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8 novembre 2011 2 08 /11 /novembre /2011 12:18

            Une femme de ménage a détérioré, en voulant la nettoyer, une œuvre d’art constituée par l’installation d’une cuvette souillée. Il me semble que cette dame a commis, elle aussi, une œuvre d’art dans sa réaction par rapport à l’objet exposé. Une œuvre d’art n’existe que par la réaction qu’elle suscite.

            Jean Dubuffet disait,  en substance à un de ses interlocuteurs que la culture était peut-être un bouton de la braguette de son pantalon perdu un matin en montant dans le train.

            Voilà une pensée à méditer pour les fonctionnaires du ministère de la culture.

 

                                               Jean-Pierre Bénisti

 

http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2011/11/04/sale-une-femme-de-menage-detruit-une-partie-dune-oeuvre-dart-dune-valeur-de-800-000-euros/

 

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21 octobre 2011 5 21 /10 /octobre /2011 16:04

Il y a quelques années, au cours d’un séjour à Mykonos, je rentrais dans une pâtisserie et j’essayais de déchiffrer le nom d’un  gâteau  qui était écrit en majuscule grecque : KATAIFI   ce qui devait se prononcer : Kataîfi. Je demandais à la vendeuse un Kadhafi : elle me tendit le gâteau en souriant. Depuis, j’ai toujours l’habitude de demander des Kadhafis lorsque je me rends dans les pâtisseries grecques (ou nord-africaine, car il s’agit d’un gâteau d’origine turque et on le trouve dans les pays de l’ancien empire ottoman) jusqu’au jour où dans un restaurant grec de la rue de la Huchette où je demandais pour dessert un Kadhafi, le garçon se mit en colère et me dit : « Kadhafi n’est pas ici ! Monsieur ! Il s’agit de Kadèf et non de Kadhafi ! » Ce garçon ne devait pas avoir le sens de l’humour.

Que savait-on de la Libye avant que ce personnage théâtreux rentre en scène : un territoire vaste entre la Tunisie et l’Égypte, La Libye était pour nous un pays peu connu. On savait qu’il était composé de trois régions : Cyrénaïque avec Benghazi, Tripolitaine avec Tripoli et le Fezzan. Ce pays  avait été colonisé par les Italiens et pendant la guerre, il fut le théâtre d’opérations militaires à El Alaman,  et à Bir Hakem. La France devait occuper après la guerre, le Fezzan, région saharienne de Libye, connu pour ses sites préhistoriques et administra ce territoire jusqu’en 1951. On savait aussi par Pierre Salama que la Libye avait de très belles ruines romaines, notamment à Leptis Magna. La Libye avait une importante communauté juive, autochtone ou italienne qui comptait des personnalités comme le pédiatre Aldo Naouri ou le chanteur Herbert Pagani, chanteur qui écrivit pour François Mitterrand, l’hymne du parti socialiste sur une musique de Theodorakis. Tripoli devait être,  pendant la guerre d’Algérie, le siège du CNRA, qui était le parlement du FLN.

Lorsque le Colonel Kadhafi renversa le roi Idriss, l’évènement passa presque inaperçu, tant la Libye intéressait peu l’opinion. L’actualité avait été riche cet été 1969, l’homme avait marché sur la Lune, un Festival des Arts Africains  avait eu lieu à Alger, qui reçut à cette occasion les leader noirs américains comme Eldridge Cleaver ou Angela Davies et la France était émue par le suicide de Gabrielle Russier. Ce genre de coup d’état était courant dans les pays arabes et semblait à l’époque plus ou moins téléguidé par Nasser, qui était un homme politique très apprécié des masses arabes.

Ce colonel nous était antipathique et l’on se plaisait à plaisanter en usant des allitérations telles que : Kadhafi, qu’as-tu- fait ?

Fin 1973, Kadhafi vint en France et fut reçu par le Président Pompidou, alors rongé par la maladie. Une rencontre fut organisée entre Kadhafi, Mendès-France, Sicco Mansholt  et autres personnalités. Pierre Gardère, mon professeur de philosophie, que j’avais rencontré à cette époque me fit part de son désaccord sur ce genre de rencontres avec un personnage de ce genre et me dit : « Il y a des plates bandes où il ne faut pas marcher ! »

Je m’aperçus de la dangerosité de ce personnage lorsque je le vis à la télévision revêtu de sa tenue militaire débarquer à Vienne. Cet homme ne regardait pas les personnes qui l’accueillaient et était donc dangereux.

Lors de sa dernière venue à Paris il réussit en dressant sa tente au centre de Paris à lancer un défi à Sarkozy. Tout le monde pensait qu’il lui disait : « Toi, l’occidental et moi, l’oriental. » Mais, en fait, il lui disait : « Toi, le sédentaire, et moi le nomade. » Et n’oublions pas que la crise libyenne est une   crise tribale.

Je n’ai apprécié ni le lynchage  de Mussolini, ni l’exécution des Ceucescu  ou celle de Saddam Hussein et je m’interroge sur la mort de Kadhafi Nous aurions préféré qu’il soit capturé vif, plutôt que mort. As-t-il succombé à des blessures pendant sa capture ou a-t-il été assassiné ? La question restera sans réponse.

 

                                                            Jean-Pierre Bénisti

 

 

Voir Article De Laurent Joffrin :

 http://tempsreel.nouvelobs.com/laurent-joffrin/20111021.OBS2994/l-amere-victoire-de-la-revolution-libyenne.html

 

 

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21 octobre 2011 5 21 /10 /octobre /2011 16:02

Aussi bien le Général de Gaulle, Georges Pompidou ou François Mitterrand ont eu recours pour leurs soins médicaux, les hôpitaux publics. Nicolas Sarkozy a rompu cette coutume en ne s’opposant pas à ce que son épouse accouche d’une petite fille dans une Maternité privée du XVI ème arrondissement. Ce qui est étonnant, c’est que ce fait n’ait pas été révélé par la presse

                                    Jean-Pierre Bénisti

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17 octobre 2011 1 17 /10 /octobre /2011 09:31

 

 

            Le 17 octobre 1961, j’étais à Paris chez ma tante Suzanne, qui m’avait accueilli après mon départ d’Alger. J’étais élève en classe terminale au lycée Jacques Decour, près de Montmartre. Alors que j’étais en train de finir mon travail scolaire, vers onze heures du soir, Suzanne, qui était en train d’écouter la radio, vint m’informer que les Algériens en masse manifestaient sur les boulevards. Je n’étais pas étonné, car j’avais su que le préfet de police Maurice Papon venait d’instaurer un couvre-feu, frappant les Algériens, en raison de fréquents attentats visant les policiers. Ce couvre-feu était tout à fait illégal, car il visait les seuls musulmans qui n’étaient reconnaissables que par leurs caractéristiques physiques. Les Algériens vivant en région parisienne avaient mal ressenti cette mesure discriminatoire et avait fait part de leurs mécontentements. Le lendemain, lorsque je lus les journaux, j’appris qu’il y eut  une terrible répression. Les services d’urgence des hôpitaux avaient reçu de nombreux blessés. La Seine charriait des cadavres de manifestants noyés. Enfin les militants des droits de l’homme s’indignaient que le préfet Papon ait donné l’ordre de parquer les manifestants au Palais des sports, de la même façon ,  la Gestapo parqua les juifs au Veld’Hiv. Triste retour des choses. On pourrait presque parler de retour du refoulé. Dans les années 80, on devait apprendre que Papon avait été un fonctionnaire du gouvernement pétainiste à Bordeaux et qu’il avait signé des ordres de déportation de juifs. Sinistre Papon ! Il devait encore s’illustrer en février 1962, lors de la manifestation qui devait aboutir aux morts du métro Charonne. Heureusement qu’il ne fut pas en service en mai 68, car il y aurait eu des victimes et il faut être reconnaissant envers le préfet Maurice Grimaud, qui devait succéder à Papon. Il faudrait un jour étudier l’utilisation des stades pour parquer les prisonniers. Au Chili, Pinochet parqua ses opposants au stade de Santiago.

 

                                                                                                              Jean-Pierre Bénisti

 

 

             

Voir le court métrage d'Ali Akika:

http://www.liberte-algerie.com/contributions/paris-17-octobre-61-les-algeriens-sont-jetes-dans-la-seine-commemoration-du-50e-anniversaire

 

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27 septembre 2011 2 27 /09 /septembre /2011 16:59

 

Il s’en fallait de peu, mon cher,

Que cette putain ne fût ta mère.

 

Georges Brassens

 

Actuellement passe sur les écrans l’Apollonide.de Bertrand Bonello Ce film se passe entièrement dans une maison close située à Paris entre la fin du XIX ème siècle et le début du XX ème.  Ce film est inspiré du livre de Laure Adler sur la vie quotidienne dans les maisons closes (1)    Toutes les scènes  se passent à l’intérieur du bordel et l’on ne sort de ce huis clos que lors d’une sortie des pensionnaires au bord de la  rivière où les filles se baignent nues. C’est un clin d’œil à cette époque impressionniste des déjeuners sur l’herbe de Manet  ou de Monet et des baigneuses de Renoir.

Dans la littérature de cette époque d’avant la guerre 14  dont nos grands-parents en gardaient une nostalgie, le bordel faisait partie de la cité comme l’église ou le café. Les écrivains comme Maupassant, Flaubert, Charles-Louis Phillipe, Proust, Carco, Mac Orlan  en ont largement parlé.  Les cinéastes se sont emparés du thème et l’on pense au Bonheur de Max Ophuls inspiré de la Maison Tellier de Maupassant, Belle de Jour de Buñuel ou les films de Fellini où il nous transporte dans les bordels de la Rome fasciste avec un défilé de putains déshabillées précèdent un défilé de mode ecclésiastique avec des cardinaux à bicyclette.

 

C’est peut-être en peinture que le thème du bordel s’est le mieux exprimé et l’on pourrait parler d’une véritable école bordèlique.

Van Gogh à Arles se tranche l’oreille en décembre 1888 et offre  le lobe de son oreille à une prostituée de la maison de tolérance n°1. Les maisons que Paul Claudel  appelait de tolérance étaient à Arles désignées par des numéros. Cette automutilation correspond d’après les psychanalystes à un fantasme de castration. C’est  à ce moment-là que le peintre réalise son autoportrait avec son bandeau, sa pipe et sa toque de fourrure. Ce tableau dont je voyais la reproduction qui ornait le salon d’un ami de mes parents m’a suivi pendant toute mon enfance. J’étais fasciné par l’harmonie des couleurs : la veste verte et le mur rouge et orange et les yeux de l’artiste qui nous regardent encore et toujours.

Pendant ce temps-là à Paris, Toulouse-Lautrec passe sa vie dans les bordels parisiens et il n’e cesse pas de peindre les pensionnaires et les salons de ces maisons. Toutes ces peintures de Toulouse-Lautrec sont une véritable chronique de cette société fin de siècle.

Degas lui aussi, délaissant les cavaliers et les danseuses, va croquer dans les bordels des créatures felliniennes avant la lettre. Picasso fit l'acquisition  une de ses oeuvres  représentant trois dames de bordel Cette peinture se trouve actuellement au Musée Picasso. C’est dans un bordel de Barcelone, qui se trouvait Carrer de Avignon (ou Calle de Avignon) que Picasso devait peindre les Demoiselles d’Avignon, qui marque la transition de l’époque dite nègre de Picasso à l’époque cubiste.

 

Les peintres ne fréquentaient pas uniquement  les salons parisiens. En Afrique du Nord, il existait une prostitution coloniale où cohabitaient  européennes et nord-africaines. Albert Marquet et surtout Jean Launois et Charles Brouty ont fréquenté la Casbah d’Alger. Launois a travaillé longtemps dans ces salons d’Alger comme Toulouse-Lautrec ou Pascin travaillaient dans les salons parisiens.

Le Corbusier se rend  à Alger en 1931 et Jean de Maisonseul  qui lui fit visiter la Casbah et ses bordels . nous raconte  qu’il fut frappé par la beauté  d’une fille espagnole et d’une très jeune Algérienne, qu’ils nous firent monter par un étroit escalier jusqu’à leur chambre et les dessina nues sur un cahier d’écolier. »(2)

Louis Bénisti qui s’était longtemps promené dans la Casbah nous racontait ses souvenirs : « Nous nous trouvions devant des portes aux peintures criardes l'une arborait une enseigne qui s'appelait : le Soleil,   l’autre arborait un chiffre énorme: le chiffre  12  et s’appelait les Andalouses, les douze andalouses. Les andalouses étaient des filles venues de leur pays : l'Andalousie qui, après avoir gagné leur dot  s'en retournait dans leur pays acheter une maison. C’était une coutume assez curieuse. C'est là qu'on trouvait des petites Espagnoles âgées de seize à vingt ans. Cette rue Kataroudjil  se prolongeait en descendant         vers l'intérieur de la ville,   ce prolongement était constitué par une succession   de maisons closes et de maisons  qui arboraient une pancarte :": maison honnête". Alors on descendait toujours avec  ce cœur angoissé, cette même peur que  nous avions d'aborder  l'inconnu. La rue descendait nous arrivions à la maison des   prostituées kabyles  et  puis cette rue arrivait à croiser la   rue de la Casbah. »  Vers 1989, il devait reprendre les croquis qu’il avait rapportés  d’Alger et il nous reconstitua ces petits salons de l’Algérie des années 30 et  40

 

 

Jean-Pierre Bénisti

 

 

 

(1)    Laure ADLER : La vie quotidienne dans les maisons closes 1830-1930, Hachette, Paris1990

(2)    Stanislas VON MOOS Le Corbusier, l’architecte et son mythe. Horizons de France, Paris 1970

(3)    Louis BÈNISTI ; Promenades dans la Casbah. Entretien avec Jean-Pierre Bénisti in Louis Bénisti, peintre, sculpteur et écrivain. Algérie Littérature Action n°67-68, 2003, Alger, éditions Marsa.


 

 Cliche-2011-09-25-18-00-50.jpg

 

Louis Bénisti : Le  salon des Andalouses , Gouache 1989.

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22 juillet 2011 5 22 /07 /juillet /2011 10:12

Un grand chambardement s’annonce sur France-Culture. OPDA (1) le nouveau directeur de la  station tient, comme ses prédécesseurs l’ont fait en leurs temps, à marquer son empreinte. Il est normal que des émissions s’arrêtent et que des producteurs partent. Il est toutefois regrettable que ce changement se fasse au mépris des auditeurs qui sont avertis de la disparition des émissions que par les producteurs eux-mêmes qui à l’occasion de leurs congés d’été nous disent plus souvent adieux qu’au revoir.

Nous avons toujours sur France-Culture des émissions de qualité. Il manque cependant des orateurs dynamiques comme Antoine Spire ou Roger Dadoun, qui n’hésitaient pas à  avoir des débats très contradictoires.

 

Jean-Pierre Bénisti

 

Voir les Blogs :

http://carpewebem.fr/rentree-2011-de-france-culture-des-rumeurs-des-inquietudes/

http://regardfc.forumn.net/t387-grille-de-rentree-septembre-2011#/t387-grille-de-rentree-septembre-2011

et  Télérama : article de Véronique Brocard 24 juin 2011

http://www.telerama.fr/radio/la-rentree-de-france-culture-s-annonce-agitee,70498.php

Signalons l’heureuse initiative de France-Culture de faire une série d’émissions sur la Guerre d’Algérie : Les Grandes Traversées : Algérie 1961, à la croisée des chemins : Une série d’Aurélie Luneau et Yvon Croizier, avec Boualem Sansal

 

 

 


 (1)Olivier Poivre d’Arvor 

 

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19 juillet 2011 2 19 /07 /juillet /2011 17:56

 

 

Je n’ai pu aller hier soir entendre Jeanne Moreau et Etienne Daho dire et chanter Le Condamné à mort de Genet sur une musique d’Hélène Martin.
J’ai été le mois passé au théâtre antique de Fourvière à Lyon pour ce même spectacle. J’y suis sorti en colère, car la sonorisation était mal réglée et l’on ne  déchiffrait qu’un mot sur deux.

Ce chant, je le connaissais pour l’avoir entendu  chanter par Hélène Martin et je préfère cette interprétation originelle à celle de Daho.

N’oublions pas que le théâtre de Jean Genet avait été mis en valeur par Lucie Germain, cette grande dame, qui dirigeait le théâtre de Lutèce et qui fit monter les Nègres dans une mise en scène de Roger Blin avec des décors d’André Acquart. :

 

Écoutons un fragment du Condamné à mort :

 

Ton âme délicate est par de là les monts

Accompagnant encor la fuite ensorcelée

D'un évadé du bagne, au fond d'une vallée

Mort, sans penser à toi, d'une balle aux poumons.

 

Élève-toi dans l'air de la lune ô ma gosse.

Viens couler dans ma bouche un peu du sperme lourd

Qui roule de ta gorge à tes dents, mon Amour,

Pour féconder enfin nos adorables noces.

 

Colle ton corps ravi contre le mien qui meurt

D'enculer la plus tendre et douce des fripouilles.

En soupesant charmé tes rondes, blondes couilles,

Mon vit de marbre noir t'enfile jusqu'au cœur.

 

 

 

Voir les sites

 

 

http://www.sptzr.net/Translations/prisoner.htm

 

 

http://www.revue-analyses.org/index.php?id=671

 

 

http://www.youtube.com/watch?v=1CumaK6iQng

 

http://www.youtube.com/watch?v=q749PJyVyZg

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17 juillet 2011 7 17 /07 /juillet /2011 12:20

aandre3

Marquet  14 juillet au Havre

 

 

13.jpg

 

Le Douanier Rousseau 

 

 

Pour répondre aux indignes propos de notre premier ministre, faisons un petit défilé en chantant

 

 

En revenant de la revue

 

 [Chanson que chantait ma grand-mère, qui insistait sur son côté ridicule. Cette chanson de Paulus était devenue une chanson boulangiste)]

 

Je suis l'chef d'une joyeuse famille,
Depuis longtemps j'avais fait l'projet
D'emmener ma femme, ma soeur, ma fille
Voir la revue du quatorze juillet.
Après avoir cassé la croûte,
En choeur nous nous sommes mis en route
Les femmes avaient pris le devant,
Moi j'donnais le bras à belle-maman.
Chacun devait emporter
De quoi pouvoir boulotter,
D'abord moi je portais les pruneaux,
Ma femme portait deux jambonneaux,
Ma belle-mère comme fricot,
Avait une tête de veau,
Ma fille son chocolat,
Et ma soeur deux oeufs sur le plat.

Gais et contents, nous marchions triomphants,
En allant à Longchamp, le coeur à l'aise,
Sans hésiter, car nous allions fêter,
Voir et complimenter l'armée française

Bientôt de Lonchamp on foule la pelouse,
Nous commençons par nous installer,
Puis, je débouche les douze litres à douze,
Et l'on se met à saucissonner.
Tout à coup on crie vive la France,
Crédié, c'est la revue qui commence
Je grimpe sur un marronnier en fleur,
Et ma femme sur le dos d'un facteur
Ma soeur qu'aime les pompiers
Acclame ces fiers troupiers,
Ma tendre épouse bat des mains
Quand défilent les saint-cyriens,
Ma belle-mère pousse des cris,
En reluquant les spahis,
Moi, je faisais qu'admirer
Notre brave général Boulanger.

Gais et contents, nous étions triomphants,
De nous voir à Longchamp, le coeur à l'aise,
Sans hésiter, nous voulions tous fêter,
Voir et complimenter l'armée française.

En route j'invite quelques militaires
A venir se rafraîchir un brin,
Mais, à force de licher des verres,
Ma famille avait son petit grain.
Je quitte le bras de ma belle-mère,
Je prends celui d'une cantinière,
Et le soir, lorsque nous rentrons,
Nous sommes tous complètement ronds.
Ma soeur qu'était en train
Ramenait un fantassin,
Ma fille qu'avait son plumet
Sur un cuirassier s'appuyait,
Ma femme, sans façon,
Embrassait un dragon,
Ma belle-mère au petit trot,
Galopait au bras d'un turco.

Gais et contents, nous allions triomphants
En revenant de Longchamp, le coeur à l'aise,
Sans hésiter, nous venions d'acclamer,
De voir et de complimenter l'armée française

 

Paulus

 

 

 

La Romance du 14 juillet

 

[Cette chanson est la chanson fétiche des fanfares de l’école des beaux-arts. Mon père la chantait avec ses amis peintres et architectes  dans les soirées festives suivant les vernissages d’expositions]

 

Comme elle n'avait qu'seize ans à peine
Elle sentit battre son coeur
Un soir avec le môme Gégène
La pauvrette avait cru au bonheur
C'était l'jour d'la fête Nationale
Où c'que la bombe pète en l'air
Elle sentit comme un grand coup d'frein
Un frisson qui pénétrait sa chair

 

Par devant par derrière
Tristement comme toujours
Sans chichi sans manières
Elle connut l'amour
Les oiseaux dans les branches
En les voyant s'aimer
Entonnèrent la romance
Du quatorze juillet

 

Mais quand refleurit l'aubépine (De ch'val !)
Au premier jour du printemp (ta cule !)
Fallait voir la pauvre gamine (de rien !)
Mettre au monde un tout p'tit enfant (Tassin !)
Mais Gégène qu'est l'mec qui l'a cool
Lui dit "- Ton goss' moi j'm'en fout
J'te l'ai mis maintenant j'me les roule
A ta place je lui tord'rai le cou ! "

 

Par devant par derrière
Tristement comme toujours
Fallait voir la pauvre mère
Et son gosse de huit jours
En fermant les paupières
Elle lui tordit l'quiqui
Et dans l'trou des water
Elle a jeté son p'tit

 

Mise au banc de la cour d'Assise
Comme à celui de la société
Elle fut traitée de fille soumise
Le lendemain du quatorze juillet
Entendant le verdict atroce
Qui la condamne au bagne pour pour vingt ans
Elle pensait à son pauvvre gosse
Qu'elle ne verrait plus maintenant

 

Par devant par derrière
Tristement comme toujours
Elle est morte la pauvr' mère
A Cayenne un beau jour
Morte avec l'espérance
De revoir son petit
Dans la fosse d'aisance
Là où c'qu'elle l'avait mis !

Les oiseaux dans les branches
En la voyant clamser
Entonnèrent la romance
Du quatorze juillet

 

 

 

À Paris dans chaque faubourg

 

(Chanson de René Clair et de Maurice Jaubert, du film Quatorze Juillet  de René Clair)

À Paris dans chaque faubourg
Le soleil de chaque journée
Fait en quelques destinées
Éclore un rêve d'amour
Parmi la foule un amour se pose
Sur une âme de vingt ans
Pour elle tout se métamorphose
Tous est couleur de printemps
À Paris quand le jour se lève
À Paris dans chaque faubourg
À vingt ans on fait des rêves
Tout en couleur d'amour

Ils habitaient le même faubourg
La même rue et la même cour
Il lui lançait des sourires
Elle l'aimait sans lui dire
Mais un jour qu'un baiser les unit
Dans le ciel elle crut lire
Comme un espoir infini

Après des jours dépourvus d'espoir
Tous deux se sont rencontrés un soir
Ils n'ont pas osé sourire
Mais leurs regards ont pu lire
Que bientôt ils pouvaient être heureux
Et s'ils n'ont rien pu se dire
Leurs yeux ont parlé pour eux
À Paris dans chaque faubourg
Quand la nuit rêveuse est venue
À toute heure une âme émue
Évoque un rêve d'amour

Des jours heureux il ne reste trace
Tout est couleur de la nuit
Mais à vingt ans l'avenir efface
Le passé quand l'espoir luit
À Paris dès la nuit venue
À Paris dans chaque faubourg
À toute heure une âme émue
Rêve encore à l'amour

 

René Clair

 

 

À Paris

[Chanté par Yves Montand]

À Paris
Quand un amour fleurit
Ça fait pendant des semaines
Deux coeurs qui se sourient
Tout ça parce qu'ils s'aiment
À Paris

Au printemps
Sur les toits les girouettes
Tournent et font les coquettes
Avec le premier vent
Qui passe indifférent
Nonchalant

Car le vent
Quand il vient à Paris
N'a plus qu'un seul soucis
C'est d'aller musarder
Dans tous les beaux quartiers
De Paris

Le soleil
Qui est son vieux copain
Est aussi de la fête
Et comme deux collégiens
Ils s'en vont en goguette
Dans Paris

Et la main dans la main
Ils vont sans se frapper
Regardant en chemin
Si Paris a changé

Y'a toujours
Des taxis en maraude
Qui vous chargent en fraude
Avant le stationnement
Où y'a encore l'agent
Des taxis

Au café
On voit n'importe qui
Qui boit n'importe quoi
Qui parle avec ses mains
Qu'est là depuis le matin
Au café

Y'a la Seine
A n'importe quelle heure
Elle a ses visiteurs
Qui la regardent dans les yeux
Ce sont ses amoureux
À la Seine

Et y'a ceux
Ceux qui ont fait leur nids
Près du lit de la Seine
Et qui se lavent à midi
Tous les jours de la semaine
Dans la Seine

Et les autres
Ceux qui en ont assez
Parce qu'ils en ont vu de trop
Et qui veulent oublier
Alors y se jettent à l'eau
Mais la Seine

Elle préfère
Voir les jolis bateaux
Se promener sur elle
Et au fil de son eau
Jouer aux caravelles
Sur la Seine

Les ennuis
Y'en a pas qu'à Paris
Y'en a dans le monde entier
Oui mais dans le monde entier
Y'a pas partout Paris
Voilà l'ennui

À Paris
Au quatorze juillet
À la lueur des lampions
On danse sans arrêt
Au son de l'accordéon
Dans les rues

Depuis qu'à Paris
On a pris la Bastille
Dans chaque faubourg
Et à chaque carrefour
Il y a des gars
Et il y a des filles
Qui sur les pavés
Sans arrêt nuit et jour
Font des tours et des tours
À Paris

 

Francis Lemarque.

 

La Mauvaise Réputation :

 

Au village, sans prétention,
J'ai mauvaise réputation.
Qu'je m'démène ou qu'je reste coi
Je pass' pour un je-ne-sais-quoi!
Je ne fait pourtant de tort à personne
En suivant mon chemin de petit bonhomme.
Mais les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Non les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Tout le monde médit de moi,
Sauf les muets, ça va de soi.

Le jour du Quatorze Juillet
Je reste dans mon lit douillet.
La musique qui marche au pas,
Cela ne me regarde pas.
Je ne fais pourtant de tort à personne,
En n'écoutant pas le clairon qui sonne.
Mais les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Non les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Tout le monde me montre du doigt
Sauf les manchots, ça va de soi.

Quand j'croise un voleur malchanceux,
Poursuivi par un cul-terreux;
J'lance la patte et pourquoi le taire,
Le cul-terreux s'retrouv' par terre
Je ne fait pourtant de tort à personne,
En laissant courir les voleurs de pommes.
Mais les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Non les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Tout le monde se rue sur moi,
Sauf les culs-de-jatte, ça va de soi.

Pas besoin d'être Jérémie,
Pour d'viner l'sort qui m'est promis,
S'ils trouv'nt une corde à leur goût,
Ils me la passeront au cou,
Je ne fait pourtant de tort à personne,
En suivant les ch'mins qui n'mènent pas à Rome,
Mais les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Non les brav's gens n'aiment pas que
L'on suive une autre route qu'eux,
Tout l'mond' viendra me voir pendu,
Sauf les aveugles, bien entendu.

 

Georges Brassens

 

La mala reputacion

 

Version de Paco Ibañez

 

 

http://blogs.mediapart.fr/blog/n-boublitchki/121010/la-mala-reputacion-paco-ibanez

 

Cuando la fiesta nacional
Yo me quedo en la cama igual,
Que la música militar
Nunca me pudo levantar.
En el mundo pues no hay mayor pecado
Que el de no seguir al abanderado
Y a la gente no gusta que
Uno tenga su propia fe
Y a la gente no gusta que
Uno tenga su propia fe
Todos me muestran con el dedo
Salvo los mancos, quiero y no puedo.

 

N’oublions pas aussi que Léo Ferré est mort  le 14 juillet 1993

 

 

 

 

 

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15 juillet 2011 5 15 /07 /juillet /2011 17:14

14 juillet

 

 

marianne_1.jpg

 

« Le jour du 14 juillet,

Je reste dans mon lit douillet,

La musique qui marche au pas,

Cela ne me regarde pas. »

Tout le monde connaît cette chanson de Brassens. Je suis pour ma part scandalisé par l’appropriation de notre fête nationale par les forces armées. Nous n’avons même plus l’honneur d’être virtuellement présent dans les jardins de l’Élysée, comme il en était d’usage sous Chirac ou Mitterrand.

  Il est peu probable que j’apporte à Éva Joly mon bulletin de vote. Cependant elle vient d’avoir une idée intéressante : supprimer ce défilé militaire et le remplacer par un défilé citoyen

   Il serait sage de redonner aux citoyens une vraie fête nationale avec des bals populaires. Et le défilé militaire pourrait avoir lieu le 11 novembre, dont la célébration est bien inutile depuis que la disparition des derniers poilus.

  À l’occasion du 14 juillet, nous devons saluer nos amis de Tunis, du Caire ou d’ailleurs qui ont su suivre l’exemple des révolutionnaires de 89 et de 90.

 

                                                           Jean-Pierre Bénisti

 

 

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1 juin 2011 3 01 /06 /juin /2011 13:38

 

Samedi 28  mai, près du Canal Saint Martin, je rencontre par hasard Jean-François Khan, qui est au centre de l’actualité pour avoir résumé l’affaire DSK en un troussage de domestique. Je lui ai dit que cette phrase ne m’avait nullement choqué et que je ne comprenais pas ce déferlement médiatique sur ce propos. C’est rare que France-Culture ait une telle audience. Je lui ai dit que j’ai été comme tout le monde perturbé par cette affaire, à tel point que tous les jours, je faisais des interprétations différentes. « Nous en sommes tous à la même enseigne. »me dit-il.

Je comprends mal ce débat sur le féminisme à l’occasion de cette affaire. Il semble que beaucoup mélangent tout : libertinage, grivoiserie, harcèlement. Tout y passe.

Un article intéressant à ce sujet : celui de Hèle Béji dans Le Monde : Refusons le féminisme victimaire (1)

Première victime collatérale de l’affaire : le peu médiatique ministre Georges Tron qui paraît-il, abuserait de ses talents de masseur de pieds. Chacun prend son pied, comme il peut. Le Monde a publié le 22 avril  un article de Philippe Brenot sur le fétichisme du pied  (2)

Buñuel a bien illustré cela dans l’Age d’or.

 

                                                                       Jean-Pierre Bénisti

 

(1)    http://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=1158252

 

 

(2) http://www.lemonde.fr/week-end/article/2011/04/22/le-fetichisme-aimer-autrement_1510181_1477893.html

 

 

Pieds-copie-1.JPG

 

Paris avril 2011

 

Rome397-copie-1.jpg

 

Rome 1991

 

 

Phtos JPB

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