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12 juin 2012 2 12 /06 /juin /2012 11:57

Dans Libération, OPDA (Olivier Poivre d’Arvor) explique les raisons de sa démission du jury du prix du roman arabe.

Le jury qui avait décerné son prix à Rue Darwin de Boualem Samsal  a décidé de se déjuger depuis que l’écrivain algérien s’est rendu en Israël.

Il est permis de critiquer dans un sens ou dans un autre l’attitude de l’écrivain. Cependant il y a une chose sur laquelle les membres de ce jury qui se déjugent devraient méditer. Comment le contenu d’un livre se modifie en fonction du comportement se son auteur, une fois le livre imprimé ?

J’espère recevoir les commentaires de ces honorables jurés  qui se déjugent.. Il y a de quoi faire de longues dissertations.

 

                                                                       Jean-Pierre Bénisti

 

 

 

Voir Lettre ouverte à Boualem Samsal  par Salah Guemriche

http://blogs.mediapart.fr/blog/snp/110612/lettre-ouverte-boualem-sansal

 

Pourquoi je démissionne du prix du roman arabe, par Olivier Poivre d’Arvor

http://www.liberation.fr/culture/2012/06/10/pourquoi-je-demissionne-du-prix-du-roman-arabe_825121

 

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3 mai 2012 4 03 /05 /mai /2012 11:09

La ménagerie de Tristan

 

L'éléphant qui n'a qu'une patte
A dit à Ponce Pilate
"Vous êtes bien heureux d'avoir deux mains
Ça doit vous consoler d'être consul romain"

Tandis que moi, sans canne et sans jambe en bois
Je suis comme un héron et jamais je ne cours et jamais je ne bois
Et je ne parle pas des soins qu'il me faut prendre
Pour monter l'escalier qui conduit à ma chambre

J'aimerais tant laver mes mains avec un savon rose
Avec du Palmolive, avec du Cadum
Car il faut être propre et ne puis me laver
Et j'ai l'air ridicule, debout sur le pavé

Je n'ai pour consoler cette tristesse affreuse
Que ma trompe pareille aux tuyaux d'incendie
Et si je mets les pieds dans le plat
Ils y restent et l'on ne peut me manger à la sauce poulette

Plaignez, Ponce Pilate, plaignez cette misère
Il n'y en a pas de plus grande sur Terre
Vous êtes bien heureux de laver vos deux mains
Ça doit vous consoler d'être consul romain

 

Robert DESNOS

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1 mai 2012 2 01 /05 /mai /2012 07:41

 

Le Muguet

 

Un bouquet de muguet,

Deux bouquets de muguet,

Au guet !Au guet !

Mes amis, il s'en souviendrait,

Chaque printemps au premier Mai.

Trois bouquets de muguet,

Gai ! Gai !

Au premier Mai,

Franc bouquet de muguet.

 

Robert DESNOS

Chantefables et Chantefleurs

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26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 13:42

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Expositions Louis Bénisti  à Nancy

 

 

du 10 mai au 1er juin 2012

 

 

Louis  Bénisti et son temps

La Douera

2 rue du Lion d'or 

Malzéville

Vernissage vendredi 11 mai à 18h

Conférence de Anissa Bouayed à 19h30

Queques jalons de la peinture algérienne

 

Bénisti : l'oeuvre ultime

Conseil Général de Meurthe et Moselle

Rue du Sergent Blandan

Nancy

Vernissage le mardi 15 mai à 17h30

Conférence de Jean-Pierre Bénisti à 18h30

Les peintres d'Alger de 1930 à 197O

 

Bénisti, Camus et ses amis

MJC Lillebonne

14 rue du Cheval Blanc 

Nancy

Conférence Mardi 29 mai à 20h30 de Zakia Abdelkrim

Camus et la Méditerranée

 

 

 

expositions réalisées avec le concours de l'association Diwan en Lorraine et de l'Association des Amis de Louis Bénisti

 

Voir le Site :
 http://www.louisbenisti.fr/

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 11:08
Fe374.jpgNuméro spécial Féraoun 
avec des articles de Guy Basst, Jean-Pierre Bénisti, Farida Boualit, Christiane Chaulet-Achour, Abdrrahmane Djeflaoi, Guy Dugas, Nora KaisseMaïdi, Albert Memmi, Youcef Merahi, Arezki Metref et Hamid Nacer-Khoja
Voir : 

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12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 16:29

Raymond Aubrac, Ahmed Ben Bella, deux pans entiers de notre histoire qui s’écroulent en un seul jour !

Il ne faut pas oublier que la  plus grande faute politique commise par le Gouvernement français fut le détournement de l’avion transportant Ben Bella et ses compagnons en octobre 1956. Cet acte prolongea inutilement la guerre d’Algérie et entraîna la quatrième république dans sa chute.

Lors de la première année de l’Indépendance de l’Algérie, Ben Bella avait eu l’heureuse initiative de faire la journée de l’arbre en invitant les citoyens à venir planter un arbre au lieu dit de l’Arbatache.

Jean Sénac fit un poème en l’honneur de l’Arbatache et dans son recueil Citoyens de Beauté,(1) il dut le censurer pour  que le nom du Président n'apparaisse pas après le coup d’état du 19 juin 1985. Il eut l’idée de faire un renvoi à la première revue qui avait publié ce poème.

 

Éditions de 1987 (Subervie, Rodez, 1967)

 

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Éditions de 1999 (Actes-Sud, Arles1999)

 

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12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 16:17

Nous pouvons maintenant lire la plupart des articles de journaux sur Internet. Et cependant, je continue à acheter tous les jours leMonde. J’achète ce journal depuis le lycée, cela fait plus de cinquante ans et je continue à le lire, malgré la baisse de sa qualité. D’un journal exceptionnel à l’époque de Beuve-Merry, il est devenu un quotidien comme les autres, tributaire de  la publicité et de l’appétit des lecteurs pour les scoops et le sensationnel ;

      Une des raisons de ma dépendance au Monde est la lecture quotidienne des avis de décès. Les habitants des grandes villes et qui appartiennent à une famille spirituelle dispersée  n’ont pas beaucoup de relations dans la ville où ils habitent et la presse locale ne les intéresse guère, aussi ils se rabattent donc sur la presse nationale : ma famille lit le Monde. Une autre famille lit le Figaro.

      Samedi dernier, j’ai appris le décès de Monsieur Raymond Jean. Il m’arrivait souvent de rencontrer au hasard de promenade dans la vieille ville d’Aix ou à la Cité du livre.

     J’avais entendu parler de Raymond Jean lorsqu’une amie m’offrit un petit livre qu’il avait écrit sur Éluard. Éluard, ce poète dont nous connaissons tous le poème Liberté et dont le Président Pompidou cita à propos de Gabrielle Russier, alors que toute la France était émue par ce drame :

            Comprenne qui voudra ;

            Moi mon remords ce fut

            (…)

            La victime raisonnable

            À la robe déchirée

            Au regard d’enfant perdue

            Découronnée défigurée

            Celle qui ressemble aux morts

            Qui sont morts pour être aimés ;(1)

Raymond Jean  publia les lettres de son élève Gabrielle Russier. (2)

Marie Salavert, qui était bibliothécaire  et notre voisine nous avait parlé du livre qu’elle fit avec lui sur les textes de Victor Hugo sur la peine de mort.(3)
Mes parents avaient apprécié la Lectrice, ce récit qui devint un film  de Michel Deville avec Miou-miou et Maria Casarès.(4)

J’ai mieux connu Raymond Jean quand  Nicole Benkimoun, une de ses élèves qui fit une série de peintures sur les textes de Saint-John Perse incita son professeur à venir visiter en sa compagnie et avec le poète Jean-Claude Villain, l’atelier de mon père, le peintre Louis Bénisti.

Mon père, qui souffrait du mépris des aixois pour les artistes, qui n’avaient pas su reconnaître Cézanne en son temps, fut très honoré de  la visite d’un écrivain reconnu ;

Après la  mort de mon père, Raymond Jean.eut l’amabilité d’écrire un texte d’hommage pour l’exposition  des dernières peintures de Bénisti organisée par les Rencontres Méditerranéennes Albert-Camus de Lourmarin. (5)

 

 

Reconnaissance à Raymond Jean.

 

 

                                                           Jean-Pierre Bénisti ;

 

 

 

 

 

 

 

 

      1. Paul ELUARD : Au rendez-vous allemand. Éditions de Minuit, Paris 1945

 

 

2. Raymond JEAN  Pour Gabrielle, Seuil, Paris, 1971

 

 

3. Victor HUGO : Ecrits sur la peine de mort; lecture de Raymond Jean; [éd. établie par Marie Salavert. ) Actes Sud. Arles,, 1985

 

 

4.  Raymond JEAN  La lectrice. Actes-Sud, Arles, 1986

 

5.  Transparences : Catalogue de l’exposition de Louis Bénisti. Dernières peintures. 1988-1995. Foyer Rural de Lourmarin, publié ensuite dans la revue Algérie-littérature-Action n°67-68: Louis Bénisti, peintre sculpteur et écrivain. Éditions Marsa, Alger, 2003. Voir : http://www.revues-plurielles.org/_uploads/pdf/4_67_21.pdf

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Louis BÉNISTI : Femme à la tulipe Gouache 1990

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4 avril 2012 3 04 /04 /avril /2012 17:30

L’effroyable tragédie de Toulouse et le cinquantenaire de la fin de la guerre d’Algérie nous amène à nous interroger sur le terrorisme. J’ai relaté à ce sujet la discussion que j’avais eu avec ma famille à propos de l’affaire Djamila Boupacha.

Du temps de la guerre d’Algérie, le débat sur ce sujet était très vif. Camus avait lancé son appel pour une trêve civile le 22 janvier 1956 demandant que les attentats s’arrêtent en même temps que la répression aveugle qui en découlait. Il a aussi exprimé son refus du terrorisme aveugle lors de son séjour à Stockholm et dans son livre Actuelles III (1): « …ceux qui ne connaissent pas la situation peuvent difficilement en juger, mais ceux qui la connaissant, continuent de penser héroïquement que le frère doit périr plutôt que les principes, je me bornerai à les admirer de loin, ils ne sont pas de ma race. » Cette phrase avait été citée par Jules Roy dans son livre la Guerre d’Algérie (2). Camus s’était déjà exprimé sur le sujet dans sa pièce les Justes, pièce écrite bien avant le début de la guerre d’Algérie.

Ce cinquantenaire de la fin des hostilités nous permet de nous remémorer les évènements douloureux que beaucoup d’entre nous ont vécu  et que d’autres plus jeunes en ont eu des échos par leurs parents. Les historiens travaillent et les témoins écrivent.

            Dans le Monde du 7 février 2012 (3) Delphine Renard, la petite fille blessée par une bombe qui visait André Malraux, en février 62, s’indignait sur les hommages rendus à ceux qui avaient soutenus l’action de l’attentat dont elle avait été victime.

            Dans une lettre ouverte à l’auteur de l’attentat contre le Milk-bar à Alger, Danielle Michel-Chich (4) raconte sa vie reconstruite après qu’elle ait été victime de l’attentat du 30 septembre 1956 où alors qu’elle avait cinq ans, elle perdit sa grand-mère et sa jambe. Il ne s’agissait pas pour Danielle Michel-Chich d’ouvrir un nouveau procès à Zohra Drif, la militante qui a posé la bombe et qui est devenue après l’Indépendance une femme politique reconnue. L’amnistie n’est pas l’amnésie et si au cours du colloque de Marseille, il y eut une rencontre entre Danielle M-C et Zohra D et cela est heureux, je suis déçu de la réponse de Zohra D qui eut une réaction défensive en déplaçant le débat sur un plan  général de l’histoire du colonialisme et de ses méfaits. Ce n’est pas la réponse que j’attendais et j’aurais préféré que Zohra D laisse le cadre général de l’histoire et qu’elle  éleve le débat à une échelle tout simplement humaine. Nous savons bien que l’attentat du Milk-Bar faisait suite à un autre horrible attentat rue de Thèbes dans la Casbah mais dans l’horreur les victimes des uns ne retranchent pas celles des autres, elles s’additionnent.

            L’attentat a transformé les vies de Zohra D et de Danielle M-C : pour Zohra, il s’agit d’un acte fondateur, car à partir de cette acte, elle est devenue une héroïne de la révolution puis une femme politique.. Pour Danielle, sa blessure a été pour elle une seconde naissance et sa nouvelle vie a été structurée sur ce traumatisme.

            La rencontre de ces deux dames n’a donc pas été au niveau de celle de la grande duchesse et de Kaliayev  dans les Justes de Camus, ou de  celle du pape Jean-Paul II et de son agresseur, un des actes les plus importants de ce pape.

            Un enfant n’est jamais coupable des faits de leurs aînés et ne peuvent être des victimes expiatoires.

 

                                                                                  Jean-Pierre Bénisti

 

  1. Albert Camus Actuelles III, Chroniques Algériennes 1939-1958 ; Gallimard, Paris 1958
  2. Jules Roy : La Guerre d’Algérie ; Julliard Paris, 1960
  3. Delphine Renard : Guerre d’Algérie l’histoire en révision. Le Monde 7 février 2012 http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article4855
  4. Danielle Michel-Chich : Lettre à Zohra D. Flammarion, Paris 2012-04-04

 

 

Voir aussi

 

1 ;Bruno Frappat  La petite Dany du Milk-Bar  La croix, 7 février , 2012

                                                                                                         

http://www.la-croix.com/Culture-Loisirs/Culture/Livres/La-petite-Dany-du-Milk-Bar-_NG_-2012-02-08-766546

 

2. Interview de Danielle Michel-Chich

http://www.dailymotion.com/video/xptcds_a-la-rencontre-de-danielle-michel-chich-auteur-de-lettre-a-zora-d_news

et articles de Lise Tiano dans le Nouvel obserateur

http://tempsreel.nouvelobs.com/les-50-ans-de-la-fin-de-la-guerre-d-algerie/20120330.OBS5126/guerre-d-algerie-je-n-ai-pas-de-colere-pas-de-ranc-ur-pas-d-envie-de-revanche.html

 

 

3. Interview de Zohra Drif

http://www.dailymotion.com/video/xptw9x_re-ponse-de-zohra-drif-a-danielle-michel-chich_news

Ghania Lassal: . Quand le départ se transforme en procès El Watan 3 avril 2012

 

 

 

 

 

PS : Dans un article de Ghania Lassal dans El Watan du 3 avril 2012 :sur le  Colloque Marianne-El Khabar (Acte II en 2013) Benjamin Stora prétend que l’appel de Camus pour une trêve civile a été ignoré.. Cet appel n’a pas du tout été ignoré. Les parties concernées (Gouvernement de Guy Mollet et FLN) ne l’ont pas accepté. Des membres du FLN comme Amar Ouzegane, Mohamed Lebjaoui et probablement Ferhat Abbas l’ont approuvé à titre individuel. Quant à Abane Ramdane, je ne sais pas où Benjamin Stora a trouvé des traces des relations de celui-ci avec Camus. J’attends qu’il cite ses sources.

                                                                                                          JPB

 

 

Voir  à ce sujet :

 

Amar OUZEGANE :Le meilleur combat. Editions du Seuil. 1962. réédition ANEP, 2006)

Mohamed LEBJAOUI : Vérités sur la révolution algérienne, Gallimard, 1970, réédition, ANEP, Alger 2005

Ferhat ABBAS : Autopsie d’une guerre Paris 1980

 

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2 avril 2012 1 02 /04 /avril /2012 18:42

 

VIII

 

 

            Chirac avait mené à bien son deuxième mandat. Il avait été élu au second tour par défaut avec un score à la soviétique et de ce fait, il devenait un président faible sans grande marge de manœuvre, laissant l’autorité au Premier ministre issu de la majorité parlementaire. Les élections présidentielles de 2002 avaient été un piège à cons, mais les cons qui avaient été pris au piège n’étaient pas ceux que l’on croyait. En dehors du Musée des arts premiers du Quai Branly, il est difficile de  voir actuellement les réalisations du Président Chirac. Il a tout de même su résister à l’Amérique et il s’opposa à cette absurde guerre d’Irak. Il avait aussi lors du premier septennat fait un excellent discours sur la responsabilité de l'Etat Français dans la déportation des juifs, il a renouvelé ce geste en allant au Chambon sur Lignon, ce village huguenot qui eut un comportement héroïque pendant la guerre et dont les électeurs favorables au Front national se comptaient sur les doigts d’une main lors des élections de 2002  Le président étant peu actif, le bouillant ministre de l’Intérieur qui’était un certain Nicolas Sarkosy pouvait s’en donner à cœur joie et préparer déjà sa candidature à la présidence. Chirac ne semblait avoir beaucoup d’affection pour ce  monsieur qui avait soutenu Balladur, mais vu l’état de son  parti, il était obligé de travailler avec lui. Le RPR , parti gaulliste et chiraquien avait fusionné avec la plus grande partie des centristes de l’UDF  Républicains indépendants d’Alain Madelin et  Démocrates sociaux de Méhaignerie et Jacques Barrot. L’UMP (Union pour une majorité présidentielle  devenue l’union pour un mouvement populaire) était née.Phillipe Séguin, un des leader important et respecté du RPR avait pris ses distances avec la politique et était devenu Président de la Cour des comptes. Juppé avait dû faire les frais des affaires anciennes de la Mairie de Paris et avait été déclaré temporairement inéligible. Cela privait Juppé de ses mandats électifs et cela privait aussi les citoyens français du talent d’un homme politique. L’indépendance du pouvoir judiciaire par rapport au pouvoir politique a ses limites. Villepin, homme compétent et cultivé,   n’était pas suffisamment rodé pour être présidentiable. Sarkozy était heureux comme un poisson dans l’eau et n’avait pas de concurrent. Il pouvait prétendre à la succession de Chirac.Chirac a tenté de modérer ses ambitions, mais n’a pas réussi avec Sarkozy,   ce que Mitterrand avait réussi avec Rocard. Sarkozy, brillant avocat savait gommer son échec en matière de politique de sécurité en faisant de grands discours sur une politique plus répressive que préventive. Il avait dû faire face à une rébellion dans les banlieues des grandes villes, mouvement de contestation très grave, qui  n’avait aucun support idéologique et qui s’est calmé de lui-même sans avoir été tout à fait éteint.

            Chirac avait essuyé un autre échec avec un non au référendum sur la Constitution européenne

           

            La gauche, vexée de ne pas avoir pu être présente aux présidentielles de 2002, souffrait de ne pas avoir un leadership, comme elle en avait à l’époque de Mitterrand. Elle s’était refaite une santé en réussissant à gagner la presque totalité des présidences de région et une grande partie des présidences des conseils généraux. Ségolène Royal avait réussi à  déboulonner le président de la région Poitou Charente qui était le Premier ministre Jean-pierre Raffarin. Elle fut surnommée la Zapatera, par analogie à Zapatero, vainqueur inattendu des élections espagnols qui avait battu le successeur de Jose Maria Aznar.  Zapatero signifie en espagnol savetier. Lorca a écrit une très belle pièce appelée Zapatera prodigiosa. Ce succès de Zapatero était dû à des déclarations trop rapides de Aznar après l’horrible attentat de la gare Atiocha de Madrid en mars 2004.

Ségolène se trouvait bien placée pour être candidate. Son compagnon d’alors François Hollande était occupé à gérer le parti socialiste et n’avait pas suffisamment de charisme. Jospin était hors-jeu et il ne restait donc que trois présidentiable au PS : Fabius, Dominique Strauss-kahn, et Ségolène. Il y eut une primaire interne au PS et Ségolène l’emporta.

 

            Les notables du PS et les spécialistes de l’économie eurent préféré DSK ou Fabius, mais la population générale était satisfaite de pouvoir avoir peut-être une présidente. Les vieux auraient rêvé d’avoir Ségolène comme fille, les enfants l’auraient eu volontiers comme maman et les hommes mûrs comme maîtresse ; Elle  correspondait donc à ce que les Français attendaient de l’image d’une présidente.

            Ségolène est une dame plaisante avec une certaine élégance, vestimentaire  acquise dans les écoles catholiques fréquentées par les jeunes-filles bourgeoises et bien élevées. Un de mes amis me dit à son propos : « Cette dame est redoutable ! Regarde-la bien ! Elle n’a pas une ride et n’a pas dû souvent sourire. » Il est vrai que les rides, comme le disait Simone Signoret, sont les cicatrices des sourires.

            Elle n’avait pas laissé de ses différents ministères, de souvenirs marquants. Elle avait à l’époque où elle était conseillère de Mitterrand écrit un livre sur les grand-mères. Les grands-parents ont vis-à-vis des petits-enfants un rôle non négligeable dans les transmissions des cultures orales et le drame des enfants dont les parents sont immigrés, c’est l’absence de grands-parents dans leur entourage immédiate.

            La gauche ne semblait pas disposée à gagner les élections présidentielles. Les responsables politiques locaux étaient heureux d’avoir les pouvoirs au niveau des régions ou des départements et laissaient volontiers le pouvoir national aux hommes politiques de droite.

            Ségolène commença sa campagne avec son équipe personnelle sans être aidée par les notables du Parti socialiste.  Elle ne s’en sortait pas si mal que ça.

            Sarkosy débuta sa campagne par un discours-programme assez intéressant où tous les électeurs pouvaient trouver leurs comptes, il essayait de synthétiser les valeurs de droite et les valeurs de gauche.Un ami italien m’envoya un courriel pour me dire qu’il s’étonnait des réticences des intellectuels français pour le cher Nicolas et  me dit qu'il avait apprécié son discours où Camus était cité.

            Sarko accordait beaucoup d’interviews. Il avait quelques intellectuels qui le soutenaient : André Glucsman ou l’avocat Arno Klarsfeld. Il accorda un entretien au philosophe Michel Onfray (1) dans lequel il disait qu’il pensait que la pédophilie avait une origine génétique. Il n’était vraiment pas compétent pour avoir une idée sur les comportements humains et semblait plus proche d’Alexis Carrel que de François Jacob ou Axel Khan, biologistes qui nous ont très bien expliqué la genèse des comportements humains.

            En dehors de ce discours programme,   il y avait des discours accéssoirs où Sarko et ses conseillers essayaient de pêcher dans les eaux troubles de l’extrême droite.Ségolène avait tendance à répondre à Sarkozy en le contredisant ou en reprenant ses idées, mais avait un programme plutôt léger. Encadrement militaire des jeunes délinquants…L’hymne de la campagne n’était pas l’Internationale ni la Marseillaise, mais Bella Ciaio, cette très belle chanson italienne  des travailleuses des rizières de Lombardie, devenues le chant des Partisans communistes italiens (Partigianni) Elle comprit qu’une élection présidentielle française ne devait pas se faire au son d’un chant italien. Aussi, il y eut dans les meetings des distributions de petits drapeaux bleus, blancs, rouges.

            Je remarquais que pour la première fois, j’irais voter pour un candidat plus jeune que moi. On me dit que ces élections étaient différentes des autres car pour la première nous aurons comme président ou une femme, ou un homme dont les parents étaient issus de l’immigration

            Entre Sarko et Ségolène, il y avait d’autres candidats : l’éternelle Arlette répétait depuis 1974 le même discours sur le même ton. En l’écoutant, j’avais l’impression de ne pas avoir vieilli. Besancenot, le petit facteur, paraissait plus convaincant qu’Arlette. Marie-Georges Buffet essayait de rassembler ses troupes en déroute Les écologistes Dominique Voynet et José Bové manquaient de souffle. Le Pen racontait aussi les mêmes histoires d’insécurité et d’immigration. Enfin, Bayrou, le centriste, avait des idées intéressantes. Il aurait été un président acceptable et sa présence au second tour aurait pu être fatal pour la droite. Mais, je n’ai jamais cru au centre dans une élection au scrutin majoritaire. Dans un tel système : ou bien le centriste choisit entre la droite ou la gauche, ou bien assis entre deux chaises, il finit par se retrouver le cul par terre.

            Au premier tour, Ségolène répara l’humiliation que nous avions subie lors du premier tour de 2002 et elle  obtint un score tout à fait honorable, mais sans réserve de voix. Il était difficile pour Bayrou qui rassemblait dans ses troupes les électeurs de droite  qui n’aimaient pas Sarko et les électeurs de gauche qui n’aimaient pas Ségo, de se désister en faveur de Ségolène.

            J’ai été au meeting de Ségolène à Lyon, entre les deux tours. Nous savions que les jeux étaient faits et nous essayons de garder le sourire. Le débat de l’entre deux tours ne fut pas très intéressant et n’apporta rien de nouveau. Au soir du second tour, nous anticipions notre déprime. C’était un dimanche très triste. À la radio Miguel Benasayag, psychanalyste argentin dit : « Borges disait que le tango était une pensée triste qui se danse. Le Sarko, c’est triste, mais ça ne se danse pas. » 

            Le second tour nous donna les résultats que l’on sait. Ségolène tout en étant pas élue, avait totalisé un nombre de voix supérieures aux autres candidats de gauche : Mitterrand ou Jospin. Sarkozy avait siphonné un certain nombre de voix lepénistes.

            Plus tard, on s’aperçut que l’énergie des deux candidats avait été provoquée par leurs ennuis familiaux : Sarko se séparait de Cécilia et Ségolène se séparait de Hollande, que l’on imaginait mal  dans la fonction de prince consort.

            Nous n’avions plus qu’à nous farcir cinq ans de Sarkozy et éviter d’attraper une sarkosite, ce syndrome dépressif qui sévissait pendant le quinquennat de Sarko Ier.

 

                                                                                    Jean-Pierre Bénisti

 

 

Notes :

1.http://www.philomag.com/article,dialogue,nicolas-sarkozy-et-michel-onfray-confidences-entre-ennemis,288.php

 

 

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1 avril 2012 7 01 /04 /avril /2012 17:34

VI

 

            Devant le désintérêt de la campagne présidentielle actiuelle, nous avons tendance à regarder dans le rétroviseur. J’avais oublié qu’en 1974, un ami profeseur n’avait pas osé donner comme sujet de dissertation philosophique : Commenter cette phrase de Jean-Paul Sartre : « Elections, pièges à cons. ». Et pourtant Sartre à l’époque était un philosophe pour classe terminale.

            J’avais aussi oublié qu’en 1981, il y eut une candidate qui avait un programme très intéressant mais qui ne pouvait gagner, faute d’une clientèle suffisante : c’était Marie-France Garraud, dont  René-Jean Clot, un ami de mes parents, peintre et écrivain, disait qu ‘elle avait le visage d’une femme  figurant sur les fresques des villas de Pompéi. J’avais aussi oublié Brice Lalonde ou Antoine Vaechter, ces écologistes qui n’arrivaient pas à la cheville de René Dumont.

           

            Fin 1994, il y avait en France une atmosphère de fin de règne. Mitterrand était sur le point de  devenir le seul président de la république à avoir accompli deux septennats complets. Une fatalité historique semblait atteindre les seconds septennats et Mitterrand avait refusé cette fatalité.

            Ce septennat avait été riche en évènements tant historiques que personnels. Rocard avait été un bon Premier ministre, mais Mitterrand s’était évertué à l’user. Edith Cresson ne faisait pas le poids par rapport à Rocard et ne put rester longtemps à son poste.Bérégovoy qui lui succéda n'arriva pas à gérer son ministère, préparer les élections législatives et répondre aux ignobles attaques des bousiers (ou  journalistes fouille-merdes). Des élections législatives  donnaient à la droite une chambre introuvable, nous entrions dans une deuxième cohabitation. Pour la gauche ce n’était pas une défaite mais une déroute et  Bérégovoy en tira tragiquement les conséquences en se suicidant un 1er mai sur les bords d’un Canal à Nevers.

            D’autres évènements mondiaux avaient eu lieu : en 1989, l’année du bicentenaire de la Révolution, il y eut une révolution à l’échelle mondiale. La Hongrie, la Pologne et la Tchécoslovaquie se lbérèrent à la fois du communisme et de l’influence soviétique et le mur de Berlin s’effondra. Il semblait que Gorbatchev avait soulevé trop tôt le couvercle d’une cocotte-minute et qu’il avait reçu la vapeur bouillante en pleine gueule.L’Union soviétique disparut et la Yougoslavie  devait sombrer dans une guerre à caractère tribal. En Afrique du Sud Mandela et De Klerk mettaient fin à l’apartheid et à Oslo, Palestiniens et Israéliens essayaient de négocier une paix. En Algérie, l’armée interrompit un processus électoral trop favorable au FIS et le pays rentrait dans ce que l’on appelle aujourd’hui la décennie noire.

Du point de vue personnel, ma maman, souffrant d’une maladie de Parkinson nous avait quitté en octobre 1990 et mon père vivait tranquillement son grand âge, malgré un cancer de la prostate et une affection rétinienne évolutive qui lui empêchait d’avoir une vision centrale. Je continuais ma vie professionnelle à Lyon. J'avais retrouvé une amie d'enfance et j'avais noué avec elle une relation qui ne devait durer que quelques années.

         Mitterrand, souffrant d’un cancer dont on ignorait qu’il évoluait depuis le début de son premier septennat, laissait les journaux révéler son passé vichyste et ses relations avec René Bousquet. Il ne donna pas d’explications suffisantes à cette période sombre de sa vie. Un autre jour, Paris-Match révéla l’existence d’une fille conçue avec une compagne illégitime et il y avait de quoi s’interroger : il est difficile pour un homme publique d’avoir une vie publique et une vie privée. Mitterrand avait une vie publique et deux vies privées.

        Les Français attendaient tous la candidature de Jacques Delors, homme de gauche apprécié par la droite et qui avait la réputation d’être un économiste compétent. Celui-ci annonça un dimanche soir dans l’émission de télévision d’Anne Sinclair, qu’il renonçait à se présenter. Ce fut une grande déception. Il est vrai que ces chances de réussir étaient dues à la désunion de la droite où se disputaient deux anciens Premiers ministres : Chirac et Balladur. Le Pen avait gardé une grande capacité de nuisance,. Le parti socialiste décida de présenter Jospin. Jospin était un homme politique sérieux, mais renvoyait  dans l’inconscient collectif des Français plus une image de fils qu’une image de père. Il est vrai que si De Gaulle renvoyait une image de père, Mitterrand n’était pas tout à fait le père ,mais l’oncle : nous étions tous ses neveux et  nous l’appelions Tonton.

       Je dois dire que si j’étais résolu à voter Jospin, j’avais plus de sympathie pour Chirac que pour Balladur. Chirac après sa longue carrière politique avait su se faire apprécier des Français. Il est vrai qu’il était comme tout homme politique très arriviste, mais il n’avait pas la  froideur de Balladur. Il est assez remarquable de voir que Chirac a façonné sa personnalité en s’opposant à Mitterrand et y étant imprégné. Il en était de même pour Mitterrand vis-à-vis de  De Gaulle. Chirac aborda dans sa campagne des projets de société qui séduisaient des sociologues de gauche comme Emmanuel Todd. Balladur en se présentant commettait une malhonnêteté intellectuelle, car il avait été nommé premier ministre pour rendre Chirac disponible. Il est vrai que Balladur était peut-être un meilleur économiste que Chirac.

 

      Je ne pus suivre cette campagne électorale. Mon père tomba malade et je passais mon temps libre auprès de lui. En avril, mon père manifesta le désir de passer quelques jours à Evian. Je l’accompagnais et au cours de son séjour, il dut se faire hospitaliser et affaibli et ne voulant absulument pas perdre son autonomie et rentrer dans une maison de vieux, il se laissa mourir.

      Pour voter au premier tour, je fis un aller-retour Evian-Aix. Le soir, je fus étonné de voir que Jospin était arrivé en tête et j’étais satisfait de l’élimination de Balladur. Quelques jours, après, mon père choisit le premier mai pour passer l’autre rive. À l’hôpital Camille Blanc d’Evian, hôpital où en 1971, j’avais été interne. Les obsèques eurent lieu à Aix quelques jours après.

      Entre les deux tours, j’avais vu le traditionnel débat entre les finalistes. Je dois dire que les candidats essayèrent de ne pas êtres agressifs et le débat était franchement  ennuyeux.

      Le jour du second tour, j’allais après avoir voté à Cassis  et dans un bistrot, on entendait un disque de circonstance :

Si j'étais Président de la République


J'écrirais mes discours en vers et en musique


Et les jours de conseil, on irait en pique-nique


On f'rait des trucs marrants

Si j'étais Président


Je recevrais la nuit le corps diplomatique


Dans une super disco à l'ambiance atomique


On se ferait la guerre à grands coups de rythmique


Rien ne serait comme avant,

Si j'étais président

Au bord des fontaines coulerait de l'orangeade


Coluche notre ministre de la rigolade

Imposeraient des manèges sur toutes les esplanades


On s'éclaterait vraiment, si j'étais président ! (1)

C’était un vaste programme.

        Le soir, je n’étais pas étonné d’apprendre l’élection de Chirac. Une page se tournait et Mitterrand après avoir quitter le pouvoir ne survit pas longtemps. Dans un film récent, Michel Bouquet incarne à merveille le président agonisant. (2)

 

 

VII

 

 

            En 2002, Chirac finissait son premier septennat. Chirac avait fait preuve de son incompétence en provoquant en 1997 des élections législatives anticipées après dissolution de l’assemblée. Les électeurs avaient renvoyé une chambre de  gauche  et nous en avions pour cinq ans de cohabitation. Chirac avait commis une grave erreur : l’arme de la dissolution ne doit pas être utilisée par le Président pour convenance personnelle. Après une telle erreur, un autre président aurait démissionné. Nous devions avoir une cohabitation de cinq ans et cette cohabitation Chirac Jospin était différente des deux cohabitations de Mitterrand qui ne duraient que le temps d’une campagne électorale.

            La longueur de la cohabitation devait conduire à une connivence entre le Président et le Premier ministre  et favorisait la montée de partis extrémistes comme le Front national.

            Jospin, qui fut un bon Premier ministre avec un bilan positif, commit de très graves erreurs : il fit un référendum pour réduire le mandat présidentiel à cinq ans. Le chiffre sept est un nombre sacré : il y a sept jours dans la semaine et il y a sept péchés capitaux et pour des raisons irrationnelles, il importait de ne pas toucher au septennat. Pour éviter la cohabitation, il faut que les législatives suivent les présidentielles et il se pourrait qu’un jour il y ait de nouveau cohabitation si les élections présidentielles n’influencent pas les législatives. De plus, les électeurs se trouvent frustrés d’une campagne électorale pour des législatives, l’assemblée se trouve par la suite réduite en chambre d’enregistrement. La deuxième erreur de Jospin fut d’inverser le calendrier des élections. Les élections législatives  devaient précéder les présidentielles. Jospin ne put donc présenter le bilan de son action de premier ministre.

 

            La France avait été secouée par les attentats du 11 septembre à New York et venait d’adopter l’Euro. Ce n’est qu’en février 2002 que les candidats se déclarèrent. Jospin ne semblait prêt à devenir président : sa campagne était sans dynamisme et se laissait aller à des lapsus ou à dire des choses à des journalistes sans se douter que les conversations étaient enregistrées et c’est ainsi qu’il parla de la sénilité de Chirac. De plus Chevènement, sortant d’un grave accident de santé, se présenta aux présidentielles et séduit  un grand nombre d’électeurs de gauche mécontents de Jospin. De plus, une autre candidate de gauche surgit : Christiane Taubira. Le PS pensa à tort qu’elle pouvait ramener à Jospin un grand nombre de voies des DOM-TOM pour le second tour.

 

            Courant avril, je finis par réunir les documents pour avoir un visa pour l’Algérie. Je partis faire un séjour de huit jours dans mon pays natal. Je n’avais pu y aller pendant la décennie noire et j’ai tenu à y retourner dès que la situation se stabilisait. J’ai été très bien reçu par mes amis, je suis retourné à Tipasa après dix-huit ans d’absence et j’ai revu la stèle (3). Les Algériens sortaient d’un long cauchemar et avaient repris leurs joies de vivre. Ce n’est plus le cas aujourd’hui où  beaucoup d’Algériens ne rêvent que de quitter leurs pays et où l’on croise de nombreux visages tristes. Je rentrais en France peu de jours avant le premier tour : Le Pen faisait des déclarations qui indiquaient qu’il comptait bien être au second tour. Après lecture des journaux, je pris cette nouvelle au sérieux, mais en réfléchissant, je me dis que si aussi bien la gauche que la droite risquaient de voir leurs voix dispersés en raison du grand nombre de candidats, Le Pen n’arriverait pas à avoir suffisament de voix pour le second tour en raison de la présence de la candidature de Mégret. La veille des élections, une amie me dit : « Crois-tu qu’il y ait danger de voir Le Pen au second tour et qu’il soit plus prudent de voter Jospin. » Je lui répondis : « Le Pen étant amputé par les mégrétistes, il me semble qu’il n’arrivera pas au second tour. Vote pour celle ou celui que tu veux ! » Le dimanche soir du 21 avril, après avoir voté à Aix, je pris mon train  pour Lyon et vers vingt heurs, j’entendis un voyageur qui répondait au téléphone : « Merde ! c’est pas vrai !Le Pen est au second tour ! » J’entrais en conversation avec ce voyageur et nous étions tous les deux catastrophés. Arrivé chez moi, je regardais la télévision et j’avais l’impression de vivre un nouveau cauchemar. Nous en avions eu un autre le 11 septembre. J’étais décidé à voter Chirac au second tour et sans aucun état d’âme. C’est le principe des élections démocratiques ; on choisit au premier tour, on élimine au second tour.

            Jospin fit encore une autre connerie. Il annonça en direct son retrait de la vie politique, comme si un candidat était un homme seul et qu’il pouvait prendre une décision sans en informer son équipe de campagne. Il n’était donc pas disposé à accomplir une charge aussi lourde que celle de la présidence de la république.

 

            Entre les deux tours, je me rendais le 1er mai à la manifestation de la Place Belcourt, à Lyon. Le cortège devait  traverser le Rhône, passait devant la Préfecture, retraversait le Rhône et retournait place Belcourt. J’attendais sur la place pour prendre place au cortège après le départ des délégations officielles. J’ai attendu deux heures et je vis arriver la tête du cortège. Le serpent s’était mordu la queue.

 

            Le 5 mai, Chirac gagna le second tour en ayant une élection digne d’un homme politique soviétique.

 

 

                                                                                              Jean-Pierre Bénisti

 

 

1.      Chanson de Gérard Lenorman

 

2.      Le promeneur du Champs de Mars. Film de Robert Guediguian (2005)

 

3.      http://www.aurelia-myrtho.com/article-il-y-a-cinquante-ans-suite-72698188.html

 

 

 

 

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