en compagnie de messieurs habillés en habit de dimanche. Au loin, une autre femme, en déshabillé, s’apprêtant à se baigner, semble se fondre dans le paysage lointain.
Pour moi, deux interprétations sont possibles :
La première : le peintre se met à la place du spectateur-regardeur. En réalité, les personnes sont habillées, la femme l’est aussi mais le regardeur, séduit par sa beauté, la voit comme étant nue. Les hommes sont réels, la femme assise est imaginaire, quant au symbolique, c’est peut-être la baigneuse du fond.
La deuxième : la femme s’est mise nue pour se baigner devant des messieurs qui ne connaissent pas ce plaisir. Elle interpelle le spectateur qui la regarde et lui dit : « Regarde-moi, comme je suis belle ! » Le spectateur se trouve alors dans la même position devant ce tableau, que celle dont il se trouve devant l’Origine du monde de Courbet : Ce n’est pas le spectateur qui est voyeur c’est le personnage du tableau qui est exhibitionniste. La femme peinte n’a pas un visage qui pourrait regarder le public. C’est son sexe qui regarde le public.
Ces peintures gardent encore une fonction sociale. Les fresques du Moyen-âge racontaient l’histoire sainte à un public non lettré. Les peintures de Goya pouvaient nous parler des désastres de la guerre. Élie Faure, voyant ces peintures narratives comme le déjeuner sur l’herbe, parlait de cinéma avant la lettre.
Auguste Renoir continua à faire quelques peintures narratives comme le Moulin de la Galette et avec ses collègues impressionnistes, il tournait le dos aux peintres académiques que l’on qualifiait de pompiers. Jean Renoir a pris le relai de son père en devenant cinéaste et il fit lui aussi son déjeuner sur l’herbe.
Jean-Pierre Bénisti
Le 11 septembre, nous apprenions qu’à Santiago du Chili un coup d’état avait renversé le gouvernement d’unité populaire de Salvador Allende. Le Général Pinochet avait pris le pouvoir et Salvador Allende s’était suicidé. Nous étions tous bouleversés et nous pensions à la similitude entre le coup d’état de Pinochet et le pronunciamiento du Général Franco en 1936. Comme les nazis au Vel d ‘hiv avaient parqué les juifs en 1942, Papon les Algériens en 1961, Pinochet parqua ses opposants dans les stades de Santiago.
Quelques jours après le coup d’état, le poète Pablo Neruda devait périr. En cette année 1973. Il ne fallait pas s’appeler Pablo, les deux autres grands Pablo : Picasso et Casals sont morts cette même année 73. La guerre d’Espagne était présente dans nos esprits. Pablo Neruda avait écrit au sujet de cette guerre :
¡ Venid a ver la sangre por las calles !
(Venez voir le sang dans la rue !)
Mon ami Antoine Blanca. (1936-2016) (1) , que j’avais perdu de vue, fut chargé par l’Internationale socialiste de faire une enquête sur la situation. Dans son rapport, il compara la situation à Santiago à celle de la Casbah pendant la bataille d’Alger. Il sera par la suite ambassadeur de France en Amérique du Sud et il publiera par la suite un livre sur ce coup d’état intitulé : Salvador Allende, l’autre 11 septembre, (en référence à ce qui s’est passé à New York le 11 septembre 2001.
Un autre évènement important avait lieu à Alger quelques jours avant ce coup d’état :c’était le sommet des pays non-alignés. Salvador Allende n’avait pu y participer et avait envoyé un message écrit. On pouvait s’interroger sur le non-alignement de Fidel Castro ou d’autres, mais ce mouvement aurait pu être intéressant si les pays présents à cette conférence étaient réellement non-alignés. Je suivais les informations à la radio et je reconnus la voix de Ralph Pinto, un ancien camarade de l’école de la rue Franklin de Bab el Oued, qui était devenu journaliste de politique étrangère à France-Inter et qui couvrait le sommet d’Alger.
Un mois plus tard, la guerre reprenait au Proche-Orient et l’année 1974 fut aussi riche en évènements.
Jean-Pierre Bénisti
Le 30 août 1973, le poète algérien Jean Sénac était assassiné à Alger.
Ex fans des sixties
Petite baby doll
Comme tu dansais bien le rock n’roll
Jane Birkin vient de nous quitter. Sa sincérité et son accent britannique nous captivait. Nous avions tous l’impression qu’elle faisait partie de notre famille. En l’écoutant nous avions la nostalgie des années 60 et aussi des années 70, année de bonheur venant après les longues années de guerre. Magistral interprète de Gainsbourg, elle chantait aussi Avec le temps, cette sublime chanson de Léo Ferré, disparu il y a juste trente ans, qui change selon les interprètes qui vont de Catherine Sauvage à Dalida ou Phillipe Léotard.
L’extrême droite a eu raison de Pap N’Diaye. J’ai déjà dit à mes amis que je trouvais inadmissible que la presse de droite ou d’extrême droite s’attaque à la personne d’un ministre de la République qui menait une politique tout à fait honnête. Les collègues ministres de Pap N’Diaye n’ont pas fait preuve d’une grande solidarité. D’éminents intellectuels comme Jack Lang, Aurélie Filippetti ou Michel Wieworka ont manifesté leur solidarité. Plutôt que d’écouter ces derniers le Président a préféré écouter la droite et l’extrême droite et a congédié le ministre. Il a aussi conservé des ministres tout à fait inexistants comme la ministre des Affaires étrangères, que nous ne connaissions que de nom.
Ceux qui, comme moi, ont choisi Macron, plutôt que l’extrême droite sont actuellement frustrés
Jean-Pierre Bénisti
Voir :
Après les propos de Pap N’Dyaye sur C news : « Facf à la culture de haine que diffuse l’extrême droite, il faut défendre avec énergie les valeurs humanistes et démocratiques. « Le Monde 20 juillet 2023
L’extrême droite a obtenu le départ de Pap N’Diaye par Phillipe Meirieu . Le Monde du 21 juillet 2023 https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/07/21/l-extreme-droite-a-obtenu-le-depart-de-pap-ndiaye_6182837_3232.html?fbclid=IwAR3R9ztiagtoefZmhLcFU69v5XUmG3wrFSCA8mC_4sNKXCmbmSzeM_fluDs
Interview de Najet Vallaud-Belkacem Le Monde du 22 juillet 2023
Parution d'un nouveau livre
https://www.editions-harmattan.fr/livre-a_propos_de_camus_de_senac_et_de_l_algerie_i_souvenirs_et_reflexions_i_jean_pierre_benisti-9782140354588-77373.html
Cet ouvrage rassemble un certain nombre de textes écrits à partir de souvenirs personnels d'enfance et d'adolescence en Algérie (Guerre d'Algérie et débuts de l'Indépendance) et de rencontres avec des écrivains et artistes d'Alger, amis de Louis Bénisti, père de l'auteur. Il est composé d'articles originaux, complétés de quelques textes déjà publiés et illustré de nombreuses photos ou reproductions d'œuvres d'art.
https://www.editions-harmattan.fr/catalogue/couv/b/9782140354588b.jpg
Rappel
https://www.aurelia-myrtho.com/2016/02/a-para-tre-on-choisit-pas-sa-mere-de-louis-benisti.html
https://www.aurelia-myrtho.com/2019/10/albert-camus-correspondance-avec-ses-amis-benisti-1934-1958.html